Je n'avais même pas encore 10 ans dans les années 70 et bien que c'est pendant cette période que je suis initialement tombé amoureux des héros de comic-books, les BD de Conan (publiées chez Marvel à l'époque) m'ont généralement laissées de glace.
Des années plus tard, je me suis tapé les romans et les nouvelles originales de Howard et je les aie presque toutes adorées. L'idée de donner une seconde chance à ces vieux comic-books a fait son chemin.
J'ai finalement décidé d'acheter le recueil de la série Savage Sword of Conan pour plusieurs raisons. Tout d'abord, je savais que les meilleurs artistes de Marvel s'y étaient succédés au cour des ans. Deuxièmement, je savais également que, contrairement aux autres publications de Marvel de l'époque, Savage Sword était réputée plus mature et était destinée à un public plus âgé. En effet, comme cette BD était considérée comme étant un "magazine" plutôt qu'un "comic-book", il n'était pas soumis à la même censure que les autres. Je savais également que cette série, publiée en noir et blanc, avait été l'un des plus grands succès de cette décennie. Je me suis donc dit qu'il était peut-être temps d'y jeter un coup d'oeil.
Je me suis procuré le second volume de la série de recueils. On y retrouve des rééditions des numéros 11 à 24 de la série Savage Sword.
Lorsque j'ai d'abord ouvert la BD pour la feuilleter, je n'ai pu m'empêcher de sourire en apercevant l'extraordinaire qualité de certaines des planches. Certaines étaient l'oeuvre de très grands artistes de Marvel tels que John Buscema et Gil Kane. Il y a même un numéro dessiné par Neil Adams! Les magnifiques couvertures, quant à elles, sont souvent l'oeuvre d'artistes talentueux tels que Boris Vallejo et Earl Norem. Elles fascinent le regard même si elles sont reproduites sans leurs couleurs originales.
Malheureusement, celui que j'avais surtout envie de voir, Barry Windsor-Smith, ne s'y trouvait pas et ce, malgré que son nom soit explicitement cité dans tous les résumés disponibles sur Internet.
La majorité des planches sont vraiment superbes, certaines sont même renversantes. Nous avons à faire à des maîtres ici et ils ne déçoivent pas. Comme ilos ne sont pas soumis à la censure, les dessins sont beaucoup plus violents, racés et sexy que ce que l'on trouverait dans un habituel comic-book de l'époque. Mais tout de même, puritanisme américain oblige, on ne tombe jamais dans le trop explicite. La violence est bien présente, sans jamais tomber dans le gore. Les jolies femmes sont souvent dénudées, mais presque jamais totalement. Ça me plaît bien. C'est parfois drôle parce que, lorsqu'il dessine des fesses nues, on sent un soudain malaise dans la plume de Buscema, comme s'il n'osait pas les dessiner avec le même trait décidé qui caractérise habituellement ses dessins.
Le recueil regroupe plusieurs histoires du célèbre Cimmérien, toutes écrites par le légendaire Roy Thomas. Malheureusement, je dois dire que je les ai trouvées généralement plutôt répétitives. C'est essentiellement toujours la même chose: Conan, une jolie femme sous le bras, doit affronter une armée de combattants enragés ou une créature surnaturelle infernale assoiffée de sang. Il règle tous ses problèmes à coups de hache ou d'épée. En fait, Conan est tellement unidimensionnel dans ces histoires que les personnages secondaires sont généralement beaucoup plus intéressants que lui.
Les scénarios de Roy Thomas ne sont pourtant pas mauvais, ils sont très bien écrits en fait, mais ils se ressemblent un peu trop. Sa narration, pourtant habile et très imagée, est parfois un peu lourde pour une BD. Il m'a parfois semblé superflu de décrire avec surabondance de verbiage des scènes qui sont très bien dessinées et qui ne nécessitent pas une telle narration superfétatoire.
Bref, si j'achète un autre de ces recueils, ce sera seulement si j'arrive à m'assurer que les BD qu'ils contient ont été dessinées par Windsor-Smith, un artiste que je vénère et dont j'aimerais beaucoup voir les planches.