Suite à cette plainte, les "trois gars" avons été convoqués dans le bureau de la directrice.
Ça a duré deux heures. Et je vous avoue que cela a été en grande partie de ma faute parce que j'ai complètement refusé d'avaler ce qu'on me disait sans protester. Et j'ai protesté avec véhémence. Ce qui a probablement été une perte de temps, mais j'ai au moins la satisfaction de ne pas avoir fermé ma gueule pour une fois.
Et je dois vous avouer que la conversation a été par moments complètement surréaliste.
J'ai expliqué à la directrice que ce qui nous heurtait, ce n'était pas les reproches eux-mêmes qui étaient relativement bénins et insignifiants, mais plutôt le fait que nos collègues avaient préféré se plaindre à elle plutôt que de venir nous voir directement.
Comment aimerais-tu, lui ai-je demandé, que plutôt que de venir te voir en personne à propos d'un désaccord, nous appelions plutôt ta supérieure à la commission scolaire pour nous plaindre de toi anonymement? Comment te sentirais-tu si nous agissions de la sorte?
Elle a commencé par me répondre que nous travaillons dans "un milieu de femmes", que nous devions apprendre à "accepter les sursauts d'hormones" et à "lire le non-verbal dans les visages".
Disons que cette réponse ne m'a pas satisfaite. Sincèrement, j'étais franchement renversé de l'entendre et ce, pour plusieurs raisons.
Premièrement, c'est plutôt étonnant de voir de tels stéréotypes sortir de la bouche d'une femme. Je ne suis pas une femme, mais on m'a appris que ce genre d'arguments étaient misogynes et étaient jadis utilisés par les hommes pour discréditer les femmes. Je veux bien, mais lorsque c'est une femme qui le dit, que dois-je en penser? Y aurait-il un fond de vérité là-dedans après tout?
Deuxièmement, j'étais choqué de voir que la directrice excusait le comportement inacceptable de nos collègues en faisant référence à des concepts aussi ésotériques. Moi, lorsque j'agis mal, personne ne cherche des raisons pour me disculper. On s'attend à ce que j'assume l'entière responsabilité de ce que j'ai fait et que je corrige la situation promptement. Et cela me semble tout à fait légitime, en passant. Les femmes, elles, seraient-elles dispensées de cette obligation élémentaire? Est-il impossible de demander à une femme d'admettre une faute? Plus j'y repense et plus je me dis que cela semble effectivement être le cas.
Et troisièmement, et c'est sans doute l'aspect le plus odieux dans cette histoire, la directrice affirmait cela tout en plaçant sur nos épaules à nous, les hommes, la responsabilité de rétablir la paix en nous soumettant à leurs demandes. Comme s'il n'était pas réaliste de demander à nos collègues féminines de se comporter comme des adultes professionnelles responsables et respectueuses! Comme s'il était impensable de les rabrouer, elles, et de s'attendre à ce qu'elles fassent preuve de plus de tolérance ou de compromis. Comme si nous devions donc être ceux qui capitulent inconditionnellement, ceux qui plient l'échine pour mettre fin à la crise! Comme si, face à un comportement aussi abject, hypocrite, mesquin et détestable, il fallait que NOUS soyons raisonnables et que NOUS encaissions sans broncher.
Comme si celles qui ont mal agi deviennent les victimes de "leurs hormones" pendant que ceux qui sont les réelles victimes de ces plaintes anonymes et couardes deviennent ultimement les responsables du problème parce qu'ils n'ont pas su lire les "signes non-verbaux" et que, après tout, nous travaillons dans un "milieu de femmes" qui leur appartient à elles.
Hallucinant.
Un peu plus tard dans la conversation, la directrice m'a regardé et m'a dit que si mes collègues ne viennent pas me voir directement, c'est parce que j'utilise "des grands mots" qu'elles "ne comprennent pas".
Je n'ai pas pu m'empêcher de rire. J'ai regardé Marcus et je lui ai dit: "Je pense que ceci est le reproche le plus flatteur qu'on m'a fait de toute ma vie."
Et ceci n'est qu'une infime fraction de la conversation.
