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Courage libéral

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Le courage libéral, la transparence libérale et l'honnêteté libérale, ça ressemble à ça:

En entrevue à l'émission Puisqu’il faut se lever sur les ondes du 98,5FM à Montréal, Stéphanie Vallée, ministre de la Justice du Québec, évite à 15 reprises de répondre aux trois questions que lui pose l’animateur Paul Arcand.

(...) Si, d’entrée de jeu, Mme Vallée énonce les grandes lignes de son projet de loi visant la neutralité de l’État, l’animateur tente rapidement d’amener la ministre à se prononcer sur des exemples plus concrets. Il lui demande d’abord si le projet de loi autorise le port du tchador par les fonctionnaires.

«M. Arcand, ce que nous avons toujours prôné, ce sont des valeurs d’inclusion, des valeurs de tolérance, des valeurs d’ouverture. Et le projet de loi prévoit que l’agent de l’État, le fonctionnaire, doit agir avec neutralité», répond Mme Vallée.

Une réponse qui, de toute évidence, ne satisfait pas Paul Arcand qui repose la même question à dix reprises, sans jamais obtenir une réponse de la ministre.

«Ce n’est pas ça que je vous pose comme question, Mme Vallée. Est-ce que le tchador est permis?»

Mme Vallée explique ensuite que son gouvernement «doit montrer l’exemple» et qu’il ne «doit pas favoriser ou défavoriser une religion.»

«Est-ce que le tchador est permis?», renchérit M. Arcand.

«Les agents de l’État doivent agir avec neutralité», martèle Mme Vallée, qui affirme d’ailleurs ne pas légiférer «sur les morceaux de linge».

«Le tchador, c’est à visage découvert. Ma question: est-ce que l’employé de l’État qui arrive avec un tchador a le droit, ou pas, de porter ce vêtement culturel religieux», lance M. Arcand, visiblement irrité. L’animateur rappelle d’ailleurs à la ministre Vallée que par définition, une loi qui est adoptée à l’Assemblée nationale devra être appliquée.

«M. Arcand, actuellement vous me demandez de légiférer sur des hypothèses. Le projet de loi prévoit très clairement que le visage doit être découvert». Elle ajoute que «la prestation de service se fait de façon neutre» et que c’est «un projet de loi qui est inclusif».

M. Arcand amène ensuite la ministre sur le terrain des policiers. «Est-ce le policier va avoir le droit de porter des vêtements religieux?

Mme Vallée explique que les policiers sont soumis à un code vestimentaire. «Si le policier veut, pour une raison ou une autre, demander un accommodement pour porter quelque chose qui n’est pas inclus dans son code vestimentaire, et bien, il devra faire une demande à son supérieur et les règles qui sont prévues au projet de loi seront appliquées pour l’analyse de la demande», poursuit-elle.

«Elle sert à quoi votre loi? Vous n’êtes pas capable de répondre à deux questions de base», lance alors M. Arcand, exaspéré.

«La neutralité de l’État n’a rien à voir avec le port de symboles religieux», se défend Mme Vallée.

«Est-ce que vous réalisez ce que ça veut dire un tchador», demande M. Arcand, rappelant notamment que Fatima Houda-Pépin le perçoit comme un symbole d’inégalité entre les hommes et les femmes.

«M. Arcand y a aussi un principe d’inclusion et de permettre à toutes les femmes et de permettre à tous les hommes de travailler dans la fonction publique québécoise», riposte Mme Vallée.

L’animateur revient finalement sur la position prise par le premier ministre Philippe Couillard en 2014 statuant que la burqa, le niqab et le tchador n’avaient pas leur place au sein de la fonction publique québécoise. «Nous avons présenté un projet de loi inclusif qui ne légifère par sur le vêtement que porte une personne», réplique-t-elle.

«Je vous ai posé trois questions simples (...), vous n’avez répondu à aucune de ces questions», conclut l’animateur.

Commentaires de Bock-Côté:

Le tchador, c’est cette tenue associée à un certain islam qui recouvre complètement le corps de la femme, mais qui laisse son visage découvert. Il aurait été facile de répondre par un oui ou par un non. Et la réponse aurait été simple: c’est oui. En matière de symboles religieux, le gouvernement accepte à peu près tout, le tchador itou, pour peu que le visage soit dégagé.

Mais la ministre a préféré patiner comme rarement un ministre aura patiné.
Probablement parce qu’elle sait au fond d’elle-même que le laisser-faire du gouvernement libéral est rejeté par la population. Alors elle a tourné autour du pot en multipliant les circonvolutions et les propos évasifs.

On devine le calcul de Stéphanie Vallée. Elle sait bien que les Québécois, pour l’essentiel, trouveront sa position mollassonne. Qu’ils diront du gouvernement Couillard qu’il est invertébré! Alors elle préférera passer pour une spécialiste des contorsions langagières que de dire franchement les choses.

(...) Chez la ministre, le langage ne sert pas à nommer la réalité, mais à la dissimuler, à l’édulcorer.

Mieux encore: on falsifiera le sens des mots. On se souvient d’Orwell qui disait que «la guerre, c’est la paix, l’amour, c’est la haine et la liberté, l’esclavage». Stéphanie Vallée nous dit quant à elle que la permission donnée de travailler pour l’État en tchador, c’est la neutralité religieuse. Magnifique.

Camus disait que «mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde». 

Si le peuple se défie des politiciens et finit par les mépriser, c’est qu’il n’est pas dupe. Il comprend tôt ou tard qu’on se moque de lui.




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