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"Belle société aux préjugés moyenâgeux"

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Vous remarquerez sûrement que je n'ai publié absolument aucun billet à propos de l'interminable saga de Guy Turcotte. En vérité, j'évite ce freak show comme la peste. Lorsqu'il en est question à la radio, je change le poste. C'est vrai que les faits divers ne m'intéressent pas, mais c'est encore plus vrai lorsqu'ils se transforment en cirque médiatique.

Toutefois, le titre de cet article du Huff Post a attiré mon attention ce matin:

«Isabelle Gaston mérite ce qu'elle a subi»

Intrigué, je l'ai lu. Sans trop savoir à quoi m'attendre. Et, comme cela arrive si souvent, je me suis retrouvé plongé dans la lecture d'un beau torchon féministe. Un de plus.

L'auteure, Marilyse Hamelin, débute son article en expliquant qu'elle ne lit plus les commentaires qui sont publiés en réaction à ses articles parce que la bêtise humaine l'exaspère. Elle qualifie même de masochiste un collègue qui prend le temps de les lire.

J'ai trouvé ce commentaire assez condescendant. Il me semble que l'un des intérêts fondamentaux de publier sur l'Internet, c'est de pouvoir interagir avec nos lecteurs. Il me semble que si un article provoque le débat, c'est bon signe et que c'est même très sain dans un contexte démocratique. Mais bon, si Mme Hamelin préfère vomir sur ses lecteurs, c'est son droit. Je n'ai jamais lu un seul de ses articles auparavant, alors ça ne m'insulte pas personnellement.

Mme Hamelin nous explique ensuite que ce qui a provoqué son indignation, ce sont des commentaires publiés par des lecteurs en réaction à des articles qui parlaient de l'affaire Guy Turcotte:

On pourrait condenser toutes les variantes de ces commentaires de marde («appelons un rat un rat», comme dit Mathieu) et résumer ça ainsi :

«Comment peut-on tromper son mari en pensant qu'il n'y aurait pas de conséquences? Elle aurait dû y penser et aujourd'hui, elle devrait prendre sa part de blâme et se faire discrète, plutôt que d'aller pleurer des larmes de crocodile devant les caméras pour avoir ses 15 minutes de gloire.»

J'ignore si ce petit paragraphe résume bien le sens des commentaires que dénonce Mme Hamelin, mais si c'est le cas, alors il s'agit effectivement de commentaires profondément stupides et mesquins. De toute évidence, Mme Gaston ne peut absolument pas être tenue responsable de la mort de ses enfants. 

Si je trompais ma femme avec sa meilleure amie (c'est pas vraie ma chérie, Tina ne m'intéresse absolument pas, je t'assure, je dis ça uniquement pour illustrer mon argument), que mon épouse décidait ensuite d'aller se saouler la gueule, de prendre le volant et qu'elle causait un accident qui tuait 3 personnes, cela signifierait-il que je devrais en être tenu responsable? On voit bien que c'est ridicule et qu'il faudrait avoir un esprit particulièrement tordu pour l'affirmer. 

On peut bien argumenter à propos de la moralité de l'infidélité tant qu'on veut, cela pourrait d'ailleurs donner une conversation fort intéressante, mais ça ne signifie absolument pas que le fait d'avoir été infidèle justifie un crime, ou encore que ce geste rend le parent adultère partiellement responsable du meurtre de ses enfants, calvaire! 

Bref, si des gens ont véritablement tenu de tels propos, alors soit ce sont des gens qui ne réfléchissent pas avant de se faire aller la gueule, soit ce sont de parfaits imbéciles marginaux, probablement aussi des gens religieux aux insipides valeurs moralisatrices.

Malheureusement, cette conclusion ne satisfait apparemment pas l'auteure de l'article:

Sur le coup, je n'en revenais pas. Mon réflexe premier a été de lui répondre : «Non, mais, c'est TELLEMENT gros... Rendu là c'est pas un texte féministe, que ça prend, c'est un texte sur la bêtise humaine! Ce courant-là est le fait de nombreux idiots bruyants, mais, ultimement, ça demeure marginal, non?»

