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Richard Poulin versus le patriarcat

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Cet article me rappelle subitement pourquoi j'ai arrêté de lire Le Devoir.


En voici quelques indigestes extraits:

Le meurtre de Véronique Barbe n’était ni un drame conjugal ni un drame passionnel. Son conjoint Ugo Fredette a été formellement accusé de meurtre non prémédité lundi dernier. « C’est une violence masculine, il ne s’agit pas du tout de violences égales entre un homme et une femme dans un couple », statue sans détour Richard Poulin.

Une violence MASCULINE. Wow. Voyons voir.

Cette affirmation peut être interprétée de deux façons.

Premièrement, on pourrait comprendre que le meurtre d'un(e) conjoint(e) est une "violence masculine" parce qu'elle est exclusivement masculine et que seuls les hommes la commettent. Or, c'est faux. Des femmes qui agressent et qui tuent, tant leurs conjoints que leurs enfants, ça existe. On sous-estime toujours la violence des femmes et le nombre de victimes masculines. Vous voulez des exemples? Cliquez sur les liens ci-dessous:

CriminELLES
CriminELLES II
La violence contre les hommes explose
Elles se vantent d'avoir agressé leur conjoint
La violence des filles
Le silence des victimes masculines

La deuxième interprétation possible est que cette violence est "masculine" parce qu'elle se retrouve au coeur de ce qu'est un homme. Si c'est ce qu'affirme M. Poulin, alors il nage en plein délire. Est-il vraiment nécessaire de rappeler que la vaste majorité des hommes n'agressent personne et n'ont jamais tué qui que ce soit? Apparemment, oui.

Bref, interprétez-la comme vous voulez, cette affirmation de "violence masculine" demeure gratuite et tient davantage de la diabolisation que de la réalité.

En passant, ceci est devenu une tradition médiatique. À chaque fois qu'un homme tue sa conjointe, on trouve toujours un pignouf pour venir faire porter le blâme du monstrueux geste à tous les hommes. L'exemple de Lise Payette me vient à l'esprit.

Le meurtre n’était donc pas « intime », et encore moins « familial », ces deux mots occultant les rapports sociaux de sexe. Pourquoi alors gommer le fait que la violence dans les couples est presque toujours subie par des femmes et perpétrée par des hommes ? La violence masculine doit être énoncée, pour être dénoncée.

La violence elle-même doit être énoncée et dénoncée, point final. Le sexe de la personne qui agresse est d'intérêt secondaire. Les hommes et les femmes sont capables d'agresser, de violenter et de tuer. Faire comme si le problème est uniquement masculin est contre-productif. Cela isole les victimes masculines, exacerbe la détresse de certains hommes et fait passer les femmes agresseuses sous le radar. C'est complètement inacceptable.

« Nous avons été si bien socialisés, conditionnés, qu’on pense à un crime passionnel. Mais quand un homme tue sa femme, c’est l’inverse. C’est l’expression d’une jalousie pathologique liée au fait que sa femme lui appartenait. » Et que, par conséquent, le quitter était inacceptable, poursuit M. Poulin, patiemment.

Méfiez-vous des gens qui croient pouvoir lire les pensées des autres. C'est ce que fait M. Poulin ici. A-t-il rencontré l'assassin? Lui a-t-il parlé? Comment peut-il connaître ses motivations? Je n'ai certainement pas ses prétentions.

Ce que je sais, par contre, c'est que la problématique qui est décrite ici n'est pas exclusivement masculine. Des femmes possessives et pathologiquement jalouses qui croient que leur conjoint leur appartient et qui n'acceptent pas une rupture, ça existe. Je sais malheureusement de quoi je parle.

Tout le monde doit apprendre que l'autre n'est pas une possession, pas seulement les hommes.

Aussi patiemment qu’il déshabille le patriarcat de ce genre d’habits de camouflage dans son dernier livre. Une culture d’agression éclaire ces angles morts de la domination masculine. Il est le résultat de trois décennies de recherche du professeur émérite de sociologie à l’Université d’Ottawa et à l’Institut de recherches et d’études féministes de l’UQAM.

Patriarcat? Domination masculine? Culture d'agression?

Sur quoi se base-t-il pour affirmer une chose aussi grossière? Sur le fait que les médias parlent de crime "passionnel", "familial" ou "intime" au lieu de violence "masculine"? L'utilisation d'un adjectif à la place d'un autre serait-il suffisant pour accuser toute une société d'être un patriarcat sexiste?

Quiconque conserve un lien avec la réalité voit bien que les accusations sont grossières et exagérées. La vaste majorité des hommes n'agressent ni ne tuent personne. La vaste majorité des hommes voient d'un très mauvais oeil leurs congénères qui sont violents. Ils les qualifieraient sans hésiter de brutes et de monstres. Les hommes violents sont une déviance, ils ne sont pas la norme.

