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#MoiAussi

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Certains s'étonneront peut-être de mon silence à propos de la campagne de dénonciation qui fait rage depuis des mois.

Habituellement, les excès du féminisme constituent l'un de mes sujets de prédilection. Alors pourquoi me taire dans ce cas-ci?

Je n'en suis pas entièrement sûr moi-même.

Je crois que, d'une part, je suis plutôt las d'écrire à propos de ce féminisme déjanté et empoisonné qui s'immisce partout. Un gars s'écoeure de patauger dans la fange et il vient un moment où il a juste envie de prendre une bonne douche pour se débarrasser de l'odeur.

D'autre part, si ce mouvement me semble essentiellement néfaste parce qu'empreint de misandrie et de féminisme victimaire et revanchard, je ne peux pas m'empêcher de ressentir de la sympathie pour les victimes... les vraies victimes.

Je sais ce que c'est que de subir le harcèlement d'une personne en position d'autorité. Ce n'était pas du harcèlement sexuel dans mon cas (bien que j'ai vécu ça aussi plus tôt dans ma vie), mais du harcèlement psychologique. Je connais tout le mal que ça fait. Je sais à quel point les séquelles sont profondes et durables. J'ai goûté à cette souffrance. Je comprends parfaitement tout ça.

Mais il me semble qu'il y a différents moyens de réagir à cela. Moi, j'ai essayé d'être constructif et j'en ai fait un livre. Un bouquin pour amener les gens à réfléchir, pour lever le voile sur le problème dans l'espoir de contribuer à faire changer les choses. Et je n'ai nommé personne. Je préfère cette approche à cette pluie d'accusations publiques qui vise à anéantir des réputations en faisant fi de la présomption d'innocence et du droit de se défendre.

Je ressens beaucoup de sympathie également pour ces gens, surtout des hommes, qui se voient traînés dans la boue sur la place publique et dont la carrière est torpillée parce qu'on choisit de croire des accusatrices (souvent anonymes) sur parole. Parce qu'au coeur du harcèlement que j'ai vécu, il y avait aussi ça. On m'a balancé des allégations mensongères par la tête, on a laissé entendre que j'avais des relations inappropriées avec des enfants, on a anéanti ma réputation sans jamais me donner la possibilité de me défendre en m'affublant des pires intentions imaginables. J'ai goûté à la trahison de mes amis et collègues, j'ai vu le dégoût dans les yeux de ces gens et pourtant j'étais complètement innocent! Non seulement je n'avais rien fait de mal mais je n'avais jamais eu l'ombre d'une intention malveillante!

Je sais comment on se sent lorsqu'on subit une telle tentative d'assassinat. J'ai goûté à cette horreur-là.

Alors toute cette histoire évoque chez moi de bien sombres souvenirs. Et mon vécu étant ce qu'il est, je ressens de la sympathie pour des gens qui se retrouvent de part et d'autre de ce phénomène.

Quand j'écris, j'essaie d'exprimer des idées articulées et réfléchies, pas juste des émotions. Dans ce cas-ci, les émotions sont très fortes et elles m'empêchent de réfléchir calmement, posément et froidement. Or, il y a suffisamment de hurlements comme ça, je n'ai pas envie d'ajouter ma voix au chorus. Mais en même temps, je ressens un profond malaise dans ce silence que je m'impose.

J'étais donc très content que mon collaborateur Fylouz ponde ce texte l'autre jour.

Et aujourd'hui, je suis tombé sur un texte absolument magnifique de Benoit sur le blogue JusteSix. Une vraie petite perle qui exprime si bien ce que je ressens face à cette révolution que je vous invite à le lire. Il vaut vraiment le détour:


Extrait:

(...) Mais je reconnais trop facilement l’odeur du cadavre brûlé pour ne pas ressentir sur-le-champ, à mesure que se vit cette révolution, les nombreux dérapages qu’elle suscite à travers les mensonges, les mises au ban, les vengeances personnelles, ainsi que la soumission de la majorité silencieuse qui n’est pas outillée pour reconnaître cette odeur-là… et qui de toute façon, même si elle la reconnaissait, n’oserait jamais s’y opposer publiquement. Devant le rouleau-compresseur de l’Histoire, peu de gens ont la force de résister à sa vindicte.

(...) Si les porte-étendards du mouvement #MeToo ainsi que nos instances de pouvoir avaient été mues par un sentiment de responsabilité de nature humaniste, dépassant les intérêts personnels, voyant large et visant le long terme, tout cela aurait pu susciter en effet une noble et nécessaire évolution.

Hélas : en raison du trip de pouvoir de certaines femmes et de l’émasculation (ou de l’hypocrisie) évidente de beaucoup d’hommes, tout cela s’est transformé en une révolution polarisante qui nous réserve des lendemains qui faussent.





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