Quand j'entends le premier ministre élu du Canada, Justin Trudeau, parler de "changement", je ne sais plus si je dois rire ou pleurer... quelle sombre farce.
Depuis presque un siècle et demi, les Québécois sont condamnés à revivre en boucle les mêmes désillusions et les mêmes trahisons. Tous les Québécois qui ont occupé le poste de premier ministre du Canada se sont avérés être les pires renégats hypocrites qu'il soit possible d'imaginer. Loin de défendre les intérêts de leurs concitoyens, ils ont systématiquement trahi leurs compatriotes pour s'attirer les bonnes grâces de la majorité anglophone.
Wilfrid Laurier
Il y a d'abord eu Wilfrid Laurier, qu'a d'ailleurs fièrement évoqué Justin Trudeau dans son allocution. Ce fut le grand maître dans l'art de tenir un discours devant les anglophones canadiens et un tout autre devant les francophones du Québec. Ainsi, en 1885, à Montréal, il affirme qu'il aurait pris les armes aux côtés de Louis Riel, rien de moins! Quelques mois plus tard, à Toronto, il déclare: «I fully admit that the English language is bound to be the language of this country, and no man in his senses will deny it. For I simply confine myself to say that we are the French race and have certain duties, and have to fulfil those duties and nothing more.»
Une fois au pouvoir, Laurier fera toujours primer les intérêts anglophones aux détriments de ceux de ses compatriotes. Par exemple, peu se souviennent que le Manitoba a jadis été un territoire francophone qui aurait put devenir une seconde province française. Évidemment, les anglophones ne l'entendaient pas ainsi et le Manitoba décida de retirer leur financement à toutes ses écoles catholiques-françaises et d'abolir le français comme seconde langue officielle de la province. Laurier, loin de voler au secours des francophones du Manitoba, les laissa tomber en acceptant un compromis pitoyable. Le français demeura absent de la plupart des écoles et bien qu'un conseil scolaire francophone fut rétabli, il ne reçut aucun financement du gouvernement. Sans statut officiel et sans écoles, le français débuta ainsi son inexorable déclin au Manitoba et Laurier en est largement responsable.
En 1899, lorsque le Royaume-Uni décide de déclarer la guerre aux Boers d'Afrique afin de mettre main basse sur leurs richesses minières, l'empire demande l'aide du Canada. Faisant fi de l'opposition du Québec, Laurier met 8300 soldats à la disposition de Londres et lui octroie 3 millions de dollars pour financer sa guerre. Résultat: des dizaines de milliers de morts, dont plusieurs succombent dans des camps de concentration britanniques.
En 1911, dans un rare moment de lucidité, Laurier fit cette surprenante déclaration: «Nous sommes forcés d'arriver à la conclusion que le Québec seul est notre patrie, parce que nous n'avons pas de liberté ailleurs.»
Louis Saint-Laurent
Saint-Laurent occupait le poste de ministre de la Justice dans le gouvernement de Mackenzie-King, pendant la deuxième guerre. C'est ce gouvernement qui trahit la confiance des Québécois en leur imposant une conscription militaire en dépit de ses promesses électorales.
Quant à Saint-Laurent, c'est en s'attaquant à un de ses compatriotes qu'il acquis la faveur des anglophones du Canada. En effet, lorsque le député québécois de Lotbinière, René Chaloult déclara, dans un discours anticonstriptionniste: "Je crois qu'après cette guerre se rompra tout lien avec l'Angleterre", Saint-Laurent décida d'entreprendre des poursuites judiciaires contre lui pour "propos séditieux". L'affaire fit beaucoup de bruit et ne fit rien pour augmenter la popularité de Saint-Laurent au Québec. À l'opposé, le Canada anglais le vit dès lors comme un homme qui ne craignait pas de remettre ces damnés traîtres canadiens-français à leur place. C'est grâce à la faveur des électeurs anglophones que Saint-Laurent devint premier ministre du Canada.
