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RIVERDALE - première saison

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Je ne savais pas trop à quoi m'attendre en mettant la main sur le coffret de la première saison de la série Riverdale. Je craignais tomber sur une série qui ne m'était pas du tout destinée, mais plutôt à des ados. Malgré tout, compte tenu de mon amour des BD de Archie qui ont meublé ma jeunesse, je n'ai pas pu résister à la tentation.

Et finalement, je ne regrette pas. J'ai été très solidement diverti.

Contrairement au matériel source qui est très humoristique, naïf et bon enfant, cette série est sombre. Sous des apparences bucoliques, règne une atmosphère très lourde en quasi-permanence. C'est d'ailleurs le thème central de cette série: la réalité qui se cache derrière les apparences, les secrets que l'on cache pour préserver son image et sa réputation.

Les personnages principaux sont assez fidèles aux comic-books. Archie est un gars rêveur, gaffeur, mais fondamentalement bon. Il a le coeur à la bonne place et est doté d'une conscience qui le torture parfois.

Betty est l'archétype de la "good girl next door", l'ingénue, la jolie fille sur qui on peut toujours compter. Bien que, à un moment donné, on commence à entrevoir un autre aspect de la personnalité de Betty, un aspect beaucoup plus revanchard et malsain, qui nous fait soupçonner que, comme plusieurs autres personnages de la série, elle cache sa vraie nature.

Veronica est un personnage intéressant parce qu'on la rencontre à un moment charnière de sa vie. Son père vient d'être emprisonné pour fraude et détournement de fonds, ce qui l'a poussée à se regarder longuement dans le miroir et à constater qu'elle n'aimait pas ce qu'elle voyait. La petite bitch pédante, égoïste et cruelle qu'elle a jadis été est morte et enterrée. La nouvelle Veronica tente désespérément de se prouver à elle-même qu'elle est une bonne personne.

Le personnage avec lequel les scénaristes ont pris le plus de liberté c'est Jughead et cela s'avère être un choix très judicieux. Dans les BD, c'est un personnage unidimensionnel et ridicule qui existe uniquement pour nous faire rire. Le Jughead de la série, qui en est également le narrateur, est un personnage complexe, tragique, torturé, intense et au final, très très attachant. Il est le loner, l'outsider, celui qui ne cadre pas avec les autres. Au début, on apprend qu'il s'est disputé avec Archie et leur relation est très tendue, mais la situation progresse et connaîtra de nombreux rebondissements. Il est de loin le personnage le plus intéressant de la série et le jeune acteur qui le joue est vraiment très fort.

Pratiquement tous les autres personnages de la BD sont présents dans des rôles secondaires: Reggie, Moose, Ethel, Dilton, Josie, Pops, Kevin Keller, Mlle Grundy, M. Weatherbee, etc. Plusieurs personnages sont joués par des acteurs qui appartiennent à des groupes ethniques divers (Reggie est asiatique, le directeur Weatherbee est noir, etc.), mais cela ne m'a pas dérangé. Personne ne fait grand cas de leur ethnicité, alors bien que le désir de plaire aux critiques multiculturalistes est évident, les personnages ne sont pas idéalisés parce qu'ils sont issus de minorités. Ça ne gâche rien.

Les parents des jeunes jouent un rôle très important dans l'histoire. Ils sont eux-mêmes d'anciens amis de secondaire que la vie a divisés et mis à rude épreuve, ce qui représente un dénouement que les jeunes souhaitent ardemment éviter. Au coeur du récit, on a la mort du frère de Cheryl Blossom, qui s'avérera finalement être un meurtre. Le crime sera élucidé dans le pénultième épisode de la saison, ce qui est à mon avis un choix très judicieux et éclairé. Étirer la sauce plus longtemps aurait été abusif.

Les épisodes se succèdent dans une atmosphère un peu surréaliste. Le monde qu'on nous dépeint est un étrange amalgame assez anachronique. Par exemple, les personnages utilisent tous leur téléphone cellulaire, mais les voitures datent des années 60. De même, l'habillement des personnages semble parfois appartenir à un autre âge. Les moeurs sont souvent sortis des années 50. Tout cela contribue à créer un monde intemporel fascinant.

