C'est ce que je ressens ce soir à la lecture de la nouvelle que je tiens à vous commenter ici (mon point de vue n'engage évidemment que moi).
Je crois que là, on a atteint le fond du baril de la connerie « féministe-radicale ».
Je plaisante, bien sûr. La bêtise est un baril sans fond. Plus on creuse, plus on trouve.
Un salopard d'homme blanc a dit un jour : « Deux choses sont infinies : l’Univers et la bêtise humaine. Mais en ce qui concerne l’Univers, je n’en ai pas encore acquis la certitude absolue. »
Évidemment, j'insiste là-dessus, c'était un homme – blanc et donc indigne d'exister. Ce n'est pas moi qui le dit, c'est la propagande néo-féministe actuelle, enfin presque, certaines ont la bonté de nuancer : le mal c'est les autres homme, pas « les leurs » : leur père est merveilleux, leur frère formidable, leur conjoint adorable, leurs fils tout cela à la fois.
Bien évidemment, il ne leur viendra jamais à l'esprit qu'une de leurs amies néo-féministes puissent voir ces mêmes personnes comme « l'adversaire ». D'ailleurs, il est utile de souligner qu'elles les acceptent dans leurs manifestations. Il est aussi utile de souligner qu'elles leur interdisent l'entrée de leurs réunions.
On peut aussi dénier aux hommes, les droits que l'on accorde aux femmes... Pourquoi ? Ben, parce que les droits des hommes ont toujours été déniés aux femmes, bien sûr. Certains (hommes) pourraient argumenter que c'est plus une question sociale qu'une question de sexe, mais... c'est des hommes, hein ?
A quoi bon ? De toute façon, le Prof Solitaire a largement démonté ce genre de présupposé sur son blogue.
Ça va même encore plus loin, puisqu'on en arrive à une segmentation de la société : l'humanité se retrouve divisée, ironiquement comme aux bons vieux temps du colonialisme, entre hommes et femmes, entre blancs et non-blancs, entre non-noirs et noirs, entre non-musulmans et musulmans, entre musulmans et femmes musulmanes, entre femmes musulmanes et femmes musulmanes noires.
Les variations semblent infinies et on est toujours la victime de quelqu'un.
Bref, tout ça pour vous parler d'une initiative qui fait beaucoup parler de ce côté de la grande mare depuis deux jours.
Le 9 janvier, donc, un groupe de cent Françaises (pas d'hommes, est-ce pour le mieux ou pas ?) a signé le manifeste suivant (je suis désolé, il est incomplet, car l'article était payant. Et non, je ne suis pas radin, c'est juste que pour une raison quelconque, je n'arrive pas à payer) :
Tribune. Le viol est un crime. Mais la drague insistante ou maladroite n’est pas un délit, ni la galanterie une agression machiste.
(Ici, rien à redire. Ça me paraît tomber sous le sens)
A la suite de l’affaire Weinstein a eu lieu une légitime prise de conscience des violences sexuelles exercées sur les femmes, notamment dans le cadre professionnel, où certains hommes abusent de leur pouvoir. Elle était nécessaire. Mais cette libération de la parole se retourne aujourd’hui en son contraire : on nous intime de parler comme il faut, de taire ce qui fâche, et celles qui refusent de se plier à de telles injonctions sont regardées comme des traîtresses, des complices !
(Encore une fois, je ne vois rien à redire à ça. D'ailleurs les auteurs du texte prennent la précaution d'évoquer « une légitime prise de conscience des violences sexuelles exercées sur les femmes ». Tout au plus, pourrait on faire remarquer que les violences sexuelles ne s'exercent pas seulement sur les femmes.)
Or c’est là le propre du puritanisme que d’emprunter, au nom d’un prétendu bien général, les arguments de la protection des femmes et de leur émancipation pour mieux les enchaîner à un statut d’éternelles victimes, de pauvres petites choses sous l’emprise de phallocrates démons, comme au bon vieux temps de la sorcellerie.
(PATRIARCAT, SORS DE CE CORPS !!!)
