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Bock-Côté et le féminisme

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J'écris à propos du féminisme sur ce blogue depuis plusieurs années. Au début, cela m'a coûté de nombreux lecteurs... en fait, principalement de nombreuses lectrices. Au Québec, ce n'est pas payant de parler de ce sujet-là. La plupart de ceux qui l'osent s'y brûlent.

Si je n'avais pas écrit sous le couvert de l'anonymat, jamais je n'aurais osé le faire. Le prix à payer aurait été terrible, surtout pour un type comme moi qui travaille dans un milieu majoritairement féminin.

C'était vrai lorsque j'ai initialement choisi de transgresser ce tabou et c'est encore essentiellement vrai aujourd'hui.

Mais quel bonheur d'entendre des voix courageuses qui osent s'élever enfin publiquement pour dénoncer cette puissante et dévastatrice idéologie. Il y a de quoi me redonner espoir pour la suite des choses.

Extraits de cette éloquente chronique de Bock-Côté:

J’aimerais parler à Nathalie Petrowski de la rectitude politique, qui est une forme de dispositif inhibiteur au cœur des médias et de l’espace public et qui pousse à l’autocensure ceux qui se savent en désaccord avec l’idéologie dominante. Nous sommes dans une époque où un certain féminisme est à ce point hégémonique médiatiquement (et plus encore dans le milieu académique) que personne n’ose s’y opposer de peur de subir une forme de diabolisation immédiate et de disqualification morale. Qui s’y oppose se fera immédiatement coller la réputation d’ennemi des femmes, de sexiste, de mononcle ringard, de vieux débris des temps patriarcaux. Il se fera traiter de mononcle un peu débile. Il subira, presque assurément, une tempête sur les médias sociaux, ce qui n’est peut-être pas la fin du monde, mais ce qui n’est certainement pas agréable. Et à la fin, pour se faire pardonner, il devra probablement se mettre à genoux et s’excuser, comme l’a fait Louis-Jean Cormier.

On traite la critique du féminisme comme une forme de scandale. Celui qui ne se dit pas féministe, ou qui ne l’est pas de la bonne manière, commet une forme d’indécence. Il heurte non seulement l’opinion ultradominante dans les milieux médiatiques et académiques: il commet quelque chose comme une faute morale et un péché idéologique. Une chanteuse militante proposera même de le rééduquer pour qu’il devienne enfin un individu fréquentable, délivré de ses vieux préjugés et prêt à sacrifier ses privilèges (il faudra revenir, bientôt, sur ce concept délirant de «privilège masculin», qui s’accompagne souvent du concept tout aussi délirant de «privilège blanc»). Comment ne pas remarquer qu’un certain féminisme (...) prend aujourd’hui la pose de la supériorité morale et refuse d’envisager qu’on puisse le remettre en question ou même le nuancer? Mais refuser la possibilité du débat, n'est-ce pas refuser la démocratie?

Nathalie Petrowski l’a écrit mot pour mot dans une chronique consacrée à Louis-Jean Cormier: qui s’oppose à la parité s’oppose aux femmes. (...) Pourquoi dès lors se risquer au débat public en critiquant la parité si on sait qu’on en ressortira avec une réputation dégueulasse, et qu’on risque même de passer pour misogyne? Pourquoi participer au débat public si on sait que son point de vue sera automatiquement déformé et mal compris? Nathalie Petrowski ne semble même pas pouvoir imaginer que c’est justement parce qu’on croit à l’égalité des individus qu’on s’oppose aux quotas et aux autres mesures relevant de la discrimination positive. Elle ne semble pas pouvoir s’imaginer qu’on peut voir dans les quotas une forme d’injustice profonde, qui consiste à choisir quelqu’un à cause de son sexe ou de son origine ethnique, et non pas à cause de son mérite propre. Probablement verra-t-elle dans ces arguments une forme d’hypocrisie. Autrement dit, Nathalie Petrowski ne semble pas s’imaginer qu’on puisse avoir de bonnes raisons de s’opposer à la parité : j’entends par-là des raisons libérales, démocratiques, égalitaires, qui n’ont rien à voir avec la misogynie ou l’opposition à l’émancipation féminine.

(...) Si se dire féministe n’était pas aujourd’hui une manière de revendiquer symboliquement son appartenance au club des vertueux, il n’est pas certain qu’ils seraient aussi nombreux à réclamer l’étiquette et à donner des gages de bienpensance sur une base aussi régulière.

Je reviens à l’essentiel: si peu de gens ont osé s’opposer en temps réel aux différentes politiques fondées sur le principe paritaire, c’était probablement parce qu’ils voulaient éviter la tache infamante de la mauvaise réputation. Ils ne voulaient pas devenir des parias. Ils ne voulaient pas avoir à s’excuser comme a dû le faire finalement Louis-Jean Cormier.

Pour ceux qui sont curieux, la répugnante chronique de Petrowski est ici. Je voulais y répondre, mais je manque de temps. Je suis bien content de ne pas l'avoir fait en fin de compte parce que MBC y a répliqué bien mieux que je ne l'aurais fait.




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