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Rex Murphy

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Lorsqu'il est question du Québec, le Canada anglais est tout simplement incapable de la moindre objectivité. Leurs médias se permettent les affirmations les plus biaisées, les plus mensongères et les plus vitrioliques. Prenez par exemple Rex Murphy. Généralement inconnu au Québec, il s'agit d'un commentateur très écouté et très apprécié au Canada anglais. D'ailleurs, comme sa chronique est diffusée sur les ondes de la CBC, nous payons un partie de son salaire. Voici donc une récente chronique qui portait sur le "séparatisme québécois".



Citons quelques-unes de ses déclarations les plus ahurissantes:

"Even a few weeks ago, the idea of having anything like a serious conversation about the near defunct Norwegian parrot of Quebec separatism would have been a joke."

Oui, le simple fait d'avoir une CONVERSATION à propos de la séparation du Québec n'est qu'une farce. Le simple fait d'en discuter est aussi ridicule que de parler d'un hypothétique perroquet norvégien. C'est tout de même extraordinaire comme déclaration! C'est quand la dernière fois que vous vous êtes faits dire qu'un sujet de conversation était trop ridicule pour même être ABORDÉ dans une conversation?

"We're back in the gloomy stale waters of referendums that never end, posturing from Quebec nationalist politicians and just downright strange stuff."

Oui, le mouvement souverainiste se résume essentiellement à trois choses:
1- les eaux "sombres et viciées" des référendums qui ne finissent jamais (quel poète ce Rex!);
2- les "simagrées" des politiciens nationalistes (photo de Pauline Marois qui lève les bras en guise de preuve);
3- des "zaffaires bizarres" sur lesquelles notre ami Rex va maintenant élaborer.

"Evidently Mr. Peladeau was wanted everywhere except close to the premier when she's near a microphone."

Il fait référence ici à cette occasion où, en conférence de presse, un journaliste a adressé une question à PKP et Marois l'a touché à l'épaule en lui disant qu'elle se chargerait de lui répondre. Il s'agit d'un non-événement parfaitement anodin et inintéressant, le genre de trucs qui peut arriver à n'importe quel moment sans que quiconque s'en étonne. Mais quant il est questions des méchants séparatisses, les gestes les plus insignifiants deviennent des "preuves" de leurs sombres desseins et des raisons valables pour les qualifier de "bizarres" sur les ondes de la télé nationale.

"And then there was Gilles Duceppe whom some describe feelingly as the "elder statesman of sovereignty", claiming that a seperate Quebec could keep the loony, meaning the coin, and appoint to the bank of Canada. I guess to Mr. Duceppe, on his federal pension, leaving means never having to say you're gone. Not even the trailer park boys were this funny."

J'espère que vous n'avez pas manqué le petit sourire de Rex lorsqu'il a qualifié Duceppe de "elder statesman of sovereignty", ça n'arrive pas souvent. Pour illustrer son propos, il a également choisi une photo de Duceppe sur laquelle ce dernier esquisse un début de sourire qui le fait paraître ridicule, cat TOUT, absolument TOUT dans cette chronique doit pousser l'auditoire à l'incontournable conclusion que les séparatisses sont des bouffons risibles. Bref, quels propos reproche-t-on à Duceppe?

Premièrement, on lui reproche d'avoir déclaré qu'un Québec indépendant pourrait conserver la monnaie canadienne. Or, cela n'a rien de ridicule, c'est tout à fait possible. Il n'y a pas si longtemps, à l'époque où le dollar canadien tirait de l'aile, il avait été proposé d'adopter le dollar américain, une devise jugée plus solide et plus fiable. En Europe, la plupart des pays ont abandonné leurs devises nationales pour utiliser une devise commune et, évidemment, chaque pays a droit de regard lorsque des décisions importantes doivent être prises à propos de cette devise. La réalité est que les Canadiens anglais devraient se réjouir de propos comme ceux-là qui signifient qu'en cas de séparation du Québec, leur devise ne sera pas soudainement anéantie par le départ subit de 8 millions de ses usagers. Mais non, comme tout le reste, tout est une raison valide de ridiculiser les maudits séparatisses. Remarquez d'ailleurs la petite blague méprisante de Rex lorsqu'il dit que le Québec pourrait garder le "loony" et qu'il spécifie ensuite qu'il s'agit du dollar. Pour comprendre ce quolibet insultant, il faut savoir que ce terme n'est pas seulement le surnom du dollar canadien, il signifie également à dire que quelqu'un est fou. En d'autres termes, il est en train de dire, en pleine télé, que Gilles Duceppe est un fou. Vous avez déjà vu un chroniqueur carrément remettre en question la santé mentale d'un politicien sur les ondes de Radio-Canada? Moi non plus.

Rex se moque ensuite du fait que Duceppe touche une pension du gouvernement fédéral. Dans le contexte de ce commentaire, on comprend bien qu'il est en train de le tourner en dérision et de le dépeindre comme un être malhonnête qui, non seulement veut garder "notre argent" après la séparation, mais qui, en plus, touche une pension du gouvernement fédéral. Rex, comme la plupart des Canadiens anglais, démontre ici qu'il ne considère pas que le Québec contribue financièrement au Canada. Or, n'en déplaise à M. Murphy, les Québécois paient des impôts qui servent, entre autres choses, à payer les salaires des députés fédéraux et les pensions des députés retraités. Affirmer que Duceppe n'a pas droit à cette pension signifie que l'on considère que tout l'argent dépensé par le gouvernement fédéral provient exclusivement des poches des contribuables qui vivent à l'extérieur du Québec et donc, que c'est "leur argent". C'est ce que comprend l'auditoire en écoutant cette chronique. Les séparatistes sont des fous ridicules et que les Québécois sont des sangsues qui veulent nous voler. C'est joli.