Le scénario n'est pas parfait et il n'est pas dépourvu de trous, mais il a réussi à maintenir mon intérêt du début à la fin. Les dialogues sont généralement réussis, bien que certains d'entre eux sonnent occasionnellement très faux. Certains personnages sont assez déroutants et difficiles à cerner, mais ce qui semble d'abord inconsistant s'avère souvent être sensé à la lumière de révélations faites dans un épisode subséquent. L'opinion initiale qu'on se fait de certains personnages est souvent mise à rude épreuve à mesure que la série progresse et j'ai beaucoup aimé cela.

La séquence que j'ai tout simplement adorée survient dans le septième épisode. Jughead a un rêve dans lequel tous les personnages sont habillés comme dans les vieilles BD d'Archie des années 50. On nous dépeint initialement une scène bucolique de Thanksgiving, une version idéalisée de la famille américaine qui tournera finalement au cauchemar. Cliquez ici, si vous êtes curieux.

La scène qui m'a le plus déplu se déroule dans le troisième épisode. En fait, j'ai tellement détesté que je crois avoir grimacé en la regardant. Ça m'a donné envie de tout arrêter drette là.

Dans la séquence en question, Josie affirme à Archie que parce qu'il est blanc, il possède un privilège et qu'elle, parce qu'elle est noire, doit faire face à des obstacles qu'il ne rencontrera jamais. Archie baisse la tête honteusement et lui dit qu'il comprend.

J'étais complètement horrifié.

Mais après mûre réflexion, j'ai beaucoup aimé cette scène. Je ne crois pas que c'était l'intention des scénaristes, je crois qu'ils voulaient simplement nous vomir une petite leçon multiculturaliste anti-blanche dans la face, mais en bout de ligne ça leur a pété au visage.

Premièrement, Josie est tellement méprisante et agressive face à un Archie si gentil, soumis et honteux, lui qui a de plus eu un comportement irréprochable face à elle, qu'on ne peut pas s'empêcher de la trouver tout aussi détestable que sa diatribe. Ce n'était clairement pas l'intention des scénaristes, comme je le disais, mais c'est le résultat.

Deuxièmement, à mesure qu'on apprend à connaître les personnages, on réalise à quel point l'affirmation de Josie est stupide. Cette soi-disant opprimée a pour mère... la mairesse de la ville! Son père est un musicien célèbre! Josie et les Pussycats sont invitées pour chanter à tous les événements et sont chaudement applaudies par des foules majoritairement composées de blancs! Archie, lui, ne jouit d'aucun privilège. Son père est un travailleur de la construction dont la business va très mal. Bref, on ne peut pas s'empêcher de constater que la réalité ne reflète absolument pas l'affirmation de Josie.

Ironiquement, donc, le moment initialement si horrible s'avère être une belle leçon pour quiconque se donne la peine d'y réfléchir un instant.

L'autre truc qui m'a un peu interloqué, c'est la relation entre Archie et son prof de musique, Mlle Grundy. Je ne suis toujours pas entièrement certain de ce que j'en pense. D'une part, je suis heureux qu'on parle de cette réalité d'enseignantes qui ont des relations sexuelles avec des étudiants. C'est toujours bien mieux que l'habituel déni. Et la relation est effectivement dépeinte comme étant malsaine. Toutefois, on nous la montre tout de même de manière relativement favorable: Grundy n'est qu'une pauvre femme esseulée qui a été victime de violence conjugale et après tout, Archie l'a activement séduite. En bout de ligne, elle quitte la ville sans être dénoncée ou arrêtée. Un tel traitement serait impensable s'il s'était agi d'un enseignant masculin et d'une étudiante. Ce qui revient à dire que c'est "moins pire" quand la victime est un garçon...

Mais je ne veux pas m'attarder injustement sur les défauts de cette série. En réalité, j'ai eu beaucoup de plaisir à la regarder. J'ai été heureux de retrouver des acteurs que je n'avais pas vus depuis des années, comme par exemple Skeet Ulrich qui joue le père de Jughead et que j'ai reconnu grâce à son rôle dans le premier film SCREAM. Et j'ai été ravi de voir Molly Ringwald dans le rôle de la mère d'Archie.

Je ne sais pas si je regarderai la suite, je suis sceptique quant à sa capacité à maintenir mon intérêt plus longtemps ou à éviter de se répéter inlassablement, mais les 13 premiers épisodes se sont avérés être très divertissants.

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