Mme Maude Giroux, une lectrice de ce blogue (que je salue au passage) a réagi fortement à de récents billets que j'ai publiés à propos de ce que je considère être des dérapages féministes. Suite à ce billet, Mme Giroux écrit ceci:
"Habituellement je vous lis avec passion, mais là, j'ai un peu du mal. Vous mettez toutes les féministes dans un même panier: comme des folles hystériques. Et en tant que féministe, je dois dire que ça me choque, car je ne me sens ni folle, ni hystérique, encore moins misandre. J'aimerais vraiment que vous éclaircissez ce point: voyez-vous vraiment le mouvement féministe comme des folles hystériques, des sorcières de Salem? Ce n'est pas parce qu'il y a des erreurs que tout est à jeter dans ce mouvement. Je veux dire, le sexisme ordinaire, l'égalité homme-femme, le respect homme-femme..."
Permettez-moi tout d'abord de dire que je remercie Mme Giroux de son commentaire. Rien ne me fait plus plaisir que de confronter mes idées à celles de gens qui sont en désaccord avec moi. Cela est, à mon avis, la seule et unique façon de tester la validité de ce que l'on dit et de raffiner ses opinions. Quand on est entouré de gens qui sont toujours d'accord avec tout ce qu'on dit, c'est là qu'on dérape et qu'on dit des énormités.
La question de Mme Giroux est parfaitement valide et je tenais à lui répondre ici, dans un billet séparé, afin d'expliquer le plus clairement possible quel est mon point de vue actuel et ce qui m'a amené où j'en suis présentement.
Tout d'abord, sachez que je suis une personne qui cherche la vérité et qui déteste les dogmes. Jadis très croyant, j'ai peu à peu réussi à me libérer de la religion, ce qui a été pour moi une expérience profondément libératrice et enrichissante. Et ce processus reflète plutôt bien ma mentalité, c'est-à-dire un désir profond de remettre en question les mythes et préjugés populaires et de déconstruire les dogmes qui ne reflètent pas la réalité qui nous entoure. C'est donc avec un certain plaisir (mélangé à de l'indignation et à de l'exaspération) que je malmène les religions sur ce blogue depuis plusieurs années.
Je crois qu'il est important de spécifier que, pour moi, le féminisme a déjà été un dogme tout aussi sacré que la religion. J'ai été élevé par une femme très féministe et depuis mon plus jeune âge, on m'a inculqué que les femmes ont la vie plus difficile que les hommes, que je me devais d'être toujours respectueux avec les femmes, qu'elles étaient des êtres précieux qu'il fallait protéger, plus précieux que moi en fait, que plein d'hommes se comportaient de façon horrible avec leurs femmes, qu'ils étaient infidèles, menteurs, parfois violents, etc. Toutes ces leçons ont eu un impact majeur sur mon développement, sur mon estime de moi-même et sur l'homme que je suis devenu.
En 1989, j'étais en secondaire 5 lorsque a eu lieu la tuerie de polytechnique. Cet événement a été carrément un traumatisme majeur pour moi et je l'ai vécu comme si j'y avais été directement impliqué. Les femmes que je connaissais, en particulier ma mère, m'ont fait comprendre sans détour que cet événement épouvantable était la preuve ultime du sexisme de notre société et l'illustration de ce dont les hommes sont capables. J'étais littéralement dévasté de culpabilité. J'en ai pleuré, j'étais bouleversé. Je ne peux pas expliquer en mots l'impact qu'a eu cet événement sur moi.
