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La vérité sur la vasectomie

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Comme je le croyais, les gars à qui j'avais parlé et qui m'avaient affirmé qu'une vasectomie, y'a rien là, étaient pleins d'marde. Je me doutais bien que leurs réponses ne constituaient rien de plus que du "tapage de chest" de gorille, de la bullshit de mâle en manque de prouver à quel point il est tough, qu'il est un dur, un véritable mâle alpha à la Rocky Balboa qui ne ressent pas la douleur, bref, un vra de vra. Je le savais. Et j'avais raison.

Maintenant que je sais ce que c'est, je sens la responsabilité d'offrir le témoignage honnête dont j'ai moi-même été privé. Ça ne veut pas dire que c'est pareil pour tout le monde, évidemment, mais c'est mon expérience, avec toute la franchise et la transparence dont je suis capable.

Alors, si ça vous intéresse de savoir ce que c'est VÉRITABLEMENT une vasectomie, sans la foutaise habituelle, lisez ce billet. Si vous préférez ne pas savoir (je ne vous blâme pas) ou si vous n'avez pas particulièrement envie d'en savoir trop à propos des organes génitaux de votre amical blogueur (je vous blâme encore moins), alors passez votre chemin. Ce qui suit risque de vous faire grimacer. Vous êtes avertis.

J'arrive donc à la clinique et on me conduit dans une petite salle d'examen. On me demande d'enlever souliers, pantalons et bobettes et de m'étendre sur l'espèce de banc d'examen. On me donne une couverture-papier pour me couvrir. Le médecin arrive, se prépare, se pique accidentellement le doigt avec une des aiguilles et se met à sacrer en anglais. Ça commence bien! Rien de mieux pour qu'un patient se sente calme et en confiance. Je dis à la blague que je m'en vais, mais je ne blague qu'à moitié.

Sans avertir, il m'asperge alors d'un liquide glacial. J'ignore si c'était de l'eau ou un quelconque désinfectant. Évidemment, je ne regardais pas ce qui se passait, alors je ne peux vous décrire l'opération qu'avec les sensations. La piqûre est tout simplement horrible. Il commence par piquer en surface, mais lorsqu'il enfonce l'aiguille jusqu'à l'intérieur du canal déférent, on sent l'aiguille et le liquide qui y est injecté et c'est tout simplement abominable. Ça ne dure pas longtemps, mais ça fait vraiment mal. Je ne sais pas si c'est moi qui ai les couilles anormalement sensibles, mais j'ai vraiment senti ça et la douleur était brève, mais très intense. Juste à y repenser, j'ai mal. Après ça, je n'ai plus rien senti directement. J'ai toutefois ressenti qu'il m'étirait le scrotum avec ce qui m'a semblait être une espèce de ventouse. Je ne suis pas certain, mais je sentais la peau être tirée. À part de ça, aucune autre sensation, à part les frissons d'horreur en entendant les ciseaux. Ça m'a paru long, mais ça n'a pas été si long. Le problème, c'est qu'une fois qu'il a fini avec un testicule, c'est le temps de passer à l'autre et cette fois-ci, on sait à quoi s'attendre. Le manège recommence et la douleur est encore une fois brève et intense.

Une fois terminé, il place une compresse sous les testicules, me recouvre de la couverture-papier et me demande si j'ai des questions. Je lui demande comment ça s'est passé, il me dit très bien. Puis, il me répète quelques conseils d'usage, me sert la main et sort. Sa secrétaire entre quelques minutes plus tard et me demande de m'habiller sans faire tomber la compresse. Plus facile à dire qu'à faire. Elle me conseille ensuite d'aller me chercher une prescription de pilules qui sont en quelque sorte des super-Tylénol, c'est-à-dire de l'ibuprofène avec de la codéine ajoutée. Elle me demande si j'ai quelqu'un pour me conduire, je mens et réponds que oui.

Je marche lentement jusqu'à la voiture, pas vraiment parce que je souffre, mais plutôt parce que j'ai peur de faire un geste brusque qui va rouvrir les plaies. Et avec la compresse, c'est vraiment inconfortable. Je me rends à la pharmacie et les vibrations de l'auto sont franchement très désagréables. La douleur commence à poindre. À la pharmacie, j'explique à la dame au comptoir que je ne suis pas du genre à demander de traitements de faveur, mais que je viens de subir une vasectomie et que j'apprécierais si elle pouvait me donner ma prescription le plus rapidement possible. J'ai été agréablement surpris de voir qu'ils ont fait ça à la vitesse grand V. Elle explique alors mon cas à la caissière afin qu'elle me fasse payer immédiatement. Cette dernière sourit en me voyant marcher lentement et maladroitement vers la caisse. Je me retiens de lui demander ce qu'elle trouve amusant.

