Quantcast
Channel: Le Blogue du Prof Solitaire
Viewing all articles
Browse latest Browse all 5478

Oswald était-il à l'emploi de la CIA?

$
0
0
Dans ce récent billet, je parlais du film Parkland et j'exprimais ma déception de voir comment Marguerite Oswald, la mère de Lee, avait été dépeinte comme une espèce de folle délirante qui échafaudait des théories de complot abracadabrantes dès l'arrestation de son fils et qui tentait de profiter de la situation pour s'enrichir.

Dans ce billet, j'aimerais m'attarder à la théorie, supportée par Mme Oswald, selon laquelle Lee était un agent du gouvernement. Cette thèse n'a pas été prouvée hors de tout doute, mais plus on regarde de près l'histoire de Lee Oswald, plus on s'aperçoit que la théorie est, à tout le moins, parfaitement plausible.

Lee Harvey Oswald, comme on le sait, a d'abord fait carrière dans les forces armées américaines. Lorsqu'on regarde certains détails de son parcours, on est en droit de se questionner sur l'entraînement qu'il a reçu et le rôle exact qu'on lui a confié. Il est tout d'abord intéressant de noter qu'Oswald était souvent la proie des quolibets de ses camarades à cause de son manque d'habileté sur le champ de tir. Contrairement à ce qu'on a voulu nous faire croire, Oswald n'était absolument pas un bon tireur. Une fois son entraînement achevé, Oswald fut posté à la base militaire d'Atsugi, au Japon. C'est de là que décollaient les fameux avions-espions U-2 qui survolaient l'Union soviétique et la Chine. À cet endroit se trouvaient également quelques édifices qui, sous un nom fictif, servaient de base d'opérations asiatiques à la CIA. Oswald aurait-il reçu un entraînement d'espion à cet endroit?

C'est tout à fait possible. À l'époque, Oswald a raconté à des camarades qu'il avait été approché par "un homme habillé en civil" qui lui aurait offert de participer à une opération de contre-espionnage. Oswald devait communiquer de fausses informations à propos de l'avion U-2 à un espionne présumée du KGB qu'il devait rencontrer dans un bar très exclusif de Tokyo, un endroit qu'il n'aurait jamais pu fréquenter avec son salaire de simple soldat. Un camarade d'Oswald, le sergent Gerry Patrick Hemming, qui avait lui-même été recruté par la CIA pendant son séjour à Atsugi, affirma qu'Oswald était également employé par l'agence de renseignement. Un ancien officier de la CIA, James Wilcott, a également affirmé être convaincu qu'Oswald avait été un agent de la CIA.

Un indice intéressant à propos de ses activités d'espionnage peut être trouvé dans le dossier militaire d'Oswald. En effet, son dossier médical affirme qu'en 1958, il a été traité pour une gonorrhée. Habituellement, ce genre d'infection entraîne des mesures disciplinaires à tout soldat, mais il n'en fut rien pour Oswald. Au contraire, son dossier indique spécifiquement que la maladie a été contractée "in the line of duty, not due to his own misconduct." Comment une telle chose serait-elle possible si Oswald n'avait pas été mêlé à des opérations de contre-espionnage?

Il est maintenant clair que l'armée, les agences de renseignements et la commission Warren ont sciemment tenté de camouflé certains aspects de la carrière militaire d'Oswald. Par exemple, dans un échange entre différents membres de la commission et tenu secret pendant des années, on rapporte qu'Oswald aurait étudié à la Monterey School, une école gouvernementale spécialisée dans les cours de langues intensifs. Ce détail a été omis du rapport officiel de la commission et on a plutôt tenté de nous faire croire qu'Oswald avait appris le russe par lui-même, en lisant des romans et en écoutant des bandes audio. Pour un type qui n'a pas fini son high school, c'est un véritable tour de force!

La défection d'Oswald pour l'Union soviétique est également remplie de détails qui semblent plutôt pointer vers une opération de contre-espionnage approuvée par l'armée et les agences de renseignement. Par exemple, lorsque sa défection fut rendue publique, aucun des codes radio confidentiels qui étaient en usage à la base militaire où il travaillait ne furent modifiés, ce qui est pour le moins étonnant. Deux civils furent envoyés sur la base pour faire une petite pseudo-enquête durant laquelle aucun témoignage ne fut enregistré. Un Marine devenu juge raconte que toute l'opération semblait n'être faite que pour sauvegarder les apparences. Or, si les autorités savaient qu'Oswald était en mission pour la CIA, alors cela s'explique facilement.