Bref, pendant des années, je me suis considéré comme un féministe. Il s'agissait d'une idée que je ne remettais absolument pas en question. Je m'inquiétais pour les femmes de ma vie et je percevais les femmes en général comme des perles dont je n'étais pas digne, je les mettais carrément sur un piédestal. J'avais adopté une discipline de fer dans ma vie privée pour éviter de me comporter comme tous "ces monstres" qui maltraitent les femmes dans notre "société patriarcale". Je n'ai jamais, jamais, jamais couché avec une femme qui avait bu, malgré de nombreuses offres. Je n'ai jamais posé de gestes sur une femme sans qu'elle ne me donne son accord explicite, ce qui ne manquait pas d'exaspérer certaines de mes petites amies. Quand je me suis marié, j'ai été presque choqué que ma femme manifeste le désir de prendre mon nom de famille, j'ai même essayé de l'en dissuader. Dans mes cours, j'ai toujours parlé avec admiration du combat des féministes comme d'une extraordinaire contribution à notre civilisation qui a sonné le glas d'une situation de discrimination intolérable.
Les anciens billets sur ce blogue témoignent de mon féminisme. J'ai dénoncé l'obsession de la virginité féminine, j'ai dénoncé les stéréotypes sexistes et l'hypersexualisation, j'ai dénoncé les préjugésà propos des filles en maths, j'ai applaudi les justicières en sari de l'Inde, j'ai dénoncé les Purity Balls, j'ai pris position en faveur des droits égaux pour les hommes et les femmes, j'ai souligné la Journée de la Femme, je me suis indigné des pays qui maltraitent les femmes, j'ai été dégoûté de l'objectification des femmes (tout en me montrant ouvert à l'idée de la misogynie généralisée), j'ai parlé de sexisme, j'ai dénoncé les conséquences de la polygamie pour les femmes, j'ai partagé la bande-annonce d'un documentaire féministe, je me suis moqué de l'obsession de la minceur, j'ai dénoncé les pubs sexistes, je me suis indigné de l'agression de Lara Logan, j'ai pris la défense de cette jeune athée féministe qui dénonçait le comportement d'un homme dans un ascenseur, j'ai parlé du test de Bechdel, j'ai dénoncé le harcèlement des blogueuses, j'ai dénoncé les passages sexistes de la Bible, j'ai été choqué par le harcèlement que les femme subissent dans la rue, j'ai ri des t-shirts sexistes de Marvel, etc.
J'ai toujours été comme ça dans tous les domaines de ma vie, que ce soit dans ma vie personnelle ou dans ma vie professionnelle, j'ai toujours été profondément respectueux des femmes. Ce qu'il y a de malsain là-dedans, et je le réalise aujourd'hui, c'est que le dogmatisme ne m'a pas simplement inculqué un respect aveugle des femmes, il m'a fait porter la culpabilité de cette société patriarcale dont j'étais l'incarnation, en quelque sorte. C'est écoeurant quand j'y repense, mais c'est comme ça que je me sentais. Le féminisme m'avait appris à m'auto-mépriser et je ne m'en rendais absolument pas compte.
Mais le fait de travailler dans un milieu presque uniquement féminin pendant quasiment 20 ans a progressivement fait apparaître des craques dans ce dogme auquel j'avais toujours cru et qu'on m'a inculqué depuis mon plus jeune âge. Ça a été très, très long comme processus, mais à force de côtoyer des femmes à tous les jours et de me faire traiter comme de la merde, le piédestal a commencé à s'effriter.
Comme vous le savez peut-être déjà, pendant l'année scolaire 2012-2013, j'ai vécu une crise MAJEURE à ma précédente école. J'ai été traité de façon absolument abominable par mon ancienne directrice et mes anciennes collègues et cela m'a plongé dans un épisode de profonde détresse psychologique. Il s'agit d'une des pires épreuves de ma vie.
Or, maintenant que je vais mieux, que j'ai commencé à écrire un livre sur ce qui m'est arrivé, que j'ai un peu de recul et que je discute de tout ça avec les gens que je connais, il me semble de plus en plus évident que j'ai été victime de discrimination et que rien de tout cela ne serait arrivé si j'avais été une femme.