Ironiquement, la prédiction "séditieuse" de Chaloult s'avéra être la bonne et après la guerre, le Canada cessa d'être subordonné à la politique étrangère britannique.
Pierre Trudeau
Le mépris de Trudeau envers ses compatriotes et sa haine viscérale à l'égard des souverainistes québécois étaient sans bornes.
Dès son arrivée à Ottawa, Trudeau mena une véritable guerre secrète et illégale contre les souverainistes. L'affaire ne devint publique qu'en 1992:
L'ancien premier ministre Pierre Trudeau et son ex-collègue à la justice John Turner ont manqué à leur devoir en accordant leur «consentement tacite» à la poursuite des activités illégales de la GRC au début des années 70. C'est ce que soutient un document marqué «top secret» prépapré par les avocats et le service de recherche de la Commission d'enquête McDonald sur les activités ilégales de la GRC. Le texte de 93 pages, don't La Presse a obtenu copie en vertu de la Loi d'accès à l'information, blâme sévèrement les hommes politiques.
(...) La commission a conclu que MM. Trudeau et Turner avaient été informés du fait que le service de sécurité de la GRC se livrait à des activités illégales depuis 20 ans lors de la réunion du Comité du cabinet sur la planification et les priorités du 1er décembre 1970. (...) «Nous croyons qu'ils (NDLR : MM. Trudeau et Turner) avaient le devoir de s'enquérir de la nature et de la fréquence des activités illégales évoquées à cette réunion afin de déterminer si elles étaient permises ou prévues par la loi. Comme il n'existe aucune preuve démontrant que MM. Trudeau et Turner ont fait enquête à ce sujet, nous soutenons qu'ils pourraient avoir manqué à leur devoir de donner des directives au Service de sécurité pour que cessent ces activités illégales», ajoutent les avocats Kelly et Cronk.
«On peut raisonnablement en déduire qu'en s'abstenant de s'enquérir et de donner des ordres ensuite au Service de sécurité pour qu'il abandonne ses activités illégales, ils donnaient leur consentement tacite à la poursuite de telles activités. Cette déduction est de plus appuyée par le fait qu'ils n'ont jamais par la suite soulevé la question lors des autres réunions», précisent les procureurs de la Commission.
(...) Les opérations illégales de la GRC contre les indépendantistes et les groupes de gauche ont été révélés au public fortuitement lors du procès de l'ex-agent Robert Samson en 1976. Celui-ci avait alors admis sa participation à l'entrée par effraction et à la saisie sans mandat de nombreux documents de l'Agence de presse libre du Québec.
(...) On a par la suite appris que des agents du Service de sécurité de la GRC avaient notamment volé la liste des membres du PQ en 1973, les dossiers de l'APLQ et des caisses de dynamite. Ils avaient également détenus des personnes sans mandat, publié de faux communiqués du FLQ et mis le feu à une grange.
Lors de la crise d'octobre de 1970, Trudeau décréta la Loi des mesures de guerre qui suspendit les droits fondamentaux des citoyens et envoya l'armée investir Montréal. Un grand nombre d'arrestations sans mandat furent effectuées. On apprit plusieurs années plus tard que, pendant cette même période, Trudeau avait ordonné à la GRC d'espionner illégalement la jeune organisation politique souverainiste de René Lévesque, le parti québécois.
Lors du référendum sur la souveraineté du Québec en 1980, Trudeau fit vigoureusement campagne pour le camp du NON. Son option remporta la victoire suite à une campagne que René Lévesque qualifia de «peu reluisante». Il s'agissait d'un euphémisme puisqu'il fut révélé par la suite que la campagne campagne de peur des fédéralistes avait enfreint les règles qui encadraient les dépenses.