Je me rends ensuite à la maison, je m'étends avec un sac de pois congelés entre les jambes et j'attends le dégel.

Et là, ça fait vraiment mal. Les élancements de douleur sont assez intenses pour faire grimacer et parfois même grogner. Pendant une bonne semaine, je me suis senti comme si j'avais les couilles coincées dans un étau qui se desserre un tout petit peu à chaque jour. Les deux premières nuits ont été courtes et pénibles. J'avais peur de bouger et je me réveillais tout engourdi après avoir passer une heure ou deux dans la même position. J'ai eu besoin des pois congelés pendant une semaine, mais un peu moins à chaque jour. Finalement, je n'ai pas touché aux Tylénol à la codéine parce que, lorsque j'étais étendu et immobile avec mes pois, c'était tolérable. Le problème, c'était quand venait le temps de bouger.

L'une des incisions m'a inquiété. J'ai saigné pendant quelques jours. Lorsque j'ai trouvé le courage de regarder de plus près, j'en ai aperçu une sur le testicule de gauche qui, malgré l'énorme ecchymose mauve, semblait guérir plutôt bien. Il n'y avait pas de point de suture, il a dû utiliser une sorte de colle j'imagine. Le problème était la seconde incision qui, contrairement à la première, est située en haut du testicule droit, sous le pénis. Comme elle est collée sur le pénis quand celui-ci est dans sa position naturelle (vers le bas), elle ne guérissait pas aussi bien. Elle était enflée, moins cicatrisée et suintait légèrement un liquide transparent. Ça m'a beaucoup inquiété, je n'étais même pas certain que c'était une incision. Le médecin ne m'avait pas du tout dit qu'il avait l'intention de couper à cet endroit. De plus, l'incision qui est située de l'autre côté est beaucoup plus basse et sur le côté du testicule. Bref, j'étais inquiet et j'ai appelé le bureau du médecin qui, après insistance, m'a donné un rendez-vous le lendemain.

Après vérification, le type me dit que c'est bien une incision. Il m'explique qu'il est normal que les tuyaux soient douloureux, mais pas la peau. Il me dit que ça ne nécessite pas d'antibiotiques pour l'instant mais que, si la rougeur augmente, il faudra que j'en prenne. Dans les jours suivants, j'ai pris l'initiative de porter le pénis vers le haut et l'incision a bien guéri. Deux semaines après l'opération, c'est encore sensible, mais c'est cicatrisé et la rougeur a presque complètement disparu.

Deux semaines plus tard, donc, c'est toujours sensible mais les élancements sont terminés. Je porte toujours une coquille (jock strap) pour aller travailler, mais c'est surtout par mesure de prévention. Je suis terrorisé à l'idée qu'un enfant me câlisse un coup de coude ou un ballon dans les gosses par inadvertance. De plus, ça permet de garder l'équipement en position (sans que je sois obligé d'aller me replacer l'équipement) afin de permettre à la fameuse incision de bien guérir. Comme c'est encore sensible, ça évite la douleur lorsque je monte des escaliers ou des trucs du genre.

Je ne sais pas pour combien de temps encore j'en ai à être aussi sensible. J'espère pouvoir sortir mon vélo et mon kayak bientôt mais pour l'instant, ce n'est pas une option. Je ne dirais pas non à une bonne baise non plus, mais quand tu ressens les mouvements brusques comme des coups de pieds dans les gosses, ce n'est pas très inspirant.

Non, une vasectomie, ce n'est pas de la tarte. Ne laissez pas les p'tits macho dudes vous convaincre du contraire! Préparez-vous à au moins un bon trois jours de douleur parfois intense et à au moins deux semaines de sensibilité intense.

Pis t'sais, si je suis complètement honnête, il y a un autre aspect à cette opération. Il y a un deuil à faire face à toute future paternité. Or, pour moi, le fait de devenir papa a été (et de loin) la plus belle expérience de ma vie. Et maintenant, c'est fini. Ça aussi, c'est pas facile à encaisser. Ma tête me dit que c'est la bonne chose à faire, mon coeur est brisé.

J'aurais dû commencer ma famille plus tôt et avoir plus d'enfants. Mais il est trop tard, maintenant.



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