C'est un traitement discriminatoire que j'ai subi aux mains d'un groupe de femmes: quelques mères d'élèves et mon ancienne directrice. Mes collègues, elles, ont toutes reculé, ont refusé de prendre ma défense ou pire, ont pris le parti de la directrice. Ces femmes, qui ne manquaient JAMAIS une occasion de décrier des situations discriminatoires dont les femmes étaient victimes, étaient maintenant face à face avec une situation évidente de discrimination qui touchait directement un collègue de travail et cette fois-ci... rien. Pas un mot. Pas un geste de soutien. Pire, des trahisons et des couteaux entre les omoplates.
C'est cet événement profondément traumatique qui m'a fait réalisé la profonde faillite du féminisme. Il m'a fait réaliser que les femmes ne possèdent pas le monopole de la discrimination. J'ai compris que les féministes s'indignent seulement quand une femme est victime de mauvais traitement aux mains d'un homme. Lorsque le contraire se produit, cela les laisse complètement indifférentes. Elles refusent même de voir que ça existe. Loin d'être les perles que je croyais, les femmes de mon entourage m'ont trahi, m'ont sali, m'ont blessé, m'ont diffamé et m'ont fait la démonstration de la plus grande absence d'empathie qu'il m'ait été donné de voir dans ma vie.
Si ma perception des femmes était à ce point faussée, qu'en est-il de cette "société patriarcale" qui les "opprime"? Pourquoi devrais-je accepter les affirmations des féministes sans broncher et sans les remettre en question, comme s'il s'agissait d'un évangile?
Je ne dis pas que la misogynie n'existe pas, je ne dis pas que les femmes ne sont jamais victimes de sexisme, je ne dis pas que les hommes n'ont rien à se reprocher et je continuerai à m'indigner des cas patents de discrimination à l'égard des femmes.
Mais les généralisation à propos de la "société patriarcale" et de la "culture du viol" vont dorénavant devoir être démontrées. Je ne suis plus prêt à accepter ces affirmations sans les remettre en question et lorsque des gens vont utiliser un événement anecdotique et isolé pour faire un procès à tous les hommes de la société, je ne l'accepterai plus.
Je suis un homme, tout ce qu'il y a de plus masculin. Je ne suis pas un être violent, je ne ferais pas de mal à une mouche. Je ne suis pas un violeur, jamais je ne ferais de mal à une femme, à un enfant ou à qui que ce soit, JAMAIS. Les scènes de violence sexuelle dans les films me renversent et me répugnent. Je suis un homme, je travaille dans des écoles primaires et j'ai autant le droit d'être là que les femmes. Personne n'a le droit de me traiter comme un pédophile potentiel parce que j'aime les enfants, parce que j'aime passer du temps avec eux et parce que je leur consacre ma vie. L'idée même de la pédophilie me donne envie de vomir. Je suis un homme mais je n'opprime absolument PERSONNE. Je suis un papa et je suis aussi impliqué dans l'éducation de mes enfants et aussi essentiel à leur développement que l'est ma femme. Je traite les gens que je connais en égaux, peu importe leur sexe, leur couleur de peau ou leur origine ethnique. Je suis un homme, je trouve les femmes belles et je ne vois pas en quoi cela constitue une forme d'irrespect ou d'exploitation. Si des femmes portent des vêtements révélateurs, je ne vais pas me gêner pour regarder discrètement, tout en restant respectueux. Je suis un homme, je suis une bonne personne, je suis ce que je suis et je n'ai pas à m'en sentir coupable.
Et si des gens veulent venir rejeter sur moi la culpabilité d'actes que je n'ai jamais commis et que je ne commettrai jamais, je ne l'accepterai plus. Je suis un homme et je suis la démonstration vivante que les hommes ne sont pas tous des monstres potentiels, des prédateurs à l'affût d'une opportunité et des violeurs en puissance qui réduisent, humilient et battent les femmes. Ces salauds-là ne représentent qu'un infime pourcentage de la population masculine et je n'ai pas à porter la culpabilité de leurs gestes ignobles.
