Je suis allé passé l'après-midi chez des amis de ma femmes qui nous recevaient ainsi que d'autres amis à eux. J'ai passé un bonne partie de l'après-midi à "jaser" (ou plutôt, à ESSAYER d'avoir une conversation) avec trois types. Il y avait le mari de l'amie de ma femme, un gars sympathique, mais aux intérêts plutôt limités, un type hyper-opiniâtre qui devait être fin cinquantaine (un boomer, évidemment, c'est pour ça qu'il sait TOUT) et un monsieur très âgé, je crois qu'il avait 81 ans, si ma mémoire est bonne. À un moment donné, le boomer me demande ce que je pense du système d'éducation. Question complexe, s'il en est une. J'ai entamé un début de réponse, mais comme ce que je disais passait 1000 pieds au-dessus de la tête de mon hôte et que ça n'allait pas dans le sens de ce que M. Opiniâtre voulait entendre, je n'ai jamais été capable de terminer ce que je disais.
Ce n'est pas la fin du monde, je n'étais pas là pour disserter à voix haute et je n'ai pas la prétention de croire que ce que j'ai à dire tient du génie, mais cette conversation est emblématique de toutes celles qui me font chier: un dialogue de sourds, rempli d'affirmations gratuites et d'opinions empruntées aux gueulards à la radio (du genre Paul Arcand), des propos profondément cyniques et une absence d'analyse et d'arguments qui viennent soutenir ce qui est affirmé avec conviction. Et moi, je suis l'éternel fatiguant qui contredit, qui nuance, qui essaie d'élever la conversation un tout petit peu et ça ne me vaut que le mépris de tout le monde parce que je ne déblatère pas ce qu'ils veulent entendre.
Je ne sais pas si c'est moi qui suis une espèce de mésadapté social ou si je suis entouré de gens qui sont tout simplement incapables d'avoir une conversation qui n'est pas qu'une inlassable répétition de phrases vides, toutes faites et superficielles.
Ceci est très problématique pour moi parce que, comme vous le savez, je commence à enseigner dans une nouvelle école en septembre et je suis déterminé à établir des liens harmonieux avec mes nouvelles collègues. Cette conversation de l'autre jour m'a rappelé à quel point ce défi sera majeur.
Car contrairement à cette bande de gars avec qui je discutais, mes nouvelles collègues sont des femmes et là, c'est encore plus difficile. Parce qu'avec elles, il y a un niveau de complexité supplémentaire. Quand tu parles avec une bande de gars, pardonnez l'anglais, mais: "what you see is what you get." Avec les femmes, il y a un autre niveau à la conversation, sous la surface. Elles parlent de toutes sortes de trucs, mais il se passe autre chose en dessous de cette apparente conversation anodine. À travers ces dialogues, des liens complexes sont tissés et les propos des autres sont analysés non pas pour ce qu'ils disent, mais également pour ce qu'ils sous-entendent. La façon de le dire a également beaucoup d'importance et le fait d'émettre une opinion trop forte ou une simple opinion contraire est vu comme une agression. Pour les femmes, c'est comme si chaque conversation vient les positionner au sein du groupe, comme s'il s'agissait d'une incessante lutte de pouvoir et par conséquent, ce qu'elles perçoivent comme une baisse de leur statut donne naissance à une animosité inouïe.
Et tout cela se déroule sous la surface. Le non-initié n'en voit absolument rien. En apparence, on est en train d'avoir une conversation tout à fait anodine et d'émettre des opinions, c'est tout. Mais les conséquences et les ramifications de chaque conversation sont multiples. Une femme puissante qu'on a contrarié nous le fera payer éventuellement. Le jeu des alliances est constamment en action. Des liens sont créés et brisés, des perceptions positives et négatives naissent dans chaque conversation.
En passant, je ne sais pas si j'ai l'air de savoir de quoi je parle, mais détrompez-vous. Je travaille dans des milieux de femmes depuis bientôt 20 ans et je ne fais que gratter la surface. Et je suis toujours aussi incompétent pour discuter avec elles.
J'ai besoin d'une stratégie si je ne veux pas redevenir le mouton noir en moins de deux. Il me faut jouer le jeu si je veux être accepté dans le groupe. Il me faudra essentiellement participer aux conversations dans l'unique but de les mettre en valeur, ELLES, sans les contredire ou les contrarier. Cela est profondément contraire à ma nature, pour être parfaitement honnête avec vous. Ça me semble être de la soumission servile, mais je n'ai pas le choix. Il faut que j'oublie cette idée ridicule d'acquérir l'acceptation et le respect en étant moi-même. C'est naïf et idiot. Il faut que j'apprenne à respecter les règles du jeu et à en tirer profit. Parce que c'est une game. Un game d'alliances et de pouvoir.
