Le vandalisme peut-il être considéré de l'art?
Explorons la question à travers cette nouvelle:
Les passants de la rue Sainte-Catherine au centre-ville de Montréal ont sans doute remarqué que depuis deux semaines la façade d’un ancien cinéma pornographique est recouverte de femmes nues masquées, œuvre d’une artiste féministe montréalaise.
Je l'ai écrit à plusieurs reprises sur ce blogue, je défendrai toujours la liberté d'expression et la liberté artistique. Les artistes doivent avoir la possibilité d'être aussi choquants qu'ils le souhaitent. C'est fondamental dans une société libre.
Cela étant dit, ce qui pourrait choquer ici, ce n'est pas le contenu de l'oeuvre (qui est, lorsqu'on y réfléchis bien, d'une extraordinaire banalité), mais plutôt le canevas.
S'il s'agissait véritablement de vandalisme, ce serait inacceptable. Et illégal.
Or, comme nous l'apprend l'article un peu plus loin, l'artiste a reçu la permission du propriétaire de l'édifice. Il ne s'agit donc pas de vandalisme. Il est donc mensonger de la qualifier d'artiste vandale.
Et ce n'est pas un véritable symbole de liberté non plus.
Au contraire, cette oeuvre démontre bien l'hégémonie de l'idéologie féministe dans notre société. Imaginez si moi, j'allais recouvrir un édifice d'images d'hommes à moitié nus et de slogans antiféministes. Vous croyez vraiment que je serais applaudi? Vous croyez qu'on laisserait mon oeuvre intacte bien longtemps? Vous croyez qu'on me qualifierait "d'artiste vandale" et que je serais le sujet d'articles admiratifs et dithyrambiques?
Ou imaginez si mon oeuvre véhiculait des slogans pro-Trump. Ou pro-vie. Ou anti-immigration massive.
Non, cette oeuvre ne démontre pas que les artistes sont libres. Elle démontre plutôt qu'ils ne sont tolérés que lorsque leur message est bien ancré à gauche et qu'il ne contredit pas les idéologies dominantes qu'épousent la gauche et les fervents guerriers de la justice sociale.
Ce n'est pas de la vraie liberté, ça.
« On ne peut pas plaire à tout le monde dans la vie, mais ce n’est pas une raison pour se la fermer », lance avec assurance Miss Me, auteure de l’œuvre située sur la « Sainte-Cath » au coin de la rue Sainte-Élizabeth.
Le nom de l'artiste est très révélateur, vous ne trouvez pas? Mais pas étonnant. Le narcissisme et l'égoïsme sont endémiques chez ces chères féministes.
Pour ce qui est de cette citation de l'artiste, elle est sans intérêt. Elle tente de se dépeindre en victime alors qu'en réalité, le fait que son oeuvre soit applaudie et médiatisée démontre qu'elle possède un privilège qui ne serait pas accordé à des gens comme moi dont les opinions ne cadrent pas avec l'évangile de la gauche féministe multiculturaliste.
Le projet regroupe une dizaine de photos sur papier, en noir et blanc, de l’artiste cagoulée avec le chandail relevé dans chacune des fenêtres de l’ancien Video Erotica. Ses seins sont remplacés par d’autres créatures.
Je n'ai rien à redire à propos de la technique de l'artiste. Au contraire, le résultat est plutôt bien.
La seule critique que je pourrais formuler, c'est peut-être simplement son manque d'originalité. Les seins transformés en personnages, ça a déjà été fait. C'est par exemple le cas de l'excellent Ron English, dont j'ai déjà parlé ici il y a quelques années.
Mais voilà, lorsqu'une artiste se réduit à n'être que l'écho des autres, lorsqu'elle se prive de toute réflexion vraiment originale et lorsque sa démarche est dépourvue de tout sens critique face au discours dominant, alors elle se condamne inévitablement à n'être qu'une copie dénuée d'originalité.
L’enseigne arbore maintenant le nom de l’œuvre Pussylluminati et affiche des phrases explicatives du projet, telles que « Siffler une femme n’est pas un compliment » ou « Don’t tell me what to wear » (Ne me dites pas comment m’habiller).
Encore une fois, le nom de l'oeuvre est très révélateur. C'est étrange et fascinant qu'une artiste féministe l'ait choisi. L'Illuminati fait référence à des sociétés secrètes qui bénéficient d'une énorme influence occulte et qui tirent les ficelles des puissants tout en restant tapies dans l'ombre. C'est un symbole de corruption antidémocratique et de subversion. Le titre serait davantage approprié pour une oeuvre antiféministe qui souhaiterait dénoncer l'influence illégitime des diktats féministes dans notre société.