C'est pendant cette campagne référendaire que Trudeau promit aux électeurs québécois que le Canada connaîtrait "un grand changement". Les espoirs de plusieurs furent déçus lorsque Trudeau signa la nouvelle constitution canadienne en l'absence du premier ministre québécois, René Lévesque. Cette nuit du 4 novembre au 5 novembre 1981 fut surnommée la "Nuit des longs couteaux". Lévesque, apprenant la nouvelle dans les journaux le lendemain matin, quitta Ottawa, furieux. À ce jour, le Québec n'est toujours pas signataire de la nouvelle constitution canadienne de Trudeau.
Trudeau mena à bien son projet de rapatrier la constitution canadienne, jusqu'alors conservée à Londres où elle avait été votée. Elizabeth II signa l'Acte constitutionnel de 1982, accordant l'indépendance complète du Canada vis-à-vis le gouvernement britannique. Par cette nouvelle constitution, le Québec voyait ses pouvoirs diminués sur le plan de la culture et de l'expansion. La Charte des droits et liberté de Trudeau, maintenant intégrée dans la constitution, devint une menace majeure à la loi 101 qui visait à protéger et à promouvoir la langue française au Québec. De plus, sa politique de multiculturalisme extirpa au Québec son statut traditionnel de "peuple fondateur" pour n'en faire qu'une minorité ethnique parmi d'autres.
Même après son départ de la vie politique, Trudeau continua sans relâche à pourfendre les intérêts du Québec. Il s'opposa à l'accord constitutionnel du lac Meech du premier ministre Brian Mulroney parce que celui-ci offrait une reconnaissance spéciale à la société québécoise. Le 30 mars 1988, il s'adressa au Sénat pendant six heures, exclusivement en anglais, pour demander que l'accord soit détruit. L'homme qui avait imposé la Loi des mesures de guerres et qui avait fait emprisonner 500 personnes innocentes en 1970 se disait inquiet que les libertés civiles soient menacées dans un Québec "distinct". En parlant des Anglo-Québécois, il alla même jusqu'à déclarer: "Nous avons des exemples dans l'histoire où un gouvernement devient totalitaire parce qu'il agit en fonction d'une race et envoie les autres dans les camps de concentration." Cette odieuse comparaison entre le Québec et l'Allemagne nazie souleva l'indignation au Québec, mais fut bien reçue au Canada anglais. L'accord du lac Meech avorta.
Jean Chrétien
De 1967 à 1984, Jean Chrétien dirigea plusieurs ministères sous les gouvernements de Lester Pearson et de Pierre Trudeau. En 1980, ce dernier le nomma ministre responsable des négociations constitutionnelles. Il fit campagne pour le NON au référendum de 1980, déclarant que la souveraineté du Québec signifierait une hausse du niveau de la vie et du prix du pétrole (il faut absolument louer le film «Le confort et l'indifférence» de Denys Arcand pour voir le jeune Chrétien en pleine action).
Par la suite, il joua un rôle de premier plan lors de la nuit des longs couteaux, de la rédaction et de l'adoption de la charte canadienne des droits et libertés ainsi que lors du rapatriement de la constitution en 1982.
En 1990, Chrétien dénonça l'accord du Lac Meech du premier ministre Brian Mulroney. Il fit pression sur les premiers ministres libéraux Frank McKenna (Nouveau-Brunswick) et Clyde Wells (Terre-Neuve) afin que l'accord soit détruit. Même l'adversaire principal de Chrétien à la course au leadership du parti en 1990, Paul Martin, déclara: "Il a fait campagne pendant un an sur le dos du Québec en disant au Canada anglais qu'il n'y aurait pas de problème au Québec si l'Accord du lac Meech échouait."
Chrétien est élu à la tête du pays en 1993 suite à la déconfiture du parti conservateur de Mulroney. Ses promesses électorales, selon lesquelles il abolirait la très impopulaire TPS (taxe sur les produits et services) et mettrait fin au traité de libre-échange nord-américain ne furent pas tenues. Confronté à ce mensonge électoral, il accusa les électeurs de l'avoir mal compris.