De fait, #metoo a entraîné dans la presse et sur les réseaux sociaux une campagne de délations et de mises en accusation publiques d’individus qui, sans qu’on leur laisse la possibilité ni de répondre ni de se défendre, ont été mis exactement sur le même plan que des agresseurs sexuels. Cette justice expéditive a déjà ses victimes, des hommes sanctionnés dans l’exercice de leur métier, contraints à la démission, etc., alors qu’ils n’ont eu pour seul tort que d’avoir touché un genou, tenté de voler un baiser, parlé de choses « intimes » lors d’un dîner professionnel ou d’avoir envoyé des messages à connotation sexuelle à une femme chez qui l’attirance n’était pas réciproque.
(Ben oui, il me semble que ça tombe sous le sens. Vrai, il y a des salauds en ce monde, mais les créatrices du mouvement #metoo – pourtant américaines – ont-elles entendu parler de la notion d'Habeas Corpus ?)
Cette fièvre à envoyer les « porcs » à l’abattoir, loin d’aider les femmes à s’autonomiser, sert en réalité les intérêts des ennemis de la liberté sexuelle, des extrémistes religieux, des pires réactionnaires et de ceux qui estiment, au nom d’une conception substantielle du bien et de la morale...
(Le texte accessible au lecteur non payant s'arrête malheureusement ici).
Parmi ces signataires, on retrouve au premier plan l'actrice Catherine Deneuve, la journaliste Elizabeth Lévy, l'animatrice de radio Brigitte Lahaie (qui en tant qu'ex actrice porno pourrait en parler du harcèlement), l'auteure et psychanalyste Sarah Chiche, l'écrivaine Catherine Millet, la comédienne et auteur Catherine Robbe-Grillet, la journaliste Peggy Sastre, la journaliste Abnousse Shalmani, la présidente du mouvement ETHIC Sophie de Menthon.
Le texte dénonce apparemment également l'appel au retrait d'un tableau de Balthus accusé de « propager la pédophilie » et l'interdiction de la rétrospective Roman Polanski à la Cinémathèque de Paris.
J'ai retrouvé sur le net quelques autres extraits de ce texte. Veuillez noter qu'ils sont évidemment hors contexte.
« Elle peut veiller à ce que son salaire soit égal à celui d’un homme, mais ne pas se sentir traumatisée à jamais par un frotteur dans le métro, même si cela est considéré comme un délit. Elle peut même l’envisager comme l’expression d’une grande misère sexuelle, voire comme un non-événement ».
Parmi d'autres fragments, j'ai retrouvé la mention de « vague purificatoire », de « climat de société totalitaire », de« l'indispensable liberté d'offenser », voire « d'importuner » et dénonçant ce féminisme qui « prend le visage d'une haine des hommes et de la sexualité ».
Il est également fait mention de « la vague purificatoire qui ne semble avoir aucune limite », « des éditeurs (qui) demandent à certaines d’entre nous de rendre nos personnages masculins moins « sexistes », de parler de sexualité et d’amour avec moins de démesure ou encore de faire en sorte que les « traumatismes subis par les personnages féminins » soient rendus plus évidents ».
Et elles terminent :« En tant que femmes, nous ne nous reconnaissons pas dans ce féminisme qui, au-delà de la dénonciation des abus de pouvoir, prend le visage d’une haine des hommes et de la sexualité ».
Comme vous pouvez l'imaginer, la réaction n'a pas tardé à venir, sur les réseaux sociaux – ces nouveaux « tribunaux révolutionnaires » – la radio, la télévision, un peu de tout.
Parenthèse : quand je parle de « tribunaux révolutionnaires », je fais dans la caricature. La situation actuelle est quasiment pire. D'accord, il n'y a pas eu – encore – mort d'homme, mais les tribunaux en question acquittaient plus qu'ils ne condamnaient et les accusés avaient droit à un avocat (du moins jusqu'au décret du « 22 Prairial »). Seuls 20% de ses victimes furent des nobles ou des religieux.
Aujourd’hui, la féministe Caroline de Haas a répondu à cette tribune (elle était un peu pressée, elle n'a trouvé que trente féministes pour la soutenir) :
"On risquerait d’aller trop loin." Dès que l’égalité avance, même d’un demi-millimètre, de bonnes âmes nous alertent immédiatement sur le fait qu’on risquerait de tomber dans l’excès. L’excès, nous sommes en plein dedans. C’est celui du monde dans lequel nous vivons. En France, chaque jour, des centaines de milliers de femmes sont victimes de harcèlement. Des dizaines de milliers d’agressions sexuelles. Et des centaines de viols. Chaque jour. La caricature, elle est là. »
(Bien évidemment, pas un mot sur les hommes victimes des mêmes méfaits, et pas de chiffres. De plus, je rappelle ici la première phrase de la tribune de ce qu'il faudra peut-être appeler « Le manifeste des cent salopes » : « A la suite de l’affaire Weinstein a eu lieu une légitime prise de conscience des violences sexuelles exercées sur les femmes, notamment dans le cadre professionnel, où certains hommes abusent de leur pouvoir. Elle était nécessaire. »).