Eh bien non, ce n'est pas SI marginal, m'a-t-il confirmé. C'est vraiment une idée qui traîne parmi nos concitoyens. Assez pour que ce commentaire récolte quelque 50 pouces en l'air (...) Pouvez-vous croire ça?

Puis-je croire qu'un commentaire épais sur FB récolte 50 pouces en l'air? Oui, Mme Hamelin, je le crois facilement. J'ai déjà vu des commentaires tout aussi intellectuellement putrides publiés chez les Amerloches récolter des centaines, voire des milliers de pouces en l'air. Que voulez-vous, une plus grosse population signifie plus de génies, mais également plus de cons. C'est comme ça. Bref, 50 pouces en l'air, sur l'Internet, y'a rien là.

Au tribunal de la morale populaire du XXIe siècle, il semblerait que le slutshaming (blâmer et humilier une femme en raison de sa sexualité jugée débridée) pèse toujours plus lourd dans la balance que le fait d'assassiner ses propres enfants de dizaines de coups de couteau.

Belle société aux préjugés moyenâgeux, j'ai envie de dire. Un coup parti, érigeons-lui un bûcher et brûlons-la tout de suite....

Et voilà l'inévitable dérapage hystérique féministe.

Pour Mme Hamelin, 50 pouces en l'air sont suffisants pour affirmer que dans la morale populaire contemporaine, le slutshaming pèse plus lourd que l'infanticide!

Pour Mme Hamelin, 50 pouces en l'air sont suffisants pour affirmer que nous vivons dans une société aux préjugés moyenâgeux! Pas juste quelques marginaux, non, non, non, TOUTE la société!

Pour Mme Hamelin, 50 pouces en l'air sont suffisants pour affirmer que la population du Québec souhaite que Mme Gaston soit brûlée vive sur la place publique! Regardez par la fenêtre du salon, ils sont là, armés de fourches et de torches!

Ces affirmations sembleront complètement hallucinantes à quiconque est encore doté d'un modicum de sens critique. Mais pour les féministes comme Mme Hamelin, ceci est parfaitement justifié et sensé. Si vous étiez convaincu que nous vivons tous dans un horrible patriarcat misogyne, vous le croiriez vous aussi.

Mais dites-moi, qui est plus dangereux dans notre société?

L'imbécile heureux qui a écrit un commentaire stupide et qui a récolté 50 pouces en l'air d'autres imbéciles heureux comme lui?

Ou la journaliste féministe hystérique qui possède une tribune officielle et qui a obtenu, au moment d'écrire ces lignes, pas moins de 5100 pouces en l'air, 578 partages et 117 commentaires?

Ces chiffres sont-ils consistants avec la théorie féministe de la société patriarcale moyenâgeuse où la morale populaire exige que les femmes adultères soient publiquement brûlées sur le bûcher?

Ou démontrent-ils plutôt que nous vivons dans une société où l'idéologie féministe s'est imposée au point de rendre acceptables et admirables de tels propos complètement déjantés?

Vous savez combien de journalistes, de blogueurs et de chroniqueurs employés et cités dans nos médias font des déclaration du genre: "Isabelle Gaston est en partie responsable du meurtre de ses enfants"? 

C'est ça. Aucun.

Vous savez combien de journalistes, de blogueurs, d'auteurs et de chroniqueurs employés et cités dans nos médias souscrivent à l'idéologie féministe et multiplient les déclarations sexistes, misandres et discriminatoires à longueur de journée sans jamais être embêtés, mais en étant plutôt applaudis?

Plein: Rima Elkouri, Jasmin Roy, Aurélie Lanctôt, Marc Cassivi, Francine Pelletier (bis), Lise Payette, Geneviève St-Germain, Marie-Claude Malboeuf, Sophie Bérubé, Nathalie Couillard, Martine Delvaux, Marilyse Hamelin et Pascale Navarro, Marie-Josée Roy, Nathalie Rocailleux, Nathalie Petrowski, Louise Gendron et j'en passe...

Comment cela serait-il possible dans une société patriarcale sexiste dominée par la misogynie moyenâgeuse où le fait de brûler des femmes adultères est considéré socialement acceptable?

Si seulement Mme Hamelin s'était arrêtée là.

Si seulement...