C'est sous le règne de Chrétien que fut tenu le second référendum sur la souveraineté du Québec en 1995. On apprit par la suite que son gouvernement élabora plusieurs manoeuvres frauduleuses et illégales (telle que la grande «Opération Citoyenneté» pour influencer les résultats du vote. La victoire du NON fut très serrée, et tout le monde au Québec s'accorda pour dire que le Canada devait être réformé en profondeur s'il voulait espérer survivre.
Or, quelles furent les solutions apportées par Chrétien? Plutôt que de parler de réforme et de réconciliation, il préféra attaquer le droit du Québec à l'auto-détermination. Il déclara que le Québec ne pouvait pas se séparer avec une majorité simple mais devait obtenir une majorité de 60% des votes ou plus, changeant ainsi la règle la plus élémentaire en démocratie. Il s'attaqua même à l'intégrité du territoire québécois et officialisa ce vol historique en rattachant le Labrador à Terre-Neuve.
Chrétien entreprit ensuite d'isoler le gouvernement québécois diplomatiquement en lui interdisant tout contact avec les gouvernements internationaux. La consigne fut envoyée à toutes les ambassades canadiennes. Ainsi, lors de la visite du premier ministre Lucien Bouchard au Mexique, l'ambassade canadienne fit pression sur le président mexicain Ernesto Zedillo et plus tard sur son successeur, pour s'assurer que ceux-ci ne rencontrent pas la délégation québécoise.
Au chapitre des finances, les coupures budgétaires du gouvernement Chrétien forcèrent les provinces à sabrer dans les domaines de la santé, de l'éducation et du revenu. En plus, plusieurs de ses politiques empiétèrent impunément, au grand déplaisir du Québec, sur les compétences provinciales en matière d'éducation et de santé.
Jean Chrétien dépensa finalement des sommes faramineuses dans une campagne de propagande sans précédent au Québec. On estime que 332 millions de dollars de fonds publics furent dilapidés dans l'entreprise. La corruption généralisée qui sévissait dans ce programme fut mise au jour dans ce qu'il est convenu d'appeler le "scandale des commandites".
* * * * * *
Bref, si vous êtes assez naïfs ou ignorants pour croire les promesses de changement de Justin Trudeau, vous méritez ce qui s'en vient!
Depuis presque un siècle et demi, les Québécois sont condamnés à revivre en boucle les mêmes désillusions et les mêmes trahisons. Tous les Québécois qui ont occupé le poste de premier ministre du Canada se sont avérés être les pires renégats hypocrites qu'il soit possible d'imaginer. Loin de défendre les intérêts de leurs concitoyens, ils ont systématiquement trahi leurs compatriotes pour s'attirer les bonnes grâces de la majorité anglophone.
Wilfrid Laurier
Il y a d'abord eu Wilfrid Laurier, qu'a d'ailleurs fièrement évoqué Justin Trudeau dans son allocution. Ce fut le grand maître dans l'art de tenir un discours devant les anglophones canadiens et un tout autre devant les francophones du Québec. Ainsi, en 1885, à Montréal, il affirme qu'il aurait pris les armes aux côtés de Louis Riel, rien de moins! Quelques mois plus tard, à Toronto, il déclare: «I fully admit that the English language is bound to be the language of this country, and no man in his senses will deny it. For I simply confine myself to say that we are the French race and have certain duties, and have to fulfil those duties and nothing more.»
Une fois au pouvoir, Laurier fera toujours primer les intérêts anglophones aux détriments de ceux de ses compatriotes. Par exemple, peu se souviennent que le Manitoba a jadis été un territoire francophone qui aurait put devenir une seconde province française. Évidemment, les anglophones ne l'entendaient pas ainsi et le Manitoba décida de retirer leur financement à toutes ses écoles catholiques-françaises et d'abolir le français comme seconde langue officielle de la province. Laurier, loin de voler au secours des francophones du Manitoba, les laissa tomber en acceptant un compromis pitoyable. Le français demeura absent de la plupart des écoles et bien qu'un conseil scolaire francophone fut rétabli, il ne reçut aucun financement du gouvernement. Sans statut officiel et sans écoles, le français débuta ainsi son inexorable déclin au Manitoba et Laurier en est largement responsable.