Aucune femme n'a le droit de me mépriser parce que je suis un homme, ni de me soupçonner de gestes répréhensibles sans preuve sous le simple prétexte que je suis un homme. J'ai le droit à la présomption d'innocence à même titre que tous les autres citoyens. Me priver de ce droit ou me faire subir des situations discriminatoires à cause de mon sexe sont des pratiques sexistes et inacceptables. Les femmes n'ont pas le monopole de la discrimination. Il arrive également, et beaucoup plus souvent qu'on pense, que des hommes soient victimes de sexisme. Or, pour les féministes, ces cas de discriminations-là n'existent pas, ou encore ils constituent un "juste retour des choses". Ben non, ça ne marche pas de même. Une injustice est une injustice, que la personne qui en est victime soit un homme ou une femme n'a absolument aucune importance à mes yeux.
Bref, j'en suis là dans ma réflexion. D'où mes récents billets qui dénoncent ce que je considère être des dérapages féministes.
C'est dans le contexte de cette réflexion que j'ai blogué à propos de ThunderfOOt qui dénonce avec une verve extraordinaire les allégations de misogynie des concepteurs de jeux vidéo et l'agressivité démesurée et empoisonnée de certaines féministes à l'égard des hommes.C'est également pour cette raison que j'ai écouté cette entrevue avec Karen Straughan qui dénonce le discours ambiant lorsqu'il est question de viol. C'est pour ça que j'ai parlé de ce qui se passe à l'université d'Ottawa parce que ça me semble être une belle illustration de l'absence de présomption d'innocence pour les hommes et également de généralisation de cas isolés à toute une population. Et c'est aussi pour ça que j'ai blogué le vidéo de Richard Dawkins qui dénonce les délires féministes dans le domaine des sciences. Ça illustre bien que certaines féministes deviennent tellement obsédées qu'elles voient de la discrimination contre les femmes partout, partout, partout.
J'en suis là.
Alors pour répondre à la question initiale, Mme Giroux, non je ne considère pas tout le mouvement féministe comme un assemblage de folles hystériques. Mais je ne les idéalise plus.
Ce que je pense des féministes, c'est qu'elles exagèrent souvent. Qu'elles font des généralisations à propos des hommes, des femmes et de la société qui sont fausses. Que leur thèse d'oppression systématique des femmes dans notre société est fausse. Que leur vision de la société est fausse. Qu'elles sèment une méfiance à l'égard des hommes qui est elle-même discriminatoire.
Je pense que le féminisme a été un mouvement nécessaire et important, mais qu'il devient de plus en plus dogmatique et toxique. Je pense que ce dont on a besoin dans le Québec de 2014, ce ne sont pas de féministes, mais d'humanistes. Des gens qui dénoncent TOUTES les formes de discrimination envers qui que ce soit et qui font la promotion de l'équité entre tous les êtres humains.
Trop longtemps, j'ai donné carte blanche au mouvement féministe en gobant tout ce qui en sortait comme s'il s'agissait d'une vérité inébranlable. Cette époque-là est finie pour moi. Si le mouvement féministe veut faire tirer des conclusions extraordinaires sur les hommes ou la société, il devra fournir des faits également extraordinaires pour le prouver. S'il s'agit réellement d'une situation discriminatoire, parfait, dénonçons-la. Autrement, s'il s'agit de déclarations gratuites, de simples impressions ou de grossières généralisations, je les dénoncerai.
Cela étant dit, je suis ouvert à vos commentaires et à vos critiques et toutes les lectrices et lecteurs de ce blogue sont invités à faire entendre leur voix. Il est parfaitement concevable que je fasse fausse route. Peut-être que c'est moi qui généralise à partir de mon expérience personnelle. Si je dis des énormités, je souhaite de tout coeur qu'on me rappelle à l'ordre et je me ferai un devoir et un plaisir de lire avec intérêt les commentaires et de réévaluer mes positions, lesquelles sont d'ailleurs plutôt fluides et constamment modifiées à la lumière de mes observations.
Vous ne m'entendrez jamais dire que toutes les féministes sont des folles hystériques.
Mais lorsque certaines d'entre elles font des déclarations débiles, je ne vais certainement pas me gêner pour les dénoncer.
