Les lecteurs de longue date de ce blogue savent que je ne suis pas particulièrement syndicaliste et que je n'idéalise pas du tout les profs de primaire. En effet, je ne me suis jamais gêné pour critiquer mon syndicat et les pratiques de mes collègues.
Toutefois, je dois dire que mes présentes collègues m'ont beaucoup réconcilié avec ma profession. On n'est pas toujours d'accord sur tout, mais les femmes avec qui je travaille présentement font preuve de plus de tolérance et de respect envers moi que tout ce que j'ai connu auparavant. Je les vois également, à tous les jours, tenter comme moi de respecter les moyens de pression syndicaux tout en essayant tant bien que mal de faire en sorte que cela ait le moins d'impact possible sur les enfants. Et je les vois aussi, comme moi, tenter tant bien que mal de faire des miracles avec bien peu de ressources. Mon respect à leur égard est sans cesse grandissant.
Ces dernières semaines, j'ai donc fait du piquetage avec une conviction que je n'avais pas ressentie depuis longtemps. J'ai deux enfants et je peux vous assurer que la perte de six jours de salaire fait très mal à mon petit budget familial, mais l'éducation me tient suffisamment à coeur pour justifier ce sacrifice. Et je suis très heureux de dire qu'un très grand nombre d'automobilistes klaxonnent pour nous appuyer. Si vous êtes l'un de ceux-là, je vous en remercie.
L'attitude cavalière et méprisante du gouvernement libérale ne fait certainement rien pour apaiser ma colère et mon indignation. Pendant qu'on nous dit que les coffres sont vides, pendant que les secteurs de l'éducation et de la santé subissent d'odieuses compressions, pendant qu'on estime à 3,5 milliards les pertes de revenu de l'état dus à l'évasion fiscale (souvent dans des paradis fiscaux comme celui qu'a utilisé Couillard lui-même), voyez par vous-même où sont investis les fonds publics:
Québec investira 1 milliard $ pour stimuler les mines
Alors que les manifestations se multiplient, afin de protester contre les mesures austères du gouvernement libéral, un projet de loi est déposé à l'Assemblée nationale, afin d’augmenter le salaire des députés et du premier ministre.
Les députés québécois seront les mieux payés au pays
Au-delà du salaire de base, on note aussi des variations importantes dans les autres conditions de travail. Ainsi, les députés québécois ont droit à une allocation de dépenses non imposable de 16 465 $, ce à quoi n'ont pas droit la plupart de leurs collègues des autres provinces et des territoires.
En intégrant à leur salaire global cette allocation de dépenses, comme le propose le Rapport L'Heureux-Dubé, les députés québécois gagneront un salaire de base de 140 117 $, ce qui fera d'eux les députés provinciaux ayant le salaire le plus élevé à l'échelle des provinces canadiennes. (...) Au Québec, la commission L'Heureux-Dubé avait qualifié de «Ferrari» le régime de retraite auquel ont droit les élus québécois.
Le mépris des libéraux ne connaît, semble-t-il, ab-so-lu-ment aucune limite.
Ni leur corruption, d'ailleurs:
Les ordres provenaient du PLQ
L’UPAC croit que c’est le parti qui fixait lui-même le montant des contributions illicites des entreprises. Le Parti libéral du Québec (PLQ) aurait lui-même demandé des montants précis à plusieurs entreprises pour son stratagème de financement illégal, et non l’inverse, soutient la police.
La machine à amasser de l’argent
Dans le tumulte causé par l’affaire du p’tit Jérémy et celle du niqab, une nouvelle est passée presque inaperçue, cette semaine: l’affidavit de l’UPAC concernant le Parti libéral du Québec sous Jean Charest.
(...) «Le PLQ aurait lui-même demandé des montants précis à plusieurs entreprises pour son stratagème de financement illégal, et non l’inverse, pouvait-on lire. «C’est ce qu’ont affirmé plusieurs dirigeants d’entreprises rencontrés au cours des derniers mois par l’Unité permanente anticorruption, apprend-on dans un affidavit dont de nouveaux passages ont été rendus disponibles par un juge hier matin.»
Pendant longtemps, on a cru que c’était les entreprises elles-mêmes qui décidaient de donner de l’argent au PLQ. C’était leur choix. Elles prenaient cette initiative dans l’espoir d’obtenir un renvoi d’ascenseur de la part du gouvernement Charest. Or, à la lumière des nombreux témoignages recueillis par l’UPAC, il appert que c’est l’inverse. C’est le PLQ qui demandait aux entreprises de lui verser de l’argent!
(...) Un entrepreneur a même dit qu’on lui demandait de verser 100 000 $ en contribution au parti, s’il voulait obtenir des contrats! (...) Qui était derrière ce stratagème bien huilé destiné à remplir les coffres déjà bien garnis du PLQ?
Réponse officielle: Marc Bibeau, grand argentier du parti et ami personnel de Jean Charest, et Violette Trépanier, directrice du financement du PLQ de 2001 à 2013. Ce sont eux, les responsables!
