Il y a quelques semaines, j'étais dans une formation avec un paquet d'enseignantes de divers écoles de la région. Bien que le sujet de la réunion n'était pas spécifiquement à propos de l'enseignement de l'écriture, de nombreuses enseignantes se sont mises à se plaindre de leurs élèves.
"On leur donne des outils pour qu'ils fassent de meilleurs textes, mais ils ne s'en servent pas!"
"On leur enseigne des stratégies pour identifier et corriger leurs fautes, mais ils ne les utilisent jamais!"
"Ils ne font aucun effort, ils ne veulent rien savoir!"
"Qu'est-ce que vous voulez qu'on fasse avec des élèves qui refusent de travailler?"
Si vous saviez le nombre de réunions auxquelles j'ai assisté et qui ont dérapé de la sorte. Je ne les compte plus. Et inévitablement, ces dérapages mènent à des discours semblables, un pluie de blâme habituellement dirigé vers les bureaucrates de la commission scolaire ou... les élèves.
Je n'ai aucun problème avec le fait de critiquer les bureaucrates. Ils le méritent très souvent.
Mais les élèves? Ça, non.
Je suis habituellement complètement passif et silencieux dans ces réunions, mais là c'était trop. J'ai pris la parole. Voici essentiellement ce que j'ai dit:
"Mettez-vous à la place des élèves. Imaginez que je vous demande immédiatement de passer des heures à écrire le meilleur texte que vous êtes capables d'écrire. C'est moi qui vous impose le sujet et il ne vous intéresse pas vraiment. De plus, je suis la seule personne qui vais le lire. Est-ce que vous trouveriez ça motivant? Est-ce que, dans ces conditions, vous auriez envie de pondre le meilleur texte de votre vie? Bien sûr que non! Ce qui nous motive à écrire un bon texte, c'est l'opportunité de pouvoir nous exprimer sur un sujet qui nous touche et le fait qu'il sera lu par les gens significatifs qui nous entourent. Ben, c'est la même chose pour nos élèves. C'est pour cette raison que, dans ma classe, l'écriture est presque toujours libre. Les élèves écrivent à propos de ce qui les intéresse. De plus, leurs textes, une fois terminés, sont publiés dans un recueil qui est distribué dans toute l'école. Certains sont même publiés sur notre blogue. Ça, c'est motivant. C'est comme ça qu'on donne le goût de l'écriture aux élèves et qu'on leur donne l'envie de se dépasser."
Vous croyez que mon commentaire a été bien reçu? Ha!
Il n'a engendré aucune introspection de la part de mes collègues. Elles me regardaient comme si j'étais un extra-terrestre.
Et dans le Zeitgeist actuel, avec toute l'emphase qui est placée sur l'enseignement formel de la grammaire au détriment de la liberté et du plaisir d'écrire, ce sont elles qui sont considérées comme des enseignantes compétentes et dociles. Dans un système qui mise tout sur le conformisme au dépend de l'originalité, ce sont elles qui sont dans la "bonne voie" et moi qui suis dans le champ.
Et moi, peu importe les résultats éclatants de ma démarche, je demeure l'éternel prof marginal, insubordonné et solitaire qui a de drôles d'idées et qui ne soulève que mépris et soupçons.
Il faut arrêter de blâmer les élèves pour tout ce qui ne va pas bien en classe. Il faut faire preuve d'introspection et se demander ce que nous, les enseignants, pouvons faire mieux. Il faut arrêter de perpétuer bêtement un système inadéquat qui n'atteint pas les objectifs qui devraient être ceux de l'école.
L'école existe pour servir les élèves, pas le contraire!
"On leur donne des outils pour qu'ils fassent de meilleurs textes, mais ils ne s'en servent pas!"
"On leur enseigne des stratégies pour identifier et corriger leurs fautes, mais ils ne les utilisent jamais!"
"Ils ne font aucun effort, ils ne veulent rien savoir!"
"Qu'est-ce que vous voulez qu'on fasse avec des élèves qui refusent de travailler?"
Si vous saviez le nombre de réunions auxquelles j'ai assisté et qui ont dérapé de la sorte. Je ne les compte plus. Et inévitablement, ces dérapages mènent à des discours semblables, un pluie de blâme habituellement dirigé vers les bureaucrates de la commission scolaire ou... les élèves.
Je n'ai aucun problème avec le fait de critiquer les bureaucrates. Ils le méritent très souvent.
Mais les élèves? Ça, non.
Je suis habituellement complètement passif et silencieux dans ces réunions, mais là c'était trop. J'ai pris la parole. Voici essentiellement ce que j'ai dit:
"Mettez-vous à la place des élèves. Imaginez que je vous demande immédiatement de passer des heures à écrire le meilleur texte que vous êtes capables d'écrire. C'est moi qui vous impose le sujet et il ne vous intéresse pas vraiment. De plus, je suis la seule personne qui vais le lire. Est-ce que vous trouveriez ça motivant? Est-ce que, dans ces conditions, vous auriez envie de pondre le meilleur texte de votre vie? Bien sûr que non! Ce qui nous motive à écrire un bon texte, c'est l'opportunité de pouvoir nous exprimer sur un sujet qui nous touche et le fait qu'il sera lu par les gens significatifs qui nous entourent. Ben, c'est la même chose pour nos élèves. C'est pour cette raison que, dans ma classe, l'écriture est presque toujours libre. Les élèves écrivent à propos de ce qui les intéresse. De plus, leurs textes, une fois terminés, sont publiés dans un recueil qui est distribué dans toute l'école. Certains sont même publiés sur notre blogue. Ça, c'est motivant. C'est comme ça qu'on donne le goût de l'écriture aux élèves et qu'on leur donne l'envie de se dépasser."
Vous croyez que mon commentaire a été bien reçu? Ha!
Il n'a engendré aucune introspection de la part de mes collègues. Elles me regardaient comme si j'étais un extra-terrestre.
Et dans le Zeitgeist actuel, avec toute l'emphase qui est placée sur l'enseignement formel de la grammaire au détriment de la liberté et du plaisir d'écrire, ce sont elles qui sont considérées comme des enseignantes compétentes et dociles. Dans un système qui mise tout sur le conformisme au dépend de l'originalité, ce sont elles qui sont dans la "bonne voie" et moi qui suis dans le champ.
Et moi, peu importe les résultats éclatants de ma démarche, je demeure l'éternel prof marginal, insubordonné et solitaire qui a de drôles d'idées et qui ne soulève que mépris et soupçons.
Il faut arrêter de blâmer les élèves pour tout ce qui ne va pas bien en classe. Il faut faire preuve d'introspection et se demander ce que nous, les enseignants, pouvons faire mieux. Il faut arrêter de perpétuer bêtement un système inadéquat qui n'atteint pas les objectifs qui devraient être ceux de l'école.
L'école existe pour servir les élèves, pas le contraire!