Et vos commentaires, critiques et objections seront toujours les bienvenus.
"Habituellement je vous lis avec passion, mais là, j'ai un peu du mal. Vous mettez toutes les féministes dans un même panier: comme des folles hystériques. Et en tant que féministe, je dois dire que ça me choque, car je ne me sens ni folle, ni hystérique, encore moins misandre. J'aimerais vraiment que vous éclaircissez ce point: voyez-vous vraiment le mouvement féministe comme des folles hystériques, des sorcières de Salem? Ce n'est pas parce qu'il y a des erreurs que tout est à jeter dans ce mouvement. Je veux dire, le sexisme ordinaire, l'égalité homme-femme, le respect homme-femme..."
Permettez-moi tout d'abord de dire que je remercie Mme Giroux de son commentaire. Rien ne me fait plus plaisir que de confronter mes idées à celles de gens qui sont en désaccord avec moi. Cela est, à mon avis, la seule et unique façon de tester la validité de ce que l'on dit et de raffiner ses opinions. Quand on est entouré de gens qui sont toujours d'accord avec tout ce qu'on dit, c'est là qu'on dérape et qu'on dit des énormités.
La question de Mme Giroux est parfaitement valide et je tenais à lui répondre ici, dans un billet séparé, afin d'expliquer le plus clairement possible quel est mon point de vue actuel et ce qui m'a amené où j'en suis présentement.
Tout d'abord, sachez que je suis une personne qui cherche la vérité et qui déteste les dogmes. Jadis très croyant, j'ai peu à peu réussi à me libérer de la religion, ce qui a été pour moi une expérience profondément libératrice et enrichissante. Et ce processus reflète plutôt bien ma mentalité, c'est-à-dire un désir profond de remettre en question les mythes et préjugés populaires et de déconstruire les dogmes qui ne reflètent pas la réalité qui nous entoure. C'est donc avec un certain plaisir (mélangé à de l'indignation et à de l'exaspération) que je malmène les religions sur ce blogue depuis plusieurs années.
Je crois qu'il est important de spécifier que, pour moi, le féminisme a déjà été un dogme tout aussi sacré que la religion. J'ai été élevé par une femme très féministe et depuis mon plus jeune âge, on m'a inculqué que les femmes ont la vie plus difficile que les hommes, que je me devais d'être toujours respectueux avec les femmes, qu'elles étaient des êtres précieux qu'il fallait protéger, plus précieux que moi en fait, que plein d'hommes se comportaient de façon horrible avec leurs femmes, qu'ils étaient infidèles, menteurs, parfois violents, etc. Toutes ces leçons ont eu un impact majeur sur mon développement, sur mon estime de moi-même et sur l'homme que je suis devenu.
En 1989, j'étais en secondaire 5 lorsque a eu lieu la tuerie de polytechnique. Cet événement a été carrément un traumatisme majeur pour moi et je l'ai vécu comme si j'y avais été directement impliqué. Les femmes que je connaissais, en particulier ma mère, m'ont fait comprendre sans détour que cet événement épouvantable était la preuve ultime du sexisme de notre société et l'illustration de ce dont les hommes sont capables. J'étais littéralement dévasté de culpabilité. J'en ai pleuré, j'étais bouleversé. Je ne peux pas expliquer en mots l'impact qu'a eu cet événement sur moi.
Bref, pendant des années, je me suis considéré comme un féministe. Il s'agissait d'une idée que je ne remettais absolument pas en question. Je m'inquiétais pour les femmes de ma vie et je percevais les femmes en général comme des perles dont je n'étais pas digne, je les mettais carrément sur un piédestal. J'avais adopté une discipline de fer dans ma vie privée pour éviter de me comporter comme tous "ces monstres" qui maltraitent les femmes dans notre "société patriarcale". Je n'ai jamais, jamais, jamais couché avec une femme qui avait bu, malgré de nombreuses offres. Je n'ai jamais posé de gestes sur une femme sans qu'elle ne me donne son accord explicite, ce qui ne manquait pas d'exaspérer certaines de mes petites amies. Quand je me suis marié, j'ai été presque choqué que ma femme manifeste le désir de prendre mon nom de famille, j'ai même essayé de l'en dissuader. Dans mes cours, j'ai toujours parlé avec admiration du combat des féministes comme d'une extraordinaire contribution à notre civilisation qui a sonné le glas d'une situation de discrimination intolérable.
