J'avais initialement décidé de passer sous silence cette controverse entourant mon nouveau patron, le très sympathique (hum!) Yves Bolduc, mais là, je n'en peux plus.
En gros, le coeur du problème, c'est que le bon docteur Bolduc avait décidé de recommencer à voir des patients quand il était dans l'opposition, ce qui, à première vue, ne m'a pas semblé être particulièrement scandaleux, surtout dans ce contexte de pénurie de médecins. Mais voilà, plus on y pense, plus on peut se questionner à propos de son dévouement à sa job de député qui, aux dernières nouvelles, était une job à plein temps! Bon, me suis-je dit, peut-être a-t-il accepté de voir quelques patients seulement?
Ben non, il est allé en prendre 1600! Bref, c'est comme avoir une deuxième job à plein temps. Déjà là, on peut sérieusement remettre en question sa capacité d'être un député compétent dans les circonstances. À ce que je sache, les gens de sa circonscription n'ont pas été informés au préalable que leur député passerait tout ce temps dans son cabinet de médecin plutôt qu'à l'Assemblée nationale!
Mais il y a encore pire:
Le ministre Yves Bolduc s’attend à devoir rembourser entre 40 000 et 60 000$ en primes versées en trop par la Régie de l'assurance-maladie du Québec (RAMQ). Celles-ci lui auraient été octroyées pour l’inscription de 300 à 400 patients au sein de sa pratique, qu’il a ensuite été incapable de suivre au moins un an en raison de son retour au sein du gouvernement.
Au total, M. Bolduc a touché une prime de 215 000$ pour avoir pris en charge quelque 1600 patients orphelins lorsque le Parti québécois était aux commandes de l’État, soit 18 mois. L'actuel ministre libéral a touché une prime variant de 100$ à 200$ pour inscrire ces patients dans sa pratique.
OK, relisez ça attentivement. Il y a plusiurs choses à remarquer.
Premièrement, il a touché des primes pour "300 à 400" (remarquez le flou) patients qu'il a suivi pendant moins d'un an, ce qui est illégal.
Deuxièmement, le bonhomme a touché une PRIME de 215 000$ pour avoir pris en charge 1600 PATIENTS. Or, il a pris ces gens en charge en sachant très bien que c'était temporaire et qu'il retournerait à la politique à temps plein à la première occasion. Évidemment, il ne pouvait pas se douter que ça arriverait aussi vite, mais tout de même! Ces gens-là se retrouvent à nouveau abandonnés par le système après seulement quelques mois!
Quel genre de gars fait ça? Tu es élu à un poste public et tu le traites comme une job à temps partiel? Tu prends en charge 1600 personnes malades qui ont besoin de toi, tu touches une jolie prime au passage et quelques mois plus tard, quelque chose qui t'intéresse davantage se présente et tu les crisses là! Quel genre de crétin irresponsable agit comme ça?
Troisièmement, gardez en tête qu'on ne parle pas de salaire ici, on parle de PRIMES. Ça, c'est en plus de son salaire. Qu'il ait été payé pour ces consultations est une évidence, mais qu'il ait touché des PRIMES pour avoir accepté des nouveaux patients tout en sachant que c'était juste temporaire, ça commence à sentir mauvais.
Mais évidemment, à l'entendre, on s'en prend injustement à un saint homme qui se dévoue 7 jours par semaine et 24 heures sur 24 au bien-être de son prochain:
Le ministre s’est vigoureusement défendu mardi avant-midi à l’Assemblée nationale. «Pendant qu’il y en a qui vont faire du ski le samedi, le dimanche et les jours fériés, moi je travaillais sept jours semaine. Quand je n’étais pas à l’Assemblée [nationale], je faisais du bureau», a-t-il déclaré lors d’un point de presse.
(...) «[Je ne suis pas un des médecins les plus] gourmands, je suis un des plus travaillants. Je charge pour ce que je fais comme tous les docteurs au Québec. Moi, je faisais des 14, 15 heures par jour. En trouvez-vous beaucoup des docteurs qui ont travaillé toutes les fins de semaine ou à peu près toutes les fins de semaine au cours des 18 derniers mois? Il n’y en a pas un seul au Québec.»
Quel grand homme!
Le problème, c'est que c'est de la poudre aux yeux. Il ne répond pas aux véritables questions: Comment a-t-il fait pour occuper deux jobs à temps plein en même temps? Peut-il démontrer qu'aucune des deux n'en a souffert? Qu'il ait été payé pour les consultations va de soi, mais pourquoi avoir accepté les PRIMES qui sont supposées aller à des médecins qui acceptent des nouveaux patients à long terme? Pourquoi avoir empoché cet argent sans dire un mot avant que les médias mettent la main sur l'affaire? En tant qu'ancien ministre de la santé, n'était-il pas au courant que ces primes devaient être remboursées, AU MOINS pour les patients qu'il a vu pendant moins d'un an? Toutes ces questions demeurent sans réponse.