"On ne peut plus rien dire." Comme si le fait que notre société tolère – un peu – moins qu’avant les propos sexistes, comme les propos racistes ou homophobes, était un problème. "Mince, c’était franchement mieux quand on pouvait traiter les femmes de salopes tranquilles, hein ?" Non. C’était moins bien. Le langage a une influence sur les comportements humains : accepter des insultes envers les femmes, c’est de fait autoriser les violences. La maîtrise de notre langage est le signe que notre société progresse. »
(La tribune – du moins les extraits que j'ai pu en lire – ne dit absolument rien de tel. Il s'agit ici de l'usage du « principe de l'association dégradante » de Schopenhauer).
"C’est du puritanisme." Faire passer les féministes pour des coincées, voire des mal-baisées : l’originalité des signataires de la tribune est... déconcertante. Les violences pèsent sur les femmes. Toutes. Elles pèsent sur nos esprits, nos corps, nos plaisirs et nos sexualités. Comment imaginer un seul instant une société libérée, dans laquelle les femmes disposent librement et pleinement de leur corps et de leur sexualité lorsque plus d’une sur deux déclare avoir déjà subi des violences sexuelles ? »
(Encore une fois, aucune mention des hommes. Seules les femmes subissent « des violences sexuelles ». Par ailleurs, une définition de cette expression par Madame de Haas serait utile, ici. Madame de Haas utilise ici un autre « argument » de Schopenhauer : celui qui consiste à « tirer de fausses conclusions »).
"On ne peut plus draguer." Les signataires de la tribune mélangent délibérément un rapport de séduction, basé sur le respect et le plaisir, avec une violence. Tout mélanger, c’est bien pratique. Cela permet de tout mettre dans le même sac. Au fond, si le harcèlement ou l’agression sont de "la drague lourde", c’est que ce n’est pas si grave. Les signataires se trompent. Ce n’est pas une différence de degré entre la drague et le harcèlement mais une différence de nature. Les violences ne sont pas de la "séduction augmentée". D’un côté, on considère l’autre comme son égal.e, en respectant ses désirs, quels qu’ils soient. De l’autre, comme un objet à disposition, sans faire aucun cas de ses propres désirs ou de son consentement. »
(Non, Madame de Haas, les signataires ne mélangent rien du tout. Au contraire, elles font des distinctions claires – que vous semblez vous refuser à voir – cela dit, j'apprécie ici votre emploi de l'écriture inclusive, lequel semble impliquer que le principe d'égalité, ça va dans les deux sens. Je me permettrais de citer ici la romancière Jane West : « N'attribuons pas à la malveillance ou à la cruauté ce qui peut être renvoyé à des motifs moins criminels. »).
"C’est de la responsabilité des femmes." Les signataires de la tribune parlent de l’éducation à donner aux petites filles pour qu’elles ne se laissent pas intimider. Les femmes sont donc désignées comme responsables de ne pas être agressées. Quand est-ce qu’on posera la question de la responsabilité des hommes de ne pas violer ou agresser ? Quid de l’éducation des garçons ? »
(Encore une fois, pas de mention des violences faites aux hommes ou aux petits garçons, tant qu'à faire. Madame de Haas reprend non seulement ici le principe de la « fausse conclusion » mais y rajoute celui de l'argumentation ex concessis afin d'en venir aux arguments ad hominem. Et soit dit en passant, qui éduque majoritairement les garçons ? Quand à faire appel à la responsabilité des femmes, n'est-ce pas une façon de les appeler à « prendre le pouvoir » ?)