D'autres détails concernant la défection d'Oswald sont pour le moins étonnants, sauf si on les considère dans le cadre d'une opération approuvée par les autorités. Lorsque Oswald a fait la demande de quitter l'armée, celle-ci a été acceptée dans un temps record et pour des raisons bidons. Lorsque Oswald a fait la demande d'un passeport, il l'a reçu seulement 6 jours plus tard, juste à temps pour son départ officiel des Marines. Ses transits en Europe sont également couverts de mystères. Les déplacements officiellement reconnus par la commission Warren ne concordent pas avec les étampes dans son passeport. De plus, bien qu'il n'avait pas un rond, il aurait séjourné dans des hôtels luxueux. Un transit à Stockholm a également été mystérieusement ignoré par la commission Warren. Une fois en URSS, dans ses démarches auprès du consulat américain, Oswald semblait savoir exactement comment s'y prendre pour renier sa citoyenneté américaine sans toutefois que celle-ci lui soit officiellement retirée. De plus, il fut révélé plus tard que l'employé du consulat qui s'était occupé d'Oswald, Richard E. Snyder, avait des liens avec la CIA.

Le retour d'Oswald aux USA, en 1962, est tout aussi troublant. Bien qu'il s'agissait ici d'un ex-Marine qui se prétendait pro-communiste et qui avait été en position de donner des informations sensibles aux autorités soviétiques, ce qui constitue un geste de haute trahison, il fut réadmis aux États-Unis rapidement et sans heurts. Une fois de plus, les transits dont parle la commission Warren ne correspondent pas aux étampes des passeports de Lee et de sa nouvelle épouse, Marina. À Amsterdam, le couple est hébergé dans un appartement privé pendant trois jours. Leurs hôtes parlent anglais. Il s'agirait d'un endroit qui avait été choisi par les gens de l'ambassade américaine. Impossible de savoir à quoi aura servi ce séjour. Une fois rentrés en sol américain, les Oswald passent les douanes sans être inquiétés. L'homme qui les accueille et qui leur vient en aide aux USA est Spas T. Raikin, un type qui a des liens avec le FBI, les agences de renseignement et les groupes anticommunistes de la Nouvelle-Orléans. À leur arrivée à New York, ils avaient sept valises. Lorsqu'ils quittent la ville par avion, ils en ont cinq. À leur débarquement au Texas, ils n'en ont plus que deux.

Toute cette saga est donc truffée de détails incongrus qui pointent vers autre chose qu'un simple type qui aurait trahi les intérêts de son pays en pleine guerre froide et qui serait temporairement passé à l'Est à cause de ses convictions communistes!

On peut toutefois se demander si ce genre d'opération de contre-espionnage en sol soviétique était véritablement une tactique utilisée par les USA. Après tout, Oswald n'aurait certainement pas été le seul. Or, au moins un autre cas bien documenté semble indiquer qu'un tel programme avait bien été mis en place. Robert E. Webster, par exemple, a connu un sort étrangement similaire à celui d'Oswald. Ancien membre de la Navy, il travaillait pour une compagnie qui servait de "front"à la CIA. Il quitte les États-Unis pour l'URSS seulement deux semaines avant Oswald. Sur place, il épouse une Russe et ont un enfant ensemble. Puis, supposément "désenchanté" par la vie en URSS, il rentre au pays avec sa nouvelle femme à peu près en même temps qu'Oswald. Bien que Webster ait toujours nié connaître Lee Harvey Oswald, rien n'est moins sûr. En effet, peu avant son propre départ d'URSS, Lee aurait demandé aux employés de l'ambassade américaine ce qui était advenu de Webster. De plus, l'adresse où habitait Webster à Leningrad fut découverte dans le carnet d'adresse de Marina Oswald.

Un ancien officier de la CIA, Victor Marchetti, avoua qu'un programme avait été mis sur pied en 1959 afin d'obtenir des renseignements sur l'URSS. Environ trois douzaines de jeunes hommes furent recrutés dans les rangs militaires et on leur créa un profil de petit travailleur pauvre et déçu du capitalisme. Ils furent envoyés en URSS et en Europe de l'Est dans l'espoir qu'ils seraient recrutés par le KGB. Ils auraient alors été dans la position enviable d'être agents doubles et de pouvoir communiquer aux USA des informations confidentielles et à l'URSS de fausses infos. Oswald et Webster ont-il été choisis pour participer à ce programme?

Au début des années 60, des employés du State Department étaient impliqués dans une étude de plusieurs "defectors" dont l'un des objectifs était de déterminer lesquels étaient des cas véritables et lesquels étaient de possibles agents des services de renseignements. Sur cette liste figurait, entre autres, Lee Harvey Oswald. En juin 1963, quelques mois seulement avant l'assassinat, les chercheurs, dont le responsable, Otto Otepka, furent subitement mis à la porte de leurs bureaux et on leur bloqua l'accès à leur propre matériel de recherche. Ceci semble indiquer non seulement que certaines autorités gouvernementales ne souhaitaient pas que la lumière soit faite sur le cas d'Oswald, mais peut-être même qu'on savait qu'un complot se tramait en hauts lieux.

En voyant tout ça, on se rend bien compte que Marguerite Oswald avait raison de soupçonner des liens entre son fils et les services de renseignement. Elle n'avait rien d'une vieille folle, après tout...



Viewing all articles
Browse latest Browse all 5478

Trending Articles



<script src="https://jsc.adskeeper.com/r/s/rssing.com.1596347.js" async> </script>