En 1899, lorsque le Royaume-Uni décide de déclarer la guerre aux Boers d'Afrique afin de mettre main basse sur leurs richesses minières, l'empire demande l'aide du Canada. Faisant fi de l'opposition du Québec, Laurier met 8300 soldats à la disposition de Londres et lui octroie 3 millions de dollars pour financer sa guerre. Résultat: des dizaines de milliers de morts, dont plusieurs succombent dans des camps de concentration britanniques.
En 1911, dans un rare moment de lucidité, Laurier fit cette surprenante déclaration: «Nous sommes forcés d'arriver à la conclusion que le Québec seul est notre patrie, parce que nous n'avons pas de liberté ailleurs.»
Louis Saint-Laurent
Saint-Laurent occupait le poste de ministre de la Justice dans le gouvernement de Mackenzie-King, pendant la deuxième guerre. C'est ce gouvernement qui trahit la confiance des Québécois en leur imposant une conscription militaire en dépit de ses promesses électorales.
Quant à Saint-Laurent, c'est en s'attaquant à un de ses compatriotes qu'il acquis la faveur des anglophones du Canada. En effet, lorsque le député québécois de Lotbinière, René Chaloult déclara, dans un discours anticonstriptionniste: "Je crois qu'après cette guerre se rompra tout lien avec l'Angleterre", Saint-Laurent décida d'entreprendre des poursuites judiciaires contre lui pour "propos séditieux". L'affaire fit beaucoup de bruit et ne fit rien pour augmenter la popularité de Saint-Laurent au Québec. À l'opposé, le Canada anglais le vit dès lors comme un homme qui ne craignait pas de remettre ces damnés traîtres canadiens-français à leur place. C'est grâce à la faveur des électeurs anglophones que Saint-Laurent devint premier ministre du Canada.
Ironiquement, la prédiction "séditieuse" de Chaloult s'avéra être la bonne et après la guerre, le Canada cessa d'être subordonné à la politique étrangère britannique.
Le mépris de Trudeau envers ses compatriotes et sa haine viscérale à l'égard des souverainistes québécois étaient sans bornes.
Dès son arrivée à Ottawa, Trudeau mena une véritable guerre secrète et illégale contre les souverainistes. L'affaire ne devint publique qu'en 1992:
L'ancien premier ministre Pierre Trudeau et son ex-collègue à la justice John Turner ont manqué à leur devoir en accordant leur «consentement tacite» à la poursuite des activités illégales de la GRC au début des années 70. C'est ce que soutient un document marqué «top secret» prépapré par les avocats et le service de recherche de la Commission d'enquête McDonald sur les activités ilégales de la GRC. Le texte de 93 pages, don't La Presse a obtenu copie en vertu de la Loi d'accès à l'information, blâme sévèrement les hommes politiques.
(...) La commission a conclu que MM. Trudeau et Turner avaient été informés du fait que le service de sécurité de la GRC se livrait à des activités illégales depuis 20 ans lors de la réunion du Comité du cabinet sur la planification et les priorités du 1er décembre 1970. (...) «Nous croyons qu'ils (NDLR : MM. Trudeau et Turner) avaient le devoir de s'enquérir de la nature et de la fréquence des activités illégales évoquées à cette réunion afin de déterminer si elles étaient permises ou prévues par la loi. Comme il n'existe aucune preuve démontrant que MM. Trudeau et Turner ont fait enquête à ce sujet, nous soutenons qu'ils pourraient avoir manqué à leur devoir de donner des directives au Service de sécurité pour que cessent ces activités illégales», ajoutent les avocats Kelly et Cronk.
«On peut raisonnablement en déduire qu'en s'abstenant de s'enquérir et de donner des ordres ensuite au Service de sécurité pour qu'il abandonne ses activités illégales, ils donnaient leur consentement tacite à la poursuite de telles activités. Cette déduction est de plus appuyée par le fait qu'ils n'ont jamais par la suite soulevé la question lors des autres réunions», précisent les procureurs de la Commission.