« Les femmes sont des êtres humains. Comme les autres. Nous avons droit au respect. Nous avons le droit fondamental de ne pas être insultées, sifflées, agressées, violées. Nous avons le droit fondamental de vivre nos vies en sécurité. En France, aux États-Unis, au Sénégal, en Thaïlande ou au Brésil : ce n’est aujourd’hui pas le cas. Nulle part. »
(« Les femmes sont des êtres humains ». Tout à fait d'accord, mais les hommes aussi. « Nous avons droit au respect. Nous avons le droit fondamental, etc. » Tout à fait d'accord ! Mais les hommes aussi. Et s'il est vrai qu'il y a des agressions verbales et/ou physiques contre les femmes dans tous les pays, il en va de même pour les hommes, mais chuuuut... Une chose à la fois.)
« Beaucoup d’entre elles sont souvent promptes à dénoncer le sexisme quand il émane des hommes des quartiers populaires. Mais la main au cul, quand elle est exercée par des hommes de leur milieu, relève selon elles du "droit d’importuner". Cette drôle d’ambivalence permettra d’apprécier leur attachement au féminisme dont elles se réclament. »
(« Beaucoup d'entre elles, etc. » Lesquelles ? Retour à « l'association dégradante », à savoir l'accusation de racisme. Ce n'est pas exprimé clairement mais il faut appeler un chat, un chat. Ajoutons-y celui du « faux argument » : « Ainsi s'il (l'adversaire) est membre d'une secte à laquelle nous n'appartenons pas, nous pouvons utiliser la doctrine de secte contre lui. » Aristote)
« Avec ce texte, elles essayent de refermer la chape de plomb que nous avons commencé à soulever. Elles n’y arriveront pas. Nous sommes des victimes de violences. Nous n’avons pas honte. Nous sommes debout. Fortes. Enthousiastes. Déterminées. Nous allons en finir avec les violences sexistes et sexuelles. »
(Une fois de plus, Madame de Haas fait usage de la « fausse conclusion », tout en faisant usage de l'argument ad auditores qui s'adresse au public. Votre adversaire est peut-être un expert, mais votre public ne l'est pas. A ses yeux, vous l'aurez battu.).
Ont signé cette tribune : Adama Bah, militante afroféministe et antiraciste, Marie-Noëlle Bas, présidente des Chiennes de garde, Lauren Bastide, journaliste, Fatima Benomar, co-porte-parole des Effronté.es, Anaïs Bourdet, fondatrice de Paye ta Shnek, militante féministe, Sophie Busson, militante féministe, Marie Cervetti, directrice du FIT et militante féministe, Pauline Chabbert, militante féministe, Madeline Da Silva, militante féministe, Caroline De Haas, militante féministe, Basma Fadhloun, militante féministe, Giulia Foïs, journaliste, Clara Gonzales, militante féministe, Leila H., de Check tes privilèges, Clémence Helfter, militante féministe et syndicale, Carole Henrion, militante féministe, Anne-Charlotte Jelty, militante féministe, Andréa Lecat, militante féministe, Claire Ludwig, chargée de communication et militante féministe, Maeril, illustratrice et militante féministe.
Chloé Marty, assistante sociale et féministe, Angela Muller, militante féministe, Selma Muzet Herrström, militante féministe, Michel Paques, militant féministe (Tiens, un homme !), Ndella Paye, militante afroféministe et antiraciste, Chloé Ponce-Voiron, militante féministe, metteuse en scène, réalisatrice et comédienne, Claire Poursin, coprésidente des Effronté.es, Sophie Rambert, militante féministe, Noémie Renard, animatrice du site Antisexisme.net et militante féministe, Rose de Saint-Jean, militante féministe, Laure Salmona, cofondatrice du collectif Féministes contre le cyberharcèlement et militante féministe, Muriel Salmona, psychiatre, présidente de l’association Mémoire traumatique et victimologie et militante féministe, Nicole Stefan, militante féministe, Mélanie Suhas, militante féministe, Monique Taureau, militante féministe, Clémentine Vagne, militante féministe, l’association En Avant Toute(s), l’association Stop harcèlement de rue.
Caroline de Haas accuse par ailleurs ainsi les signataires. Elles "sont pour la plupart des récidivistes en matière de défense de pédocriminels ou d’apologie du viol".