Ce qui nous amène à la deuxième question... Croyez-vous que ces deux personnes ont agi seules, de leur propre initiative? Qu’elles ont décidé par elles-mêmes de monter ce stratagème? Que personne au-dessus d’elles n’avait eu vent de leurs gestes et ne connaissait leur manège? (...) quelque chose me dit que si monsieur Bibeau et madame Trépanier n’avaient aucun scrupule à agir de la sorte, c’est qu’ils se sentaient sur un terrain solide.
La corruption ne pousse pas toute seule comme de la mauvaise herbe dans les craques d’un trottoir. Ça prend une culture, un climat, un contexte bien particulier. Marc Bibeau n’est pas n’importe qui. C’est un proche de Jean Charest, un chum. Il va encaisser le coup pour protéger son ami, il va mordre la poussière. Mais ça ne veut pas dire qu’il est le seul et unique responsable...
Et, étrangement, le système de "justice" ne semble pas particulièrement pressé de bouger dans ce dossier, comme c'est bizarre:
ENQUÊTES TRANSMISES AU DPCP: L’UPAC S’IMPATIENTE
Une demi-douzaine d’enquêtes complétées par l’Unité permanente anticorruption (UPAC) dorment depuis plusieurs mois au bureau du Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP). De ces dossiers, deux touchent le financement du Parti libéral du Québec, les autres sont de ressort municipal ou concernent des contrats publics.
De source sûre, La Presse a appris que l’impatience a atteint un sommet à l’UPAC devant l’inaction inexpliquée de la Couronne dans ces dossiers délicats qui se retrouvent dans les limbes. À l’interne, les enquêteurs sont carrément démobilisés par l’absence de suivi au travail qu’ils ont fait, explique-t-on.
Pour tous les dossiers qui relèvent de l’UPAC, les enquêtes sont bouclées depuis le début de 2015, et la Couronne a cessé depuis longtemps de demander des compléments d’information. Du point de vue de l’UPAC, ces dossiers n’attendent plus que la décision de déposer ou non des accusations.
(...) À l’UPAC, le mécontentement chez les troupes a grimpé d’un cran le printemps dernier. La Couronne devait déposer des accusations le Jeudi saint, une décision qui permettait d’arrêter un acteur important. Le scénario de l’opération était établi, d’un bout à l’autre de la chaîne, du côté policier. On avait même prévu les congés en fonction de cette date d’opération inhabituelle – ces interventions se font généralement en milieu de semaine, au moment où les effectifs sont à leur maximum.
Contrairement à ce qu’il avait indiqué au corps policier, le DPCP s’est esquivé à la dernière minute, les accusations attendues n’ont pas été déposées. Encore là, Me Boucher, du DPCP, se refuse à tout commentaire.
Déjà, en faisant son bilan de 2014, en décembre dernier, le patron de l’UPAC, Robert Lafrenière, avait indiqué que son unité avait une quarantaine d’enquêtes «actives». Dans bien des cas, les limiers sont en relation constante avec la Couronne, qui demande des compléments d’enquête. Mais dans les six dossiers en cause, il n’y a plus de requêtes du genre depuis longtemps; l’enquête est terminée à la satisfaction de la Couronne, qui suspend indéfiniment sa décision.
Et après ça, ces mêmes libéraux ont le culot de venir critiquer les moyens de pression des syndicats:
Les moyens de pression syndicaux sont «inacceptables», dit Coiteux
Le front commun des employés de l'État tient jeudi et vendredi une deuxième ronde de grèves tournantes. Des débrayages ont lieu à Montréal et Québec, ainsi que dans différentes régions de la province.
«De prendre la population du Québec en otage en la privant de services, de faire comme on a vu au cours des derniers jours, même des actes de vandalisme dans certains cas, c'est tout à fait inacceptable», a dit M. Coiteux jeudi.
Québec ne va pas «tolérer» ces moyens de pression, a prévenu le ministre lors d'une réponse en anglais. Mais il n'a pas été jusqu'à menacer les syndiqués d'adopter une loi spéciale pour leur imposer des conditions de travail.
Et la corruption libérale, c'est acceptable ça, M. Coiteux?
Et la tolérance des paradis fiscaux, c'est acceptable ça, M. Coiteux?
Et la dilapidation des fonds publics pour venir en aide à des entreprises privées, c'est acceptable ça, M. Coiteux?
Et une étrange incapacité du système de justice de déposer des accusations contre le parti au pouvoir et ses tinamis, c'est acceptable ça, M. Coiteux?
Et tiens, pendant qu'on y est, un gouvernement qui considère le peuple qu'il représente trop minable pour être égal aux autres nations du monde, c'est acceptable ça, M. Coiteux?
Et un gouvernement sous lequel l'environnement est systématiquement négligé, souillé et scandaleusement mis en péril, c'est acceptable ça, M. Coiteux?
Une arrogance et un mépris sans limite, que j'vous dis... alors oui, chers lecteurs, je serai de retour sur les lignes de piquetage avec ma pancarte et avec un enthousiasme inégalé.