C'est hallucinant que je sois obligé de dire des choses aussi évidentes.

Le sociologue retisse ainsi un fil d’Ariane entre la prostitution, la pornographie et les tueries. Celui de l’envie des hommes d’exercer un pouvoir sur les femmes, un désir d’ « appropriation patriarcale de l’autre » qui constitue un élément fondamental de cette dynamique.

Wow. Il y a un lien entre la prostitution, la porno et les tueries? Fascinant... par où commencer pour déconstruire ça?

Commençons avec la prostitution. Pour M. Poulin, ce n'est rien d'autre qu'un désir masculin d'exercer un pouvoir sur les femmes et de s'approprier l'autre. I say bullshit! Je n'ai jamais moi-même fréquenté de prostitués, mais plusieurs lectures m'ont fait réaliser que beaucoup d'hommes qui le font souhaitent simplement goûter à un peu de cette tendresse et de cette intimité qui sont absentes de leur vie. Ils essaient de briser leur isolement et de connecter avec un autre être humain de la manière la plus (physiquement) intime qui soit. Bref, ce ne sont pas des monstres, mais des hommes souffrants, seuls, malheureux et isolés qui vivent de la détresse. Si M. Poulin n'était pas si occupé à les diaboliser, il se surprendrait peut-être à réaliser qu'ils ont besoin d'aide.

Évidemment, je ne dis pas que TOUS les hommes qui fréquentent des prostitués correspondent au profil que je dresse ici. Contrairement à M. Poulin, je ne suis pas un absolutiste qui met tous les hommes dans le même panier. La psychologie explique mieux que moi que les motivations de ces hommes sont très diverses.

Vient ensuite la porno qui serait, encore une fois, une manifestation de ce désir masculin d'exercer un pouvoir sur les femmes et de s'approprier l'autre. Rien d'original ici. Tout comme le faisait Miss Me il y a quelques jours, l'objectif est clairement de diaboliser la sexualité des hommes et de la dépeindre comme quelque chose de malsain et de dangereux. Or, c'est idiot pour plusieurs raisons. Premièrement, les femmes consomment de la porno aussi. Deuxièmement, la masturbation est une activité tout à fait normale, n'en déplaise à nos nouveaux curés féministes. En fait, une étude vient de nous apprendre que cette occupation est même très saine et qu'elle permettrait de réduire les chances d'avoir le cancer de la prostate. Troisièmement, si certains hommes regardent peut-être de la porno afin d'assouvir un fantasme de "pouvoir", sur quoi s'appuie-t-il pour affirmer que c'est le fait de tous les hommes ou même d'un majorité significative d'entre eux?

Finalement, le lien entre prostitution, porno et tueries est totalement gratuit. M. Poulin peut-il établir une corrélation entre la fréquentation de prostitués, la consommation de porno et les meurtres? Bien sûr que non. La quasi-totalité des hommes qui s'adonnent à ces activités ne tuent jamais qui que ce soit de leur vie. On n'est pas en science ici, on nage dans les perceptions misandres de M. Poulin.

Le fil conducteur tourne aussi autour de la femme-objet, ce faire-valoir soumis aux fantaisies des hommes, à qui s’adressent au premier chef — et de loin — les productions pornographiques actuelles. Mais pas seulement. Objectifier les femmes permet tantôt de les échanger comme des commodités « dans une économie vaginale industrialisée et mondialisée », au coin de la rue ou en ligne, tantôt de violenter, voire tuer, « une chose qui nous appartient ».

Nous vivons dans une "économie vaginale industrialisée"? Non mais sans blague, là! Suis-je le seul qui se rend compte que le bonhomme délire complètement?

Nous vivons dans une société où les femmes bénéficient de tous les mêmes droits que les hommes. De plus, je soupçonne que le recours à la prostitution demeure un phénomène très marginal dans notre société. J'utilise le verbe "soupçonner" parce que je ne trouve pas de chiffres fiables sur ce phénomène. C'est souvent le cas pour des activités illégales.

Bref, tout ça pour dire que la description de M. Poulin serait peut-être appropriée pour certaines sociétés ou certaines époques, mais elle est totalement inadéquate pour décrire le Québec contemporain.

Finalement, n'en déplaise à nos ardents féministes, il est parfaitement possible d'admirer l'apparence d'une femme ou même de ressentir du désir pour elle sans nécessairement "l'objectifier", c'est-à-dire la réduire au statut d'objet inanimé. Cette adéquation misandre vise, encore une fois, à diaboliser injustement la sexualité masculine.

Tirer à boulets rouges sur tous les flancs du patriarcat n’est pas une mince entreprise. 

J'imagine. La chasse aux licornes et aux yétis n'est pas de tout repos, elle non plus.

La grande force du professeur Poulin est cependant de mettre en évidence le système qui sous-tend la « culture d’agression » envers les femmes. Une expression utilisée ici dans un sens plus large que « culture du viol », idée discutée dans la foulée d’une vague de dénonciations d’agressions sexuelles l’automne dernier.