Pour ce qui est de l'utilisation du préfixe Pussy, elle ne reflète que l'éternelle obsession des féministes pour les parties génitales féminines qui s'exprime de mille façon, des Pussy hats aux Pussy this et Pussy that. Encore une fois, complètement dénué d'originalité.
Les phrases explicatives que l'on cite ici sont risibles.
Siffler une femme n'est pas un compliment? Premièrement, ce phénomène est rarissime au Québec, alors c'est une problématique essentiellement inexistante. Deuxièmement, est-il inconcevable que certaines femmes puissent aimer être sifflées? Le fait que de nombreuses femmes apprécient l'attention est bien connu. N'en auraient-elles pas le droit? Troisièmement, n'est-il pas concevable qu'un homme qui siffle une femme souhaite simplement manifester (de façon bien impolie, je le concède) son admiration pour l'apparence d'une femme, ce qui constitue clairement un compliment? Bref, on peut être d'accord ou pas avec ce comportement, je le trouve moi-même répréhensible, mais affirmer catégoriquement qu'il ne constitue pas un compliment et que toutes les femmes doivent s'en indigner est abusif.
Don't tell me what to wear? Encore une fois, on nage en plein délire féministe. De quelles façons les femmes québécoises se font-elles davantage dire quoi porter que les hommes? C'est n'importe quoi.
À moins de parler de certaines musulmanes, mais ça, il ne faut pas en parler. C'est pas bien.
« C’est symbolique pour moi comme emplacement parce que c’est un ancien vidéo et cinéma porno qui n’était pas des plus élégants. Ce n’était pas des gens qui respectaient le corps de la femme qui allaient là ou des gens qui avaient une sexualité saine », soutient-elle.
L'accusation de manque d'élégance est tout simplement risible. Vous avez vu l'oeuvre de l'artiste? Des femmes masquées qui relèvent leur chandail pour dévoiler leurs seins recouverts de dessins divers sous le titre "Pussyluminati"! Vous y voyez de l'élégance, vous? Quelle hypocrisie!
Apparemment, Miss Me n'est pas seulement artiste, elle est également psychologue et sexologue! C'est extraordinaire!
Le porno ne m'intéresse pas personnellement, mais je suis qui, moi, pour affirmer que c'est malsain? Quelles sont mes qualifications pour dire une chose pareille? Je n'ai aucune autorité en la matière. Miss Me ne partage pas mon humilité.
L'accusation selon laquelle les gens qui consomment du porno ne "respectent pas le corps de la femme" est ridicule. À moins d'être dotée de pouvoirs psychiques ou de dons de télépathie, l'artiste ne peut pas raisonnablement affirmer une chose pareille. Est-il inconcevable que, pour certains consommateurs de porno, leur intérêt soit plutôt une manifestation de leur fascination et de leur idéalisation du corps des femmes, ce qui ne saurait être qualifié de manque de respect? De plus, inverser les rôles démontre la stupidité de l'argument. Imaginez si j'affirmais que les femmes qui consomment de la porno ne respectent pas le corps des hommes. Pourquoi serait-ce loufoque dans le cas des hommes mais plein de bon sens dans le cas des femmes?
L'accusation d'activité malsaine est, une fois de plus, complètement abusive. Tout le monde a des pulsions sexuelles qui demandent à être satisfaites, c'est une réalité de la vie. Évidemment, pour les femmes, le problème est minimal puisqu'il est très facile pour elles d'obtenir des relations sexuelles lorsqu'elle le désirent. Cela ne requiert presque aucun effort de leur part. Elles n'ont qu'à respirer et à attendre les avances des candidats intéressés. Mais pour les hommes, c'est une autre histoire. Je n'ai aucune difficulté à imaginer un homme très timide, ou pas très beau, ni très riche, dénué de charme et complètement incapable de séduire une femme. Ou encore un homme handicapé. Dans un cas comme celui-là, qu'y a-t-il de mal à ce que ce type aille se faire une petite branlette en regardant du porno et en s'imaginant dans cette situation intime à laquelle il aspire tant? Il libère des pulsions normales sans faire de mal à quiconque. À moins que cela se transforme en obsession incontrôlable, qu'est-ce qu'il y a de malsain là-dedans?
Les seules pratiques sexuelles catégoriquement malsaines sont celles qui impliquent des adultes et des mineurs ou encore des gens qui ne sont pas consentants. Dans ces cas-là, c'est non seulement malsain, mais également immoral et illégal. La pornographie qui était projetée dans ce cinéma n'aurait pas pu mettre en scène des participants mineurs ou non-consentants, elle ne peut donc pas raisonnablement être jugée malsaine de la sorte.