Les anciens billets sur ce blogue témoignent de mon féminisme. J'ai dénoncé l'obsession de la virginité féminine, j'ai dénoncé les stéréotypes sexistes et l'hypersexualisation, j'ai dénoncé les préjugésà propos des filles en maths, j'ai applaudi les justicières en sari de l'Inde, j'ai dénoncé les Purity Balls, j'ai pris position en faveur des droits égaux pour les hommes et les femmes, j'ai souligné la Journée de la Femme, je me suis indigné des pays qui maltraitent les femmes, j'ai été dégoûté de l'objectification des femmes (tout en me montrant ouvert à l'idée de la misogynie généralisée), j'ai parlé de sexisme, j'ai dénoncé les conséquences de la polygamie pour les femmes, j'ai partagé la bande-annonce d'un documentaire féministe, je me suis moqué de l'obsession de la minceur, j'ai dénoncé les pubs sexistes, je me suis indigné de l'agression de Lara Logan, j'ai pris la défense de cette jeune athée féministe qui dénonçait le comportement d'un homme dans un ascenseur, j'ai parlé du test de Bechdel, j'ai dénoncé le harcèlement des blogueuses, j'ai dénoncé les passages sexistes de la Bible, j'ai été choqué par le harcèlement que les femme subissent dans la rue, j'ai ri des t-shirts sexistes de Marvel, etc.
J'ai toujours été comme ça dans tous les domaines de ma vie, que ce soit dans ma vie personnelle ou dans ma vie professionnelle, j'ai toujours été profondément respectueux des femmes. Ce qu'il y a de malsain là-dedans, et je le réalise aujourd'hui, c'est que le dogmatisme ne m'a pas simplement inculqué un respect aveugle des femmes, il m'a fait porter la culpabilité de cette société patriarcale dont j'étais l'incarnation, en quelque sorte. C'est écoeurant quand j'y repense, mais c'est comme ça que je me sentais. Le féminisme m'avait appris à m'auto-mépriser et je ne m'en rendais absolument pas compte.
Mais le fait de travailler dans un milieu presque uniquement féminin pendant quasiment 20 ans a progressivement fait apparaître des craques dans ce dogme auquel j'avais toujours cru et qu'on m'a inculqué depuis mon plus jeune âge. Ça a été très, très long comme processus, mais à force de côtoyer des femmes à tous les jours et de me faire traiter comme de la merde, le piédestal a commencé à s'effriter.
Comme vous le savez peut-être déjà, pendant l'année scolaire 2012-2013, j'ai vécu une crise MAJEURE à ma précédente école. J'ai été traité de façon absolument abominable par mon ancienne directrice et mes anciennes collègues et cela m'a plongé dans un épisode de profonde détresse psychologique. Il s'agit d'une des pires épreuves de ma vie.
Or, maintenant que je vais mieux, que j'ai commencé à écrire un livre sur ce qui m'est arrivé, que j'ai un peu de recul et que je discute de tout ça avec les gens que je connais, il me semble de plus en plus évident que j'ai été victime de discrimination et que rien de tout cela ne serait arrivé si j'avais été une femme.
C'est un traitement discriminatoire que j'ai subi aux mains d'un groupe de femmes: quelques mères d'élèves et mon ancienne directrice. Mes collègues, elles, ont toutes reculé, ont refusé de prendre ma défense ou pire, ont pris le parti de la directrice. Ces femmes, qui ne manquaient JAMAIS une occasion de décrier des situations discriminatoires dont les femmes étaient victimes, étaient maintenant face à face avec une situation évidente de discrimination qui touchait directement un collègue de travail et cette fois-ci... rien. Pas un mot. Pas un geste de soutien. Pire, des trahisons et des couteaux entre les omoplates.