« Cette tribune est une gifle contre les femmes qui dénoncent la prédation sexuelle. Elle ne rend service qu’aux prédateurs ; et la majorité des hommes ne veulent plus leur être associés. »
FÉMINISME - "Il est intéressant de constater que les femmes qui défendent ce droit à harceler sont très aisées, et ce sont les hommes de leur classe qu'elles soutiennent. Oui au harcèlement s'il est mondain. Et pour la solidarité avec les autres femmes, on repassera."
« Les porcs et leurs allié.e.s s’inquiètent ? C’est normal. Leur vieux monde est en train de disparaître. Très lentement – trop lentement – mais inexorablement. Quelques réminiscences poussiéreuses n’y changeront rien, même publiées dans Le Monde. »
Voilà. Vous n'êtes pas d'accord avec Madame de Haas ? Vous êtes un(e) porc (ou plutôt truie ?), et attention Le Monde, tu ferais bien de choisir ton camp, le bon, « le nôtre ».
Le journal a répliqué :
« Paul Benkimoun, président de la Société des rédacteurs du Monde[en charge de veiller au respect de la ligne éditoriale du quotidien], affirme ne pas avoir été saisi sur la tribune du collectif parue mardi, ni même sur le texte de Philippe Ridet. "Dans les pages 'Débat', il peut y avoir des sujets contradictoires, des points de vue antagonistes, confie-t-il à L'Express. Quand des tribunes vont en revanche à l'encontre de nos valeurs, si elles sont racistes ou sexistes, si elles appellent à la violence et qu'elles n'appellent pas au débat, nous ne les publions pas." Et de rappeler que pendant la campagne présidentielle, Le Monde avait ainsi fermement pris position pour ne pas publier de tribune du Front national. »
Pour info, Philippe Ridet est l'auteur d'une tribune parue en décembre : « C'est devenu compliqué d'être un homme » qui y a eu droit aussi :
« Au delà de son contenu, la tribune justifiant des agressions sexuelles et minimisant leur impact pose question sur le positionnement du journal Le Monde. »
Alice Coffin (Co-présidente de l'Association des journalistes LGBT, porte-parole de la Conférence européenne lesbienne*, co-fondatrice des Lesbiennes d'Intérêt Général, membre du collectif féministe La Barbe, du collectif lesbien Ouiouioui et des Dégommeuses. Lauréate du programme franco-américain Fulbright, diplômée en philosophie, sciences politiques et journalisme, enseignante en journalisme)
Autres réactions toutes aussi posées :
Marlène Schiappa, secrétaire d'État chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes :
"Je trouve très dommage qu'une grande dame comme Catherine Deneuve, car c'est essentiellement elle qui est utilisée et que l'on va retenir, cosigne cette tribune parce que les victimes des violences sexuelles sont déjà écrasées par la peur de parler, par la loi du silence", regrette-t-elle sur RTL.
Et de poursuivre : "Une fois de plus, les agresseurs leur diront : 'Tu vois, même Catherine Deneuve est d'accord avec ce que je t'ai fait'. On n'a pas le droit de faire des choses comme cela".
"Cette tribune dans Le Monde est une espèce de pot-pourri, il y a de tout dedans", a ajouté ce mercredi 10 janvier la secrétaire d'État, alors qu'elle était interrogée à ce sujet sur France culture. Elle aborde "des réflexions qui ne sont pas inintéressantes mais pas nouvelles non plus", notamment "la question de savoir si on doit se sentir victime et être traumatisée après un viol ou une agression sexuelle", a-t-elle poursuivi.
.@MarleneSchiappa: "Dans cette tribune il y a des choses profondément choquantes. Nous avons déjà énormément de mal à faire comprendre aux jeunes filles que frotter un sexe d’homme dans le métro contre elles, c’est une agression. Je pense que c’est dangereux de tenir ce discours."
On admirera au passage le lapsus de Madame Schiappa : « Nous avons déjà énormément de mal à faire comprendre aux jeunes filles que frotter un sexe d'homme dans le métro contre elles, c'est une agression. »
Vous avez compris jeunes filles ? Si vous venez vous frotter contre mon sexe dans le métro, je porte plainte !
« Elles incarnent l’ordre moral traditionnel : celui de l’homme conquérant et de la femme soumise. »
Laurence Rossignol, Sénatrice de l'Oise
Tout aussi critique, l’ancienne ministre du droit des femmes et sénatrice de l’Oise, Laurence Rossignol, a jugé sur France inter que défendre un « droit d’importuner »était une « gifle contre les femmes qui dénoncent la prédation sexuelle » et ne « rend [ait] service qu’aux prédateurs ». Sur Twitter, elle avait également estimé que « l’angoisse de ne plus exister sans le regard et le désir des hommes » conduisait « des femmes intelligentes à écrire des énormes âneries ».