Je m'en voudrais de ne pas attirer votre attention sur un aspect fascinant de toute cette histoire. Remarquez-vous comment le féminisme est en train de devenir une idéologie aussi puritaine et moralisatrice que le catholicisme? Le féminisme est la nouvelle religion. C'est lui qui fait des interdits et qui met à l'index. C'est lui qui impose les nouveaux tabous et qui bénéficie de dogmes inattaquables et intouchables.
Les féministes sont les nouveaux curés.
C’est pourquoi l’artiste de 36 ans a décidé d’y installer des œuvres reliées à la sexualité féminine et à la reprise de contrôle de cette sexualité.
Le contrôle et l'autoritarisme sont effectivement au coeur même du féminisme. Mais contrairement à ce qu'affirme l'artiste, il ne s'agit pas ici de faire en sorte que les femmes reprennent le contrôle de leur sexualité. En fait, les femmes québécoises sont déjà pleinement en contrôle de leur sexualité. Affirmer le contraire tient de la lubie et de la paranoïa.
Ce que l'artiste tente de faire ici, ce n'est pas de permettre aux femmes de "reprendre" le contrôle de leur sexualité. En fait, les actrices porno sont des adultes consentants qui bénéficient de la libération totale de la sexualité féminine qui existe en Occident.
Non, ce que souhaite réellement faire l'artiste, c'est contrôler la sexualité des hommes en leur dictant une conduite et en leur disant ce qui est sain ou pas, ce qui est respectueux ou pas, ce qui est acceptable ou pas, ce qui est péché ou pas. Ce que souhaite l'artiste, c'est inspirer la honte de soi-même chez les hommes et la haine des hommes chez les femmes.
Voilà ce qui existe au coeur putréfié du féminisme moderne.
« Le contraste de mettre des femmes nues quand même, mais des femmes nues qui ne sont pas là pour séduire, qui ne sont pas là pour l’autre, mais qui sont là pour elles », explique Miss Me.
Hypocrisie patente.
Si ces femmes ne sont pas là pour l'autre et s'il s'agit d'une démarche qu'elles font uniquement pour elles-mêmes, alors pourquoi les afficher en public?
Ces femmes ne sont peut-être pas là pour séduire, mais elles sont clairement là pour véhiculer un message qui est destiné aux autres. L'affirmation de l'artiste est donc mensongère et malhonnête.
(...) « J’essaie toujours de mettre mes affaires où il y a des gens, je ne me cache pas dans des allées. Je veux commencer des conversations », mentionne-t-elle.
Mensonge.
On ne commence pas une conversation en disant à quelqu'un: "Tu es un être inélégant à la sexualité malsaine et immorale qui ne respecte pas le corps des femmes."
Les féministes ne veulent pas converser. Elles veulent imposer. Elles veulent couvrir les hommes de honte. Elles veulent dépeindre les hommes comme des monstres et les femmes comme des éternelles victimes éplorées. Elles veulent dominer, dicter, contrôler, censurer. Elles ne veulent pas entendre les opinions contraires.
Il n'y a aucune ouverture à la conversation dans le mouvement féministe. Les preuves abondent.
(...) « Montréal permet une plus grande liberté sexuelle aux femmes, bien plus qu’ailleurs dans le monde, mais il y a encore des choses qui restent à soigner. Les agressions sexuelles sont encore extrêmement fréquentes. On n’en parle pas encore assez. Il y a encore de la honte, encore du victim blaming entre les femmes elles-mêmes et dans ce qu’on enseigne à nos filles », stipule-t-elle.
Propagande féministe classique.
Les agressions sexuelles sont illégales et unanimement décriées. De plus, les femmes ne sont pas les seules qui en souffrent. Et elles ne sont pas aussi "extrêmement" fréquentes que le prétendent les féministes.
Pour ce qui est du "victim blaming" et de l'éducation faite aux filles, il n'y a pas de mal à dire aux gens d'être prudents et d'enseigner aux jeunes à être sur leurs gardes et à prendre certaines précautions élémentaires. J'en ai déjà parlé plus en détails dans cet autre billet. Je vous invite à aller le lire, c'est un de mes meilleurs.
Les œuvres de Miss Me ne passent pas inaperçues. Elles en choquent même plusieurs. À tel point que la plupart d’entre elles ne durent qu’à peine deux ou trois semaines avant d’être retirées ou vandalisées. « Les gens arrachent les yeux, ils écrivent des insultes, arrachent les seins ou le vagin, où ils mettent des pénis partout. [Cela permet] de montrer aussi que tu ne peux pas mettre une femme nue dans la rue sans que ça arrive. Pourquoi ? Ça veut dire que la première chose qui vient à l’esprit, c’est de mettre un pénis ou de l’insulter », se désole l’artiste.