Mais non, elle a été suffisamment odieuse pour pousser encore plus loin:

Ce texte publié dans Le Devoir en 2012 met parfaitement en lumière l'angle mort de la violence conjugale dans «l'affaire Turcotte». La femme quitte son conjoint et pour la punir, celui-ci lui enlève ce qu'elle a de plus précieux au monde, ses enfants.

Va-t-elle résister à la tentation de généraliser? Bien sûr que non:

Chaque année, des hommes qui n'acceptent pas une rupture tuent leurs enfants. Parfois, ça fait les manchettes, parfois non. Ça dépend du menu de l'actualité du jour et du statut social des protagonistes du drame (des médecins, tout de même... Un cardiologue!) La plupart du temps, on classe cette violence systémique dans les faits divers et hop, on n'en reparle plus. Circulez, il n'y a rien à voir. Pour un débat de société complet sur la violence conjugale, on repassera la semaine des quatre jeudis...

Hallucinant.

Mme Hamelin considère que LES HOMMES qui tuent leurs enfants constituent une "VIOLENCE SYSTÉMIQUE" qui n'est que brièvement mentionnée dans les "faits divers" et dont on parle trop peu.

Trop peu? Dans le même article qui parle de l'affaire Turcotte, un cirque médiatique qui tapisse les écrans et les journaux DEPUIS DES ANNÉES???

Vous voulez qu'on parle de la violence qui est occultée dans les médias, Mme Hamelin?

Vous voulez vraiment qu'on en parle de cette violence qui n'est que brièvement mentionnée dans les faits divers avant d'être reléguée aux oubliettes?

Parce qu'elle existe cette violence-là, Mme Hamelin. C'est la violence des MÈRES!

Pourquoi ne parlez-vous pas de Sonia Blanchette qui a noyé ses bébés âgés de 5, 4 et 2 ans suite à un conflit à propos de la garde des enfants?

Pourquoi ne parlez-vous pas de Marie-Pier Normand-Lejeune qui a abandonné son bébé naissant dans une poubelle en plein mois de février?

Pourquoi ne parlez-vous pas de Louise Desnoyers qui a noyé son fils de 8 ans dans le Lac Champlain? Malgré ce crime abominable, certains ont même signé une pétition pour qu'elle soit libérée! J'imagine votre réaction si des gens avaient signé une telle pétition pour Guy Turcotte!

Pourquoi ne parlez-vous pas de Véronique Courjault qui a avoué avoir tué trois de ses nourrissons ou du fait qu'elle a été condamnée en juin 2009 à huit ans d'emprisonnement, mais qu'elle a bénéficié d'une libération conditionnelle dès mai 2010?

Pourquoi ne parlez-vous pas de Céline Lesage qui a avoué avoir tué six nouveaux-nés?

Pourquoi ne parlez-vous pas de Virginie Labrosse dont les trois nouveau-nés morts ont été trouvés dans des malles et un congélateur?

Pourquoi ne parlez-vous pas de Marinette Pezin qui a noyé et enterré trois bébés?

Pourquoi ne parlez-vous pas de Melissa Schrae Bowen qui a noyé son bébé naissant dans une toilette?

Pourquoi ne parlez-vous pas de Rakhi Balpande qui a tué son fils handicapé à coups de bâton de criquet pour cacher une liaison amoureuse illicite?

Pourquoi ne parlez-vous pas de cette mère qui a tué ses trois enfants âgés de 2, 6 et 10 ans et qui a gravement blessé son conjoint à l'arme blanche?

Pourquoi ne parlez-vous pas de cette autre mère qui a tué son bébé et son enfant de 5 ans à coups de couteau?

Pourquoi ne parlez-vous pas de Dominique Cottrez qui a assassiné HUIT de ses nouveaux-nés? Elle avait d'abord affirmé avoir été violée, une excuse classique qui a toujours beaucoup de succès devant les tribunaux. Mais un interrogatoire serré l'a finalement fait avouer qu'elle n'avait jamais été victime de viol.

Pourquoi ne parlez-vous pas de cette mère qui a tué trois de ses enfants au Maroc?

Pourquoi ne parlez-vous pas de cette mère belge qui a noyé ses deux fils de 2 et 6 ans?