Surréaliste, que j'vous dis.
Ça a duré deux heures. Et je vous avoue que cela a été en grande partie de ma faute parce que j'ai complètement refusé d'avaler ce qu'on me disait sans protester. Et j'ai protesté avec véhémence. Ce qui a probablement été une perte de temps, mais j'ai au moins la satisfaction de ne pas avoir fermé ma gueule pour une fois.
Et je dois vous avouer que la conversation a été par moments complètement surréaliste.
J'ai expliqué à la directrice que ce qui nous heurtait, ce n'était pas les reproches eux-mêmes qui étaient relativement bénins et insignifiants, mais plutôt le fait que nos collègues avaient préféré se plaindre à elle plutôt que de venir nous voir directement.
Comment aimerais-tu, lui ai-je demandé, que plutôt que de venir te voir en personne à propos d'un désaccord, nous appelions plutôt ta supérieure à la commission scolaire pour nous plaindre de toi anonymement? Comment te sentirais-tu si nous agissions de la sorte?
Elle a commencé par me répondre que nous travaillons dans "un milieu de femmes", que nous devions apprendre à "accepter les sursauts d'hormones" et à "lire le non-verbal dans les visages".
Disons que cette réponse ne m'a pas satisfaite. Sincèrement, j'étais franchement renversé de l'entendre et ce, pour plusieurs raisons.
Premièrement, c'est plutôt étonnant de voir de tels stéréotypes sortir de la bouche d'une femme. Je ne suis pas une femme, mais on m'a appris que ce genre d'arguments étaient misogynes et étaient jadis utilisés par les hommes pour discréditer les femmes. Je veux bien, mais lorsque c'est une femme qui le dit, que dois-je en penser? Y aurait-il un fond de vérité là-dedans après tout?
Deuxièmement, j'étais choqué de voir que la directrice excusait le comportement inacceptable de nos collègues en faisant référence à des concepts aussi ésotériques. Moi, lorsque j'agis mal, personne ne cherche des raisons pour me disculper. On s'attend à ce que j'assume l'entière responsabilité de ce que j'ai fait et que je corrige la situation promptement. Et cela me semble tout à fait légitime, en passant. Les femmes, elles, seraient-elles dispensées de cette obligation élémentaire? Est-il impossible de demander à une femme d'admettre une faute? Plus j'y repense et plus je me dis que cela semble effectivement être le cas.
Et troisièmement, et c'est sans doute l'aspect le plus odieux dans cette histoire, la directrice affirmait cela tout en plaçant sur nos épaules à nous, les hommes, la responsabilité de rétablir la paix en nous soumettant à leurs demandes. Comme s'il n'était pas réaliste de demander à nos collègues féminines de se comporter comme des adultes professionnelles responsables et respectueuses! Comme s'il était impensable de les rabrouer, elles, et de s'attendre à ce qu'elles fassent preuve de plus de tolérance ou de compromis. Comme si nous devions donc être ceux qui capitulent inconditionnellement, ceux qui plient l'échine pour mettre fin à la crise! Comme si, face à un comportement aussi abject, hypocrite, mesquin et détestable, il fallait que NOUS soyons raisonnables et que NOUS encaissions sans broncher.
Comme si celles qui ont mal agi deviennent les victimes de "leurs hormones" pendant que ceux qui sont les réelles victimes de ces plaintes anonymes et couardes deviennent ultimement les responsables du problème parce qu'ils n'ont pas su lire les "signes non-verbaux" et que, après tout, nous travaillons dans un "milieu de femmes" qui leur appartient à elles.
Hallucinant.
Un peu plus tard dans la conversation, la directrice m'a regardé et m'a dit que si mes collègues ne viennent pas me voir directement, c'est parce que j'utilise "des grands mots" qu'elles "ne comprennent pas".
Je n'ai pas pu m'empêcher de rire. J'ai regardé Marcus et je lui ai dit: "Je pense que ceci est le reproche le plus flatteur qu'on m'a fait de toute ma vie."
Et ceci n'est qu'une infime fraction de la conversation.
Surréaliste, que j'vous dis.