Mais donnons au bonhomme le bénéfice du doute.
OK, mon Yves, si tu as vraiment fait tout ça par pure bonté de coeur, parce que tu es un homme dévoué et altruiste, si rien de tout cela n'était une sombre manigance pour crosser le système et te garnir les poches d'une jolie prime de 215 000$ plutôt que de t'occuper de la job pour laquelle tu as été élu, si tu avais juste oublié que le fait d'empocher ces primes était à tout le moins immoral et même illégal dans certains cas, alors tu n'auras certainement aucune objection à rembourser cette somme, n'est-ce pas?
M. Bolduc refuse de remettre la totalité de la prime de 215 000 dollars. «Quand tu t’occupes d’un patient pour un an, ça veut dire que tu l’as bien pris en charge. […] Les patients ne venaient pas qu’une fois dans mon bureau», a-t-il souligné aux journalistes. «Moi, je les aime les patients. J’aime ça m’en occuper. […] Je les ai suivis les gens. Je m’en suis occupé.»
Et voilà la réponse.
Que voulez-vous, ce n'est pas de sa faute, il les aiiiiiiiiiime ses patients! Malheureusement pour eux, il les aiiiiiiiiiiime moins que sa belle job de ministre, alors il les a tous crissés là du jour au lendemain, après seulement quelques mois. Il n'a pas fait ça pour mettre la patte sur les jolies primes de 215 000$, meuh nooooooon, mais maintenant qu'il les a empochées, pas question de rembourser. Voilà donc un MINISTRE qui donne l'exemple à ces concitoyens en crossant le système. Mais ce n'est pas grave, parce qu'il aiiiiiiiiiiiiiime ses patients.
Il me fait penser à tous ces parasites du système d'éducation qui se drapent dans la vertu et dans "l'intérêt des enfants" pour justifier leurs abus et leurs jobs de sangsues. Il va s'entendre à merveille avec eux.
Ainsi qu'avec son patron, Couillard, le premier ministre qui crosse le système en mettant son argent dans un paradis fiscal.
Vive la grande et noble vision libérale!
En gros, le coeur du problème, c'est que le bon docteur Bolduc avait décidé de recommencer à voir des patients quand il était dans l'opposition, ce qui, à première vue, ne m'a pas semblé être particulièrement scandaleux, surtout dans ce contexte de pénurie de médecins. Mais voilà, plus on y pense, plus on peut se questionner à propos de son dévouement à sa job de député qui, aux dernières nouvelles, était une job à plein temps! Bon, me suis-je dit, peut-être a-t-il accepté de voir quelques patients seulement?
Ben non, il est allé en prendre 1600! Bref, c'est comme avoir une deuxième job à plein temps. Déjà là, on peut sérieusement remettre en question sa capacité d'être un député compétent dans les circonstances. À ce que je sache, les gens de sa circonscription n'ont pas été informés au préalable que leur député passerait tout ce temps dans son cabinet de médecin plutôt qu'à l'Assemblée nationale!
Mais il y a encore pire:
Le ministre Yves Bolduc s’attend à devoir rembourser entre 40 000 et 60 000$ en primes versées en trop par la Régie de l'assurance-maladie du Québec (RAMQ). Celles-ci lui auraient été octroyées pour l’inscription de 300 à 400 patients au sein de sa pratique, qu’il a ensuite été incapable de suivre au moins un an en raison de son retour au sein du gouvernement.
Au total, M. Bolduc a touché une prime de 215 000$ pour avoir pris en charge quelque 1600 patients orphelins lorsque le Parti québécois était aux commandes de l’État, soit 18 mois. L'actuel ministre libéral a touché une prime variant de 100$ à 200$ pour inscrire ces patients dans sa pratique.
OK, relisez ça attentivement. Il y a plusiurs choses à remarquer.
Premièrement, il a touché des primes pour "300 à 400" (remarquez le flou) patients qu'il a suivi pendant moins d'un an, ce qui est illégal.
Deuxièmement, le bonhomme a touché une PRIME de 215 000$ pour avoir pris en charge 1600 PATIENTS. Or, il a pris ces gens en charge en sachant très bien que c'était temporaire et qu'il retournerait à la politique à temps plein à la première occasion. Évidemment, il ne pouvait pas se douter que ça arriverait aussi vite, mais tout de même! Ces gens-là se retrouvent à nouveau abandonnés par le système après seulement quelques mois!
