J'ai beaucoup aimé cette conversation entre trois représentants des partis souverainistes du Québec: Jean-Martin Aussant (Option nationale), Bernard Drainville (parti québécois) et François Saillant (Québec solidaire).
Plusieurs propos méritent d'être cités, voici quelques-uns de mes préférés.
"Il y en a qui pensent qu'il faut la faire au moment opportun. Moi je pense que, dès lors qu'on n'est pas souverains, le moment opportun c'est maintenant. Et ceux qui vous disent qu'il faut régler nos problèmes avant de devenir un pays (...) si tous les pays s'étaient dit ça, il n'y aurait aucun pays dans le monde parce que tous les pays ont toujours des problèmes à régler tout le temps." (Aussant, 17:55)
"Moi je trouve que c'est une abdication de leadership, un gars qui pense que la souveraineté est ce qu'il y a de mieux pour sa population mais qui au lieu de faire l'effort d'expliquer pourquoi, prend la voix facile de dire: "Jasons d'autre chose." Moi ça ne m'inspire pas du tout comme futur chef d'état." (Aussant, 20:10)
"Rappelez-vous qu'il n'y a jamais un peuple dans l'histoire de l'humanité qui a regretté d'être devenu souverain, c'est jamais arrivé qu'un peuple ou une entité veuille redevenir une province ou un canton." (Aussant, 20:55)
"Pourquoi, si un gouvernement souverainiste est élu, ne dirait-il pas à la population de façon très claire: "Vous votez pour nous, on enclenche ce qu'il faut en arrivant pour être un pays" et non pas d'attendre le moment opportun. Je dis ça parce qu'on verrait très mal Jean Charest dire à ses électeurs fédéralistes: "Si vous votez pour nous, on va rester une province si le contexte est opportun." Il ne dirait jamais ça." (Aussant, 23:30)
Question: "Un des problèmes que nous avons présentement, au Québec, c'est que le sentiment de fierté nationale s'est beaucoup affaibli. Par le cynisme, notamment, par l'espèce de climat de morosité. Si tu lis les journaux, tu as l'impression qu'on est juste un peuple de perdants, que tout va mal et que le Québec est un gros échec. Comment on fait pour créer les conditions de fierté qui vont donner le goût aux Québécois de se donner un pays?" (Drainville, 39:05)
Réponse: "On leur dit qu'on va le donner le pays, c'est un bon départ, non? Le discours de se dire que les gens ne sont pas là en ce moment, c'est exactement ce que François Legault dit, il veut surfer là-dessus pour se faire élire. Moi je pense qu'un chef d'un parti souverainiste doit gagner en parlant de souveraineté et non pas en disant: "On va faire autre chose, le ménage, et ensuite on vous amènera le beau projet." Je pense que c'est une abdication de leadership souverainiste. Un chef d'un parti souverainiste doit dire qu'en arrivant au pouvoir, il va faire la souveraineté et ça le force même à être plus clair dans ses arguments et donc ça va rassembler encore plus de monde derrière l'idée." (Aussant, 39:37)
"Je pense que c'est pire pour la cause souverainiste qu'un gouvernement perçu comme souverainiste vienne au pouvoir sans faire la souveraineté que d'attendre un tour pour qu'un gouvernement résolu à la faire la fasse. Il faut arrêter de dire qu'on la fera quand le moment est opportun. Le rôle d'un parti c'est de gagner en disant que le moment, c'est maintenant." (Aussant, 42:48)
"Un parti qui dit: "Vous aurez peut-être un pays si vous votez pour nous", non seulement c'est vraiment pas clair et l'électorat mérite de la clarté, mais en plus ça n'incite pas à être emballé par ce projet-là quand les porteurs même doutent du moment opportun. C'est maintenant le moment opportun et il faut dire aux gens qu'on va la faire." (Aussant, 47:30)
"Bernard, tu dis que la condition fondamentale pour la souveraineté c'est la confiance. Encore faut-il que ceux qui veulent la faire comme élus démontrent une certaine confiance qu'ils peuvent gagner l'élection en parlant de souveraineté." (Aussant, 48:58)
"Je pense profondément que les gens, pour qu'ils adhèrent au projet d'indépendance et pour qu'ils aillent jusqu'au bout de cette démarche-là, c'est au moment où ils vont penser que ça change quelque chose dans leur vie." (Saillant, 50:05)
"Je rêve de l'unité des forces souverainistes et je pense que si on est pour faire l'indépendance du Québec, nous sommes condamnés à s'unir un jour et à se rassembler un jour." (Drainville, 1:11:30)
Vous devinerez probablement, en lisant ceci, que j'ai une affection particulière pour M. Aussant.
Personnellement, la dernière élection m'a convaincu une fois pour toute que la maudite stratégie attentiste du PQ est en grande partie responsable de son long et inexorable déclin depuis 20 ans et qu'il ne pourrait pas être encore plus faible s'il décidait enfin de s'assumer en tant que parti souverainiste et d'en faire la promotion activement et fièrement.