C'est ça sa "grande force"?

Lancer des affirmations gratuites qui sont incompatibles avec la réalité est une grande force?

Bienvenue dans le merveilleux monde des sciences sociales en 2017!

En passant, permettez-moi de vous rappeler brièvement que la soi-disant "culture du viol" est un mythe ridicule:

Un vent de raison et d'espoir
"Les boys, on a besoin de se parler"
Enseignons aux petits garçons à ne pas violer!
Quelle culture du viol?
La vraie culture du viol

Que voulez-vous, je suis incapable de faire fi de la réalité comme le fait M. Poulin. C'est ma grande faiblesse. C'est sans doute pour cette raison que mes propos ne sont pas les bienvenus dans Le Devoir.

Les femmes, construites socialement « en objets de désir, non en sujet de parole », écrit-il, à qui l’on demande par exemple si la prostitution est une activité comme une autre. « Je ne sais pas pourquoi on dit que les femmes ont choisi librement et rationnellement la prostitution, alors qu’on ne dit jamais qu’une personne a choisi d’être un homme de ménage. La majorité de la population n’a pas un travail gratifiant. Est-ce qu’on se demande si les autres personnes ont choisi leur travail, qu’il soit plate, harassant ou pénible ? » La question est tout simplement hors de propos.

Premièrement, des prostitués qui aiment leur job, ça existe. Je ne dis pas que c'est le cas de tout le monde, évidemment. Je dis simplement que, une fois de plus, M. Poulin tombe dans la généralisation abusive.

Deuxièmement, ce n'est pas parce que M. Poulin juge tel ou tel métier "plate, harassant ou pénible" que tout le monde pense comme lui. Moi, par exemple, je ne voudrais pas être concierge, mais le type qui fait le ménage de mon école est un gars très heureux, jovial et satisfait. Il me regarde avec ma gang de p'tits monstres et il ne m'envie pas une maudite seconde.

S'il sortait de sa bulle occasionnellement, M. Poulin serait sans doute renversé d'apprendre que dans le vrai monde, tout le monde ne pense pas exactement de la même façon.

Finalement, les femmes étaient peut-être "construites socialement en objets de désirs" qui doivent se taire dans certaines classes sociales, à une autre époque. C'est sans doute encore le cas dans certaines cultures. Mais ce n'est certainement pas le cas aujourd'hui, au Québec.

C’est un commerce aujourd’hui normalisé dans plusieurs pays, où les statistiques de « clients-prostituteurs » explosent, signale Richard Poulin. « Ce qui importe aux yeux des prostituteurs, c’est que les femmes ne tiennent pas compte de leurs propres désirs, de leurs exigences et de leurs sentiments personnels. Dans les bordels, seul le prostituteur est libre. »

Toujours des stéréotypes... M. Poulin ne voit que ça. Les prostitués ne sont pas toutes des esclaves. Évidemment, je veux qu'on vienne en aide à celles qui le sont, mais je veux également qu'on laisse les adultes sains d'esprit faire ce qu'ils veulent de leur corps.

(...) « La pornographie est devenue tellement banale que ceux qui réfléchissent sur ce sujet passent pour des puritains », déplore M. Poulin. Et pourtant, la porno comme la prostitution « enferment les sexualités dans des schémas patriarcaux plutôt que de les libérer. La libération sexuelle n’est pas la même chose que la libéralisation ».

Et la porno qui dépeint des hommes dominés, humiliés, enchaînés et frappés par des dominatrix, je suppose que c'est correct, ça? C'est positif parce que ça nous libère des "schémas patriarcaux"? C'est juste mal quand c'est Madame qui joue le rôle de la soumission, c'est bien ça?

(...) Sorte de recensement de ses études féministes sur trois sujets principaux, le livre constitue par ailleurs un retour pour le professeur Poulin, qui a dû plusieurs fois mettre de côté ces thèmes au cours de sa carrière. « Je suis devenu fou », confie-t-il.

Très soulagé de constater que vous l'ayez réalisé par vous-même, cher Monsieur.

Bon, je vous laisse, je n'ai pas que ça à faire, moi!

En bon homme qui se respecte, je dois maintenant aller regarder des films dans lesquels des femmes se font violer, me taper quelques putes-esclaves et tuer deux ou trois femmes avant le souper. Elles ne sont que des objets inanimés après tout, comme chacun sait. Elles n'ont aucun droit. Et ce qu'il y a génial, c'est que, puisque nous vivons dans un patriarcat, une culture d'agression et une économie vaginale industrialisée, rien de tout ceci ne fera sourciller qui que ce soit! Personne ne s'en surprendra une seule seconde! C'est la norme dans notre société! C'est M. Poulin  qui le dit!

Coucou! Coucou! Coucou!




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