(...) Les opérations illégales de la GRC contre les indépendantistes et les groupes de gauche ont été révélés au public fortuitement lors du procès de l'ex-agent Robert Samson en 1976. Celui-ci avait alors admis sa participation à l'entrée par effraction et à la saisie sans mandat de nombreux documents de l'Agence de presse libre du Québec.
(...) On a par la suite appris que des agents du Service de sécurité de la GRC avaient notamment volé la liste des membres du PQ en 1973, les dossiers de l'APLQ et des caisses de dynamite. Ils avaient également détenus des personnes sans mandat, publié de faux communiqués du FLQ et mis le feu à une grange.
Lors de la crise d'octobre de 1970, Trudeau décréta la Loi des mesures de guerre qui suspendit les droits fondamentaux des citoyens et envoya l'armée investir Montréal. Un grand nombre d'arrestations sans mandat furent effectuées. On apprit plusieurs années plus tard que, pendant cette même période, Trudeau avait ordonné à la GRC d'espionner illégalement la jeune organisation politique souverainiste de René Lévesque, le parti québécois.
Lors du référendum sur la souveraineté du Québec en 1980, Trudeau fit vigoureusement campagne pour le camp du NON. Son option remporta la victoire suite à une campagne que René Lévesque qualifia de «peu reluisante». Il s'agissait d'un euphémisme puisqu'il fut révélé par la suite que la campagne campagne de peur des fédéralistes avait enfreint les règles qui encadraient les dépenses.
C'est pendant cette campagne référendaire que Trudeau promit aux électeurs québécois que le Canada connaîtrait "un grand changement". Les espoirs de plusieurs furent déçus lorsque Trudeau signa la nouvelle constitution canadienne en l'absence du premier ministre québécois, René Lévesque. Cette nuit du 4 novembre au 5 novembre 1981 fut surnommée la "Nuit des longs couteaux". Lévesque, apprenant la nouvelle dans les journaux le lendemain matin, quitta Ottawa, furieux. À ce jour, le Québec n'est toujours pas signataire de la nouvelle constitution canadienne de Trudeau.
Trudeau mena à bien son projet de rapatrier la constitution canadienne, jusqu'alors conservée à Londres où elle avait été votée. Elizabeth II signa l'Acte constitutionnel de 1982, accordant l'indépendance complète du Canada vis-à-vis le gouvernement britannique. Par cette nouvelle constitution, le Québec voyait ses pouvoirs diminués sur le plan de la culture et de l'expansion. La Charte des droits et liberté de Trudeau, maintenant intégrée dans la constitution, devint une menace majeure à la loi 101 qui visait à protéger et à promouvoir la langue française au Québec. De plus, sa politique de multiculturalisme extirpa au Québec son statut traditionnel de "peuple fondateur" pour n'en faire qu'une minorité ethnique parmi d'autres.
Même après son départ de la vie politique, Trudeau continua sans relâche à pourfendre les intérêts du Québec. Il s'opposa à l'accord constitutionnel du lac Meech du premier ministre Brian Mulroney parce que celui-ci offrait une reconnaissance spéciale à la société québécoise. Le 30 mars 1988, il s'adressa au Sénat pendant six heures, exclusivement en anglais, pour demander que l'accord soit détruit. L'homme qui avait imposé la Loi des mesures de guerres et qui avait fait emprisonner 500 personnes innocentes en 1970 se disait inquiet que les libertés civiles soient menacées dans un Québec "distinct". En parlant des Anglo-Québécois, il alla même jusqu'à déclarer: "Nous avons des exemples dans l'histoire où un gouvernement devient totalitaire parce qu'il agit en fonction d'une race et envoie les autres dans les camps de concentration." Cette odieuse comparaison entre le Québec et l'Allemagne nazie souleva l'indignation au Québec, mais fut bien reçue au Canada anglais. L'accord du lac Meech avorta.