Pourquoi ne parlez-vous pas de Ka Yang qui a tué son bébé d'un mois en le passant au micro-ondes?

Pourquoi ne parlez-vous pas de Zakieya Latrice Avery qui a poignardé à mort deux de ses enfants afin de les "exorciser" et de les "libérer des esprits diaboliques"?

Pourquoi ne parlez-vous pas de cette femme qui a enfermé trois de ses filles, âgées de 7, 5, et 3 ans, dans une remise avant d'y mettre le feu?

Pourquoi ne parlez-vous pas de Andrea Yates qui a noyé ses 5 enfants dans une baignoire?

Pourquoi ne parlez-vous pas de Julie Schenecker qui a froidement abattu son fils, Beau et sa fille, Calyx âgé de 13 et 16 ans. Sans le moindre remord, elle décrit son crime monstrueux en ces mots: «Je me suis entraînée sur Beau. J'ai accidentellement tiré sur la vitre puis je l'ai tué. Une balle dans la tête, une autre dans la bouche parce qu'il devenait tellement grande gueule comme Calyx.» Ensuite, elle s'est rendue dans la chambre de sa fille. Cette dernière était en train de réviser lorsque sa mère lui a tiré une balle dans la tête, puis une autre dans la bouche.

Pourquoi ne parlez-vous pas de Cassidy Goodson qui a étranglé son bébé naissant?

Pourquoi ne parlez-vous pas de Erin Agren qui a battu son mari et son bébé naissant?

Pourquoi ne parlez-vous pas de cette femme qui s'est servi d'un briquet pour brûler un dessin sur la joue de son bébé de 16 mois?

Pourquoi ne parlez-vous pas de Mitchelle Blair qui a torturé et tué ses enfants?

Pourquoi ne parlez-vous pas de Heidi S. Mann qui a tenté de tuer ses quatre enfants suite à un divorce?

Pourquoi ne parlez-vous pas de Emma Wilson qui a tué son nourrisson?

Pourquoi ne parlez-vous pas de cette mère qui a jeté son bébé aux poubelles?

Pourquoi ne parlez-vous pas de Fabienne Kabou qui a jeté son enfant à la mer parce qu'elle le considérait "incompatible avec sa vie amoureuse"?

Pourquoi ne parlez-vous pas de Mairead Philpott qui a brûlé ses six enfants?

Pourquoi ne parlez-vous pas de Meredith Borowiec qui a abandonné trois de ses bébés dans des dumpsters?

Pourquoi ne parlez-vous pas de Amanda Hutton qui a tué son petit garçon de 4 ans?

Pourquoi ne parlez-vous pas de Natasha Sultan qui a tué son nouveau-né mais qui n'ira même pas en prison?

Non seulement Mme Hamelin et ses collègues des médias passent ces drames abominables largement sous silence, non seulement (pour la citer) "on classe cette violence systémique dans les faits divers et hop, on n'en reparle plus. Circulez, il n'y a rien à voir."

Mais en plus, Mme Hamelin a le CULOT de venir nous cracher au visage que LES HOMMES qui tuent leurs enfants constituent une "VIOLENCE SYSTÉMIQUE" qui n'est que brièvement mentionnée dans les "faits divers" et dont on parle trop peu???

L'outrecuidance des féministes ne connaît vraiment AUCUNE limite.

Absolument aucune.

Mais vous savez quoi, Mme Hamelin? Je ne suis pas comme vous.

Malgré tous ces crimes atroces, JAMAIS vous ne me verrez faire de grossières généralisations et affirmer que LES FEMMES qui tuent leurs bébés sont les symptômes d'une VIOLENCE SYSTÉMIQUE.

Jamais je ne dirai que tous les meurtres d'enfants sont perpétrés par les mères en faisant semblant que ceux qui sont commis pas les pères n'existent pas.

Jamais je n'assignerai le blâme de ces ignominies perpétrées par des détraquées à toutes les femmes ou à toute la société.

Jamais vous ne me verrez diaboliser toutes les femmes de la sorte.

Vous savez pourquoi?

Parce que je ne suis pas un sale sexiste, moi, Mme Hamelin.




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