« Beaucoup d’entre elles sont promptes à dénoncer le sexisme quand il émane des hommes des quartiers populaires. Mais la main au cul, quand elle est exercée par des hommes de leur milieu, relève selon elles du "droit d’importuner". » il n’y a pas deux vitesses au féminisme. »
Lauren Bastide, journaliste et animatrice radio
« L'année commence bien avec un petit retour de bâton antiféministe ... on n'allait pas laisser les femmes s'émanciper aussi facilement n'est-ce-pas :)
Bon je sais pas vous, mais moi, j'ai pas prévu de me laisser faire. »
Emma, artiste et blogueuse
Ségolène Royale a aussi réagi sur RTL mardi, regrettant que Catherine Deneuve ait cosigné cette tribune « parce que les victimes des violences sexuelles sont déjà écrasées par la peur de parler, par la loi du silence ». « On n’a pas le droit de faire des choses comme cela », a-t-elle ajouté, affirmant que la signature d’une actrice reconnue comme Catherine Deneuve permettrait aux agresseurs de justifier leurs actes.
(Ségolène Royal est une ex-candidate à la présidentielle, ancienne ministre de l'Environnement, de l'Energie et de la Mer sous Manuel Valls et Bernard Cazeneuve, ancienne compagne de François Hollande.)
L'actrice et réalisatrice Asia Argento a également apporté son grain de sel :
« J'aimerais savoir ce que vous en pensez Madame le ministre @MarleneSchiappa, votre opinion sur cet article déplorable »
Pour info, rappelons qu'Asia Argento a déclaré s'être vue imposer une fellation par Harvey Weinstein en 1997. Par la suite, elle aurait eu des relations sexuelles durant cinq ans avec son agresseur, relations « consenties » mais « non-désirées » par crainte de voir Weinstein nuire à sa carrière.
« L'entourage même de l'actrice est sceptique. Son ancien compagnon, un chanteur avec qui la comédienne a eu un enfant, décrit la jeune actrice flattée des attentions du producteur, des hélicoptères mis à sa disposition pour le rejoindre, des promesses de rôles, des cadeaux. Est-elle victime ? En a-t-elle profité ? La vérité est dans cette « zone grise » qui permet aux pervers de prospérer et amène les femmes à se taire. Asia Argento est sans doute en même temps cette très jeune femme abusée par un violeur en série et cette actrice aveuglée par les sunlights de Hollywood. »
L'actrice – fille du célèbre réalisateur Dario Argento – a reconnu n'avoir plus jamais tourné de film avec Weinstein après sa première agression.
Quand les cons sont braves.
Georges Brassens
Sans être tout à fait un imbécile fini,
Je n'ai rien du penseur, du phénix, du génie.
Mais je n' suis pas le mauvais bougre et j'ai bon cœur,
Et ça compense à la rigueur.
Quand les cons sont braves
Comme moi,
Comme toi,
Comme nous,
Comme vous,
Ce n'est pas très grave.
Qu'ils commettent,
Se permettent
Des bêtises,
Des sottises,
Qu'ils déraisonnent,
Ils n'emmerdent personne.
Par malheur sur terre
Les trois quarts
Des tocards
Sont des gens
Très méchants,
Des crétins sectaires.
Ils s'agitent,
Ils s'excitent,
Ils s'emploient,
Ils déploient
Leur zèle à la ronde,
Ils emmerdent tout l' monde.
Si le sieur X était un lampiste ordinaire,
Il vivrait sans histoir's avec ses congénères.
Mais hélas ! il est chef de parti, l'animal :
Quand il débloque, ça fait mal !
Si le sieur Z était un jobastre sans grade,
Il laisserait en paix ses pauvres camarades.
Mais il est général, va-t-en-guerr', matamore.
Dès qu'il s'en mêle, on compt' les morts.
Mon Dieu, pardonnez-moi si mon propos vous fâche
En mettant les connards dedans des peaux de vaches,
En mélangeant les genr's, vous avez fait d' la terre
Ce qu'elle est : une pétaudière !