C'est cet événement profondément traumatique qui m'a fait réalisé la profonde faillite du féminisme. Il m'a fait réaliser que les femmes ne possèdent pas le monopole de la discrimination. J'ai compris que les féministes s'indignent seulement quand une femme est victime de mauvais traitement aux mains d'un homme. Lorsque le contraire se produit, cela les laisse complètement indifférentes. Elles refusent même de voir que ça existe. Loin d'être les perles que je croyais, les femmes de mon entourage m'ont trahi, m'ont sali, m'ont blessé, m'ont diffamé et m'ont fait la démonstration de la plus grande absence d'empathie qu'il m'ait été donné de voir dans ma vie.
Si ma perception des femmes était à ce point faussée, qu'en est-il de cette "société patriarcale" qui les "opprime"? Pourquoi devrais-je accepter les affirmations des féministes sans broncher et sans les remettre en question, comme s'il s'agissait d'un évangile?
Je ne dis pas que la misogynie n'existe pas, je ne dis pas que les femmes ne sont jamais victimes de sexisme, je ne dis pas que les hommes n'ont rien à se reprocher et je continuerai à m'indigner des cas patents de discrimination à l'égard des femmes.
Mais les généralisation à propos de la "société patriarcale" et de la "culture du viol" vont dorénavant devoir être démontrées. Je ne suis plus prêt à accepter ces affirmations sans les remettre en question et lorsque des gens vont utiliser un événement anecdotique et isolé pour faire un procès à tous les hommes de la société, je ne l'accepterai plus.
Je suis un homme, tout ce qu'il y a de plus masculin. Je ne suis pas un être violent, je ne ferais pas de mal à une mouche. Je ne suis pas un violeur, jamais je ne ferais de mal à une femme, à un enfant ou à qui que ce soit, JAMAIS. Les scènes de violence sexuelle dans les films me renversent et me répugnent. Je suis un homme, je travaille dans des écoles primaires et j'ai autant le droit d'être là que les femmes. Personne n'a le droit de me traiter comme un pédophile potentiel parce que j'aime les enfants, parce que j'aime passer du temps avec eux et parce que je leur consacre ma vie. L'idée même de la pédophilie me donne envie de vomir. Je suis un homme mais je n'opprime absolument PERSONNE. Je suis un papa et je suis aussi impliqué dans l'éducation de mes enfants et aussi essentiel à leur développement que l'est ma femme. Je traite les gens que je connais en égaux, peu importe leur sexe, leur couleur de peau ou leur origine ethnique. Je suis un homme, je trouve les femmes belles et je ne vois pas en quoi cela constitue une forme d'irrespect ou d'exploitation. Si des femmes portent des vêtements révélateurs, je ne vais pas me gêner pour regarder discrètement, tout en restant respectueux. Je suis un homme, je suis une bonne personne, je suis ce que je suis et je n'ai pas à m'en sentir coupable.
Et si des gens veulent venir rejeter sur moi la culpabilité d'actes que je n'ai jamais commis et que je ne commettrai jamais, je ne l'accepterai plus. Je suis un homme et je suis la démonstration vivante que les hommes ne sont pas tous des monstres potentiels, des prédateurs à l'affût d'une opportunité et des violeurs en puissance qui réduisent, humilient et battent les femmes. Ces salauds-là ne représentent qu'un infime pourcentage de la population masculine et je n'ai pas à porter la culpabilité de leurs gestes ignobles.