Il établit finalement un lien entre les souverainistes et les "trailer park boys" que je ne connaissais pas mais que vous pouvez découvrir en cliquant ici. Il s'agit d'un documensonge canadien qui met en vedette une bande de crottés qui vivent dans des roulottes et dont certains sont d'ex-prisonniers.

C'est renversant de voir la quantité d'insultes que ce type-là est capable de vomir en si peu de temps. Et malheureusement, ce n'est pas fini.

"Actually what this STUFF, inspired mainly by the Quebec PROVINCIAL election, should ignite is a little bit of thought about how absolutely feeble, weak and even ungrateful talk of seperatisme is right now. And prompt an appreciation of how GOOD, in Quebec and out of it, we all have it." 

Je ne reprocherai pas à Rex de jubiler  en constatant à quel point l'option souverainiste est faible en ce moment. Après tout, c'est vrai qu'elle l'est. Et je ne lui tiendrai même pas rigueur pour avoir mis l'emphase sur le fait qu'il ne s'agit que d'une petite élection PROVINCIALE, parce que c'est vrai que c'est tout ce que nous sommes. Ce qui me répugne dans ce commentaire, c'est cette idée que les Québécois devraient être RECONNAISSANTS de n'être qu'une province canadienne et qu'ils devraient se considérer chanceux. Pourquoi? Voyons les raisons qu'avancent Rex.

"Glance around the world. Crimea tipping on the edge of war, Russia menacing Ukraine, the shadow of nuclear conflict. Glance at the wild turbulence of the Middle East, Egypt still burning, Libya in turmoil, Iraq a cauldron and Syria, the scene of horrid slaughter, world infifference, with hundreds of thousand dead and millions displaced. The world is full of anger, pain, hunger and death for so, so many. It is no small matter to be exempt from the general lot of misery and violence such as here in Canada."

Oui, chers amis, le monde est en feu, mais le Canada est un refuge contre la guerre, la famine et les horreurs GÉNÉRALISÉES du monde extérieur. Le Canada est même, selon Rex, une protection en cas de GUERRE NUCLÉAIRE! Les images d'horreur et de misère défilent derrière Rex, mais dès qu'il mentionne le mot "Canada", on revient à cette image bucolique de l'unifolié qui flotte au vent devant le noble et prestigieux édifice du parlement. Parce que c'est seulement ici que nous sommes protégés des abominations du "reste du monde", évidemment!

Rex se lance ensuite dans une diatribe patriotique illustrée par des images bucoliques qui serait immédiatement dénoncée comme étant un "délire de fou" si, au lieu de vanter les merveilles du CANADA, quelqu'un osait y substituer le mot "Québec".

"From all our griefs, from Native issues to oil extraction, we enjoy tranquility, are not wracked by civil conflict and study (?) always to treat people fairly. Further, we're shielded by our traditions and sheltered by our wealth from most of the major anxiety and threat that the rest of the world knows. Is this then such a country, with its ease, moderation, tolerance and traditions that Quebec really wants to leave?"

Je ne sais même pas par où commencer pour commenter cet extrait délirant. Je me permettrai simplement une question et deux remarques.

Ma question: en quoi les traditions et la richesse d'un pays constitue-t-il un BOUCLIER contre les HORREURS du reste du monde?

Remarque 1: Rex devrait peut-être voyager un peu et il réaliserait que les horreurs qu'il décrit ne sont pas "généralisées" et que de nombreux pays aux traditions diverses et à la richesse relative sont également exempts, tout comme son précieux Canada, des horreurs dont il dresse la liste.

Remarque 2: Au fond, ce que l'auditoire retient de cet extrait est bien simple. Le Canada est le plusse meilleur pays du monde et les Canadians sont les seuls à être pacifiques, civilisés et remplis de compassion. Ces qualités qui sont apparemment inhérentes au Canada ne s'appliquent pas au Québec. Les Québécois n'ont pas de traditions dignes de mention, ils n'ont pas de richesse, ils ne sont pas les artisans de leur propre tranquilité, ils ne traitent pas les gens de façon juste, ils ne sont ni calmes, ni tolérants et ni modérés. Non, les Québécois ne sont rien de tout cela et s'ils quittaient la PROTECTION du BOUCLIER des valeurs canadiennes, ils serait plongés comme TOUT LE RESTE DU MONDE aux menaces des guerres, des massacres et des famines.

Il s'agit d'une déclaration étrangement haineuse et méprisante de la part d'un membre de ce peuple qui se targue de TOUJOURS traiter les autres équitablement, vous ne trouvez pas? Les Canadians semblent être davantage animés par la vantardise et par un profond complexe de supériorité que par autre chose.

"Separatism in 2014 is a PLOY looking for a justification."

Ça a le mérite d'être clair. La souveraineté du Québec est un stratagème injustifié. La souveraineté du Canada, surtout dans l'Arctique, alors ÇA c'est un enjeu important. Mais la souveraineté du Québec, c'est risible.

OK, je ne cite pas la fin, c'est trop, je n'en peux plus.

Comme je le disais au début, les Canadiens anglais sont complètement incapables de la moindre objectivité lorsqu'il est question du Québec. Cette envolée délirante de Rex Murphy le démontre bien.

Les Québécois devraient s'indigner de voir de tels propos diffusés sur la chaîne nationale qu'ils contribuent à financer.

Mais non. Dans la province des colonisés, les moutons baissent la tête, acceptent les quolibets et les vomissures diffamatoires, courbent l'échine face au mépris le plus profond de leurs maîtres, se disent qu'au fond c'est vrai qu'ils sont bien chanceux de jouir de cette belle protection canadian dont ils ne sont pas dignes... et votent libéral.



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