Ce qui est plus compatible avec ma nature, par contre, c'est l'analyse. Et je devrai observer de près les conversations afin de détecter cette activité sous-jacente, pour déchiffrer le non-dit et pour cesser de naviguer aveuglément comme je l'ai toujours fait. Il me faudra m'élever un petit peu au-dessus des autres fourmis pour voir ce qui se passe avec une meilleure perspective. Il faut que je fasse un Machiavel amateur de moi-même.
C'est d'ailleurs la seule perspective qui ne m'emplit pas d'un sentiment de terreur. Il faut que je vois ça comme un projet d'étude de sociologie.
Ce n'est pas la fin du monde, je n'étais pas là pour disserter à voix haute et je n'ai pas la prétention de croire que ce que j'ai à dire tient du génie, mais cette conversation est emblématique de toutes celles qui me font chier: un dialogue de sourds, rempli d'affirmations gratuites et d'opinions empruntées aux gueulards à la radio (du genre Paul Arcand), des propos profondément cyniques et une absence d'analyse et d'arguments qui viennent soutenir ce qui est affirmé avec conviction. Et moi, je suis l'éternel fatiguant qui contredit, qui nuance, qui essaie d'élever la conversation un tout petit peu et ça ne me vaut que le mépris de tout le monde parce que je ne déblatère pas ce qu'ils veulent entendre.
Je ne sais pas si c'est moi qui suis une espèce de mésadapté social ou si je suis entouré de gens qui sont tout simplement incapables d'avoir une conversation qui n'est pas qu'une inlassable répétition de phrases vides, toutes faites et superficielles.
Ceci est très problématique pour moi parce que, comme vous le savez, je commence à enseigner dans une nouvelle école en septembre et je suis déterminé à établir des liens harmonieux avec mes nouvelles collègues. Cette conversation de l'autre jour m'a rappelé à quel point ce défi sera majeur.
Car contrairement à cette bande de gars avec qui je discutais, mes nouvelles collègues sont des femmes et là, c'est encore plus difficile. Parce qu'avec elles, il y a un niveau de complexité supplémentaire. Quand tu parles avec une bande de gars, pardonnez l'anglais, mais: "what you see is what you get." Avec les femmes, il y a un autre niveau à la conversation, sous la surface. Elles parlent de toutes sortes de trucs, mais il se passe autre chose en dessous de cette apparente conversation anodine. À travers ces dialogues, des liens complexes sont tissés et les propos des autres sont analysés non pas pour ce qu'ils disent, mais également pour ce qu'ils sous-entendent. La façon de le dire a également beaucoup d'importance et le fait d'émettre une opinion trop forte ou une simple opinion contraire est vu comme une agression. Pour les femmes, c'est comme si chaque conversation vient les positionner au sein du groupe, comme s'il s'agissait d'une incessante lutte de pouvoir et par conséquent, ce qu'elles perçoivent comme une baisse de leur statut donne naissance à une animosité inouïe.
Et tout cela se déroule sous la surface. Le non-initié n'en voit absolument rien. En apparence, on est en train d'avoir une conversation tout à fait anodine et d'émettre des opinions, c'est tout. Mais les conséquences et les ramifications de chaque conversation sont multiples. Une femme puissante qu'on a contrarié nous le fera payer éventuellement. Le jeu des alliances est constamment en action. Des liens sont créés et brisés, des perceptions positives et négatives naissent dans chaque conversation.
En passant, je ne sais pas si j'ai l'air de savoir de quoi je parle, mais détrompez-vous. Je travaille dans des milieux de femmes depuis bientôt 20 ans et je ne fais que gratter la surface. Et je suis toujours aussi incompétent pour discuter avec elles.
J'ai besoin d'une stratégie si je ne veux pas redevenir le mouton noir en moins de deux. Il me faut jouer le jeu si je veux être accepté dans le groupe. Il me faudra essentiellement participer aux conversations dans l'unique but de les mettre en valeur, ELLES, sans les contredire ou les contrarier. Cela est profondément contraire à ma nature, pour être parfaitement honnête avec vous. Ça me semble être de la soumission servile, mais je n'ai pas le choix. Il faut que j'oublie cette idée ridicule d'acquérir l'acceptation et le respect en étant moi-même. C'est naïf et idiot. Il faut que j'apprenne à respecter les règles du jeu et à en tirer profit. Parce que c'est une game. Un game d'alliances et de pouvoir.
Ce qui est plus compatible avec ma nature, par contre, c'est l'analyse. Et je devrai observer de près les conversations afin de détecter cette activité sous-jacente, pour déchiffrer le non-dit et pour cesser de naviguer aveuglément comme je l'ai toujours fait. Il me faudra m'élever un petit peu au-dessus des autres fourmis pour voir ce qui se passe avec une meilleure perspective. Il faut que je fasse un Machiavel amateur de moi-même.
C'est d'ailleurs la seule perspective qui ne m'emplit pas d'un sentiment de terreur. Il faut que je vois ça comme un projet d'étude de sociologie.