Quel genre de gars fait ça? Tu es élu à un poste public et tu le traites comme une job à temps partiel? Tu prends en charge 1600 personnes malades qui ont besoin de toi, tu touches une jolie prime au passage et quelques mois plus tard, quelque chose qui t'intéresse davantage se présente et tu les crisses là! Quel genre de crétin irresponsable agit comme ça?
Troisièmement, gardez en tête qu'on ne parle pas de salaire ici, on parle de PRIMES. Ça, c'est en plus de son salaire. Qu'il ait été payé pour ces consultations est une évidence, mais qu'il ait touché des PRIMES pour avoir accepté des nouveaux patients tout en sachant que c'était juste temporaire, ça commence à sentir mauvais.
Mais évidemment, à l'entendre, on s'en prend injustement à un saint homme qui se dévoue 7 jours par semaine et 24 heures sur 24 au bien-être de son prochain:
Le ministre s’est vigoureusement défendu mardi avant-midi à l’Assemblée nationale. «Pendant qu’il y en a qui vont faire du ski le samedi, le dimanche et les jours fériés, moi je travaillais sept jours semaine. Quand je n’étais pas à l’Assemblée [nationale], je faisais du bureau», a-t-il déclaré lors d’un point de presse.
(...) «[Je ne suis pas un des médecins les plus] gourmands, je suis un des plus travaillants. Je charge pour ce que je fais comme tous les docteurs au Québec. Moi, je faisais des 14, 15 heures par jour. En trouvez-vous beaucoup des docteurs qui ont travaillé toutes les fins de semaine ou à peu près toutes les fins de semaine au cours des 18 derniers mois? Il n’y en a pas un seul au Québec.»
Quel grand homme!
Le problème, c'est que c'est de la poudre aux yeux. Il ne répond pas aux véritables questions: Comment a-t-il fait pour occuper deux jobs à temps plein en même temps? Peut-il démontrer qu'aucune des deux n'en a souffert? Qu'il ait été payé pour les consultations va de soi, mais pourquoi avoir accepté les PRIMES qui sont supposées aller à des médecins qui acceptent des nouveaux patients à long terme? Pourquoi avoir empoché cet argent sans dire un mot avant que les médias mettent la main sur l'affaire? En tant qu'ancien ministre de la santé, n'était-il pas au courant que ces primes devaient être remboursées, AU MOINS pour les patients qu'il a vu pendant moins d'un an? Toutes ces questions demeurent sans réponse.
Mais donnons au bonhomme le bénéfice du doute.
OK, mon Yves, si tu as vraiment fait tout ça par pure bonté de coeur, parce que tu es un homme dévoué et altruiste, si rien de tout cela n'était une sombre manigance pour crosser le système et te garnir les poches d'une jolie prime de 215 000$ plutôt que de t'occuper de la job pour laquelle tu as été élu, si tu avais juste oublié que le fait d'empocher ces primes était à tout le moins immoral et même illégal dans certains cas, alors tu n'auras certainement aucune objection à rembourser cette somme, n'est-ce pas?
M. Bolduc refuse de remettre la totalité de la prime de 215 000 dollars. «Quand tu t’occupes d’un patient pour un an, ça veut dire que tu l’as bien pris en charge. […] Les patients ne venaient pas qu’une fois dans mon bureau», a-t-il souligné aux journalistes. «Moi, je les aime les patients. J’aime ça m’en occuper. […] Je les ai suivis les gens. Je m’en suis occupé.»
Et voilà la réponse.
Que voulez-vous, ce n'est pas de sa faute, il les aiiiiiiiiiime ses patients! Malheureusement pour eux, il les aiiiiiiiiiiime moins que sa belle job de ministre, alors il les a tous crissés là du jour au lendemain, après seulement quelques mois. Il n'a pas fait ça pour mettre la patte sur les jolies primes de 215 000$, meuh nooooooon, mais maintenant qu'il les a empochées, pas question de rembourser. Voilà donc un MINISTRE qui donne l'exemple à ces concitoyens en crossant le système. Mais ce n'est pas grave, parce qu'il aiiiiiiiiiiiiiime ses patients.
Il me fait penser à tous ces parasites du système d'éducation qui se drapent dans la vertu et dans "l'intérêt des enfants" pour justifier leurs abus et leurs jobs de sangsues. Il va s'entendre à merveille avec eux.
Ainsi qu'avec son patron, Couillard, le premier ministre qui crosse le système en mettant son argent dans un paradis fiscal.
Vive la grande et noble vision libérale!