Jean Chrétien
De 1967 à 1984, Jean Chrétien dirigea plusieurs ministères sous les gouvernements de Lester Pearson et de Pierre Trudeau. En 1980, ce dernier le nomma ministre responsable des négociations constitutionnelles. Il fit campagne pour le NON au référendum de 1980, déclarant que la souveraineté du Québec signifierait une hausse du niveau de la vie et du prix du pétrole (il faut absolument louer le film «Le confort et l'indifférence» de Denys Arcand pour voir le jeune Chrétien en pleine action).
Par la suite, il joua un rôle de premier plan lors de la nuit des longs couteaux, de la rédaction et de l'adoption de la charte canadienne des droits et libertés ainsi que lors du rapatriement de la constitution en 1982.
En 1990, Chrétien dénonça l'accord du Lac Meech du premier ministre Brian Mulroney. Il fit pression sur les premiers ministres libéraux Frank McKenna (Nouveau-Brunswick) et Clyde Wells (Terre-Neuve) afin que l'accord soit détruit. Même l'adversaire principal de Chrétien à la course au leadership du parti en 1990, Paul Martin, déclara: "Il a fait campagne pendant un an sur le dos du Québec en disant au Canada anglais qu'il n'y aurait pas de problème au Québec si l'Accord du lac Meech échouait."
Chrétien est élu à la tête du pays en 1993 suite à la déconfiture du parti conservateur de Mulroney. Ses promesses électorales, selon lesquelles il abolirait la très impopulaire TPS (taxe sur les produits et services) et mettrait fin au traité de libre-échange nord-américain ne furent pas tenues. Confronté à ce mensonge électoral, il accusa les électeurs de l'avoir mal compris.
C'est sous le règne de Chrétien que fut tenu le second référendum sur la souveraineté du Québec en 1995. On apprit par la suite que son gouvernement élabora plusieurs manoeuvres frauduleuses et illégales (telle que la grande «Opération Citoyenneté» pour influencer les résultats du vote. La victoire du NON fut très serrée, et tout le monde au Québec s'accorda pour dire que le Canada devait être réformé en profondeur s'il voulait espérer survivre.
Or, quelles furent les solutions apportées par Chrétien? Plutôt que de parler de réforme et de réconciliation, il préféra attaquer le droit du Québec à l'auto-détermination. Il déclara que le Québec ne pouvait pas se séparer avec une majorité simple mais devait obtenir une majorité de 60% des votes ou plus, changeant ainsi la règle la plus élémentaire en démocratie. Il s'attaqua même à l'intégrité du territoire québécois et officialisa ce vol historique en rattachant le Labrador à Terre-Neuve.
Chrétien entreprit ensuite d'isoler le gouvernement québécois diplomatiquement en lui interdisant tout contact avec les gouvernements internationaux. La consigne fut envoyée à toutes les ambassades canadiennes. Ainsi, lors de la visite du premier ministre Lucien Bouchard au Mexique, l'ambassade canadienne fit pression sur le président mexicain Ernesto Zedillo et plus tard sur son successeur, pour s'assurer que ceux-ci ne rencontrent pas la délégation québécoise.
Au chapitre des finances, les coupures budgétaires du gouvernement Chrétien forcèrent les provinces à sabrer dans les domaines de la santé, de l'éducation et du revenu. En plus, plusieurs de ses politiques empiétèrent impunément, au grand déplaisir du Québec, sur les compétences provinciales en matière d'éducation et de santé.
Jean Chrétien dépensa finalement des sommes faramineuses dans une campagne de propagande sans précédent au Québec. On estime que 332 millions de dollars de fonds publics furent dilapidés dans l'entreprise. La corruption généralisée qui sévissait dans ce programme fut mise au jour dans ce qu'il est convenu d'appeler le "scandale des commandites".
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Bref, si vous êtes assez naïfs ou ignorants pour croire les promesses de changement de Justin Trudeau, vous méritez ce qui s'en vient!