Aucune femme n'a le droit de me mépriser parce que je suis un homme, ni de me soupçonner de gestes répréhensibles sans preuve sous le simple prétexte que je suis un homme. J'ai le droit à la présomption d'innocence à même titre que tous les autres citoyens. Me priver de ce droit ou me faire subir des situations discriminatoires à cause de mon sexe sont des pratiques sexistes et inacceptables. Les femmes n'ont pas le monopole de la discrimination. Il arrive également, et beaucoup plus souvent qu'on pense, que des hommes soient victimes de sexisme. Or, pour les féministes, ces cas de discriminations-là n'existent pas, ou encore ils constituent un "juste retour des choses". Ben non, ça ne marche pas de même. Une injustice est une injustice, que la personne qui en est victime soit un homme ou une femme n'a absolument aucune importance à mes yeux.
Bref, j'en suis là dans ma réflexion. D'où mes récents billets qui dénoncent ce que je considère être des dérapages féministes.
C'est dans le contexte de cette réflexion que j'ai blogué à propos de ThunderfOOt qui dénonce avec une verve extraordinaire les allégations de misogynie des concepteurs de jeux vidéo et l'agressivité démesurée et empoisonnée de certaines féministes à l'égard des hommes.C'est également pour cette raison que j'ai écouté cette entrevue avec Karen Straughan qui dénonce le discours ambiant lorsqu'il est question de viol. C'est pour ça que j'ai parlé de ce qui se passe à l'université d'Ottawa parce que ça me semble être une belle illustration de l'absence de présomption d'innocence pour les hommes et également de généralisation de cas isolés à toute une population. Et c'est aussi pour ça que j'ai blogué le vidéo de Richard Dawkins qui dénonce les délires féministes dans le domaine des sciences. Ça illustre bien que certaines féministes deviennent tellement obsédées qu'elles voient de la discrimination contre les femmes partout, partout, partout.
Alors pour répondre à la question initiale, Mme Giroux, non je ne considère pas tout le mouvement féministe comme un assemblage de folles hystériques. Mais je ne les idéalise plus.
Ce que je pense des féministes, c'est qu'elles exagèrent souvent. Qu'elles font des généralisations à propos des hommes, des femmes et de la société qui sont fausses. Que leur thèse d'oppression systématique des femmes dans notre société est fausse. Que leur vision de la société est fausse. Qu'elles sèment une méfiance à l'égard des hommes qui est elle-même discriminatoire.
Je pense que le féminisme a été un mouvement nécessaire et important, mais qu'il devient de plus en plus dogmatique et toxique. Je pense que ce dont on a besoin dans le Québec de 2014, ce ne sont pas de féministes, mais d'humanistes. Des gens qui dénoncent TOUTES les formes de discrimination envers qui que ce soit et qui font la promotion de l'équité entre tous les êtres humains.
Trop longtemps, j'ai donné carte blanche au mouvement féministe en gobant tout ce qui en sortait comme s'il s'agissait d'une vérité inébranlable. Cette époque-là est finie pour moi. Si le mouvement féministe veut faire tirer des conclusions extraordinaires sur les hommes ou la société, il devra fournir des faits également extraordinaires pour le prouver. S'il s'agit réellement d'une situation discriminatoire, parfait, dénonçons-la. Autrement, s'il s'agit de déclarations gratuites, de simples impressions ou de grossières généralisations, je les dénoncerai.
Cela étant dit, je suis ouvert à vos commentaires et à vos critiques et toutes les lectrices et lecteurs de ce blogue sont invités à faire entendre leur voix. Il est parfaitement concevable que je fasse fausse route. Peut-être que c'est moi qui généralise à partir de mon expérience personnelle. Si je dis des énormités, je souhaite de tout coeur qu'on me rappelle à l'ordre et je me ferai un devoir et un plaisir de lire avec intérêt les commentaires et de réévaluer mes positions, lesquelles sont d'ailleurs plutôt fluides et constamment modifiées à la lumière de mes observations.
Vous ne m'entendrez jamais dire que toutes les féministes sont des folles hystériques.
Mais lorsque certaines d'entre elles font des déclarations débiles, je ne vais certainement pas me gêner pour les dénoncer.
Et vos commentaires, critiques et objections seront toujours les bienvenus.