Une artiste vandale qui est contre le vandalisme. C'est à n'y rien comprendre.
Pour le reste, c'est du délire.
Premièrement, relisez ce qu'elle dit. On dirait qu'elle pense que ses images sont vivantes. On dirait qu'elle décrit des agressions contre des vraies personnes. Elle pense que les vandales les "insultent". Comment fait-on pour insulter un objet inanimé exactement?
Deuxièmement, l'artiste saute immédiatement à la conclusion que ses oeuvres sont vandalisées PARCE QUE ce sont des représentations de femmes nues. J'invite Miss Me à "mettre des hommes nus dans la rue" pour voir combien de temps ils resteront intacts. Moi, j'ai vu des tas d'affiches vandalisées dans les rues au cour de ma vie et la vaste majorité d'entre elles ne représentaient pas des femmes nues.
Troisièmement, le fait de déchirer ces oeuvres ou d'y dessiner un pénis signifie-t-il nécessairement qu'il s'agit d'un souhait de violence envers les femmes? Et s'il s'agissait plutôt d'une dénonciation du message qui est véhiculé? Et s'il s'agissait plutôt d'une expression du même genre de puritanisme anti-porno qu'exprime l'artiste elle-même?
Et si le véritable geste subversif ici, ce n'était pas la banale oeuvre de Miss Me mais plutôt le vandalisme de certains passants?
Miss Me se décrit comme une artiste vandale puisqu’elle réalise souvent ses œuvres à des endroits où elle n’en a pas l’autorisation. Elle préserve son anonymat en cachant son visage sous sa cagoule ou derrière un foulard puisqu’elle ne veut pas que les gens se mettent à discuter ou à juger son apparence.
Elle cache son visage pour ne pas qu'on commente son apparence, mais elle nous montre à peu près tout le reste. Logique en esti son affaire.
Du reste, le vandalisme est illégal. Le fait que cette femme pose des gestes illégaux sans être punie et qu'on applaudisse sa démarche démontre bien le privilège dont elle bénéficie. Comme je l'écrivais plus haut, des oeuvres antiféministes ne seraient pas tolérées de la sorte.
Mais parlez-nous également de vos oeuvres légales, chère Miss Me:
L’artiste fait aussi des œuvres « légales ». Elle exposera d’ailleurs dès le 7 septembre à la Galerie COA, un projet réalisé en collaboration avec la photographe Nastia Cloutier Ignatie, qui met en scène 15 vagins de femmes.
Oui, évidemment. Des vagins. Ça va de soi.
Tous les aspects de la femme sont divins, tout le monde sait ça.
Seul le regard répugnant des hommes peut en ternir la beauté ou en pervertir la signification.
(...) « Il y a beaucoup de gens qui n’approuvent pas ou ne comprennent pas ma manière de discuter. Il y a des gens qui ont du mal à comprendre qu’une femme puisse se mettre nue visuellement dans la rue, revendiquer le fait de ne pas porter de soutien-gorge ou revendiquer le fait de s’habiller sexy, sans être vue comme un objet sexuel. La sexualité est une intention et pas juste un état de chair. Comprendre ça, ça ferait toute la différence pour les femmes », revendique-t-elle.
Les êtres humains adultes sont des êtres sexuels. Nous sommes programmés pour ça.
Vouloir séparer la nudité du désir sexuel est aussi utopique que vouloir dissocier la vue de plats délicieux du désir de manger.
Le fait d'éprouver du désir pour une personne ne signifie pas qu'on lui manque de respect ou qu'on la réduit à l'état d'objet sexuel.
Ça signifie simplement qu'on est un être humain mature normalement constitué, doté d'une libido et de désirs sexuels qui sont non seulement naturels et normaux, mais également sains et essentiels à la survie de l'espèce.
Nous sommes des êtres sociaux. Les vêtements que nous portons ou pas ont un impact sur la perception des gens qui nous entourent. C'est parfaitement normal et inévitable. Les femmes québécoises peuvent s'habiller comme elles le souhaitent et c'est très bien ainsi. Elles n'ont pas à tolérer le harcèlement ou les attouchements non-désirés et il y a des lois pour ça. Mais qu'elles ne se surprennent pas d'attirer les regards et d'attiser les désirs si elles portent des vêtements révélateurs.
Les féministes font beaucoup de mal avec leurs discours sexistes et misandres, mais elles ne réussiront jamais à anéantir la nature humaine.