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Lettre ouverte à Philippe Couillard

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Quand tu en arrives au point où même les chroniqueurs d'un journal fédéraliste pro-libéral critiquent ouvertement le gouvernement de Philippe Couillard pour ses politiques dévastatrices en éducation, tu sais que l'heure est grave. Voici quelques extraits de cette récente chronique de Vincent Marissal dans La Presse:

En 13 ans de chronique, je n’ai jamais écrit une lettre à un élu. J’ai toujours pensé que si un élu veut savoir ce que je pense, il n’a qu’à lire mes chroniques et mettre le chapeau si celui-ci lui fait.

En cette rentrée 2015, je passe toutefois par-dessus mes scrupules pour vous écrire, Monsieur Couillard. 

(...) Votre ministre de l’Éducation, François Blais, dit que ces parents «utilisent» les enfants à des fins politiques. En tout respect, Monsieur le Premier Ministre, je crois que c’est votre gouvernement qui utilise les enfants québécois en répétant, comme un mantra, que vous imposez ce régime d’austérité – euh, pardon, de rigueur budgétaire – pour leur bien.

J’ai beau chercher, mais je ne vois vraiment pas en quoi nous assurerions un meilleur avenir aux enfants du Québec en les entassant dans des classes surpeuplées, dirigées par des enseignantes débordées qui tiennent à bout de bras des écoles décrépites menacées de fermeture à la prochaine visite d’un inspecteur de la Santé publique. Quand ce n’est pas carrément par un ingénieur qui juge que des murs risquent de s’effondrer à tout moment.

Je ne vois pas plus en quoi nous améliorons notre sort collectif en fabriquant aujourd’hui le prochain contingent de décrocheurs, toujours plus nombreux, qui iront grossir les rangs des Québécois largués et abandonnés, en rade, incapables de suivre la marche du bien collectif.

Savez-vous, Monsieur Couillard, combien il faut de temps, à Montréal, pour qu’un enfant jugé « à risque » de trouble d’apprentissage soit évalué par un professionnel ? Au moins 18 mois ! Et ça, c’était avant cette nouvelle ronde de compressions. Pas besoin d’un doctorat en pédagogie pour comprendre la nécessité d’intervenir le plus tôt possible auprès de ces enfants. Si on met 18, voire 24 ou 30 mois – soit deux et même trois années scolaires – avant d’évaluer un enfant, combien en échappera-t-on entre les mailles d’un filet inexistant ?

Bien sûr, les parents peuvent se tourner vers le privé, mais savez-vous, Monsieur le Premier Ministre, combien il en coûte juste pour l’évaluation ? Au bas mot 2000 $. Combien de familles, pensez-vous, ont les moyens de débourser une telle somme ?

(...) Il faut aussi ajouter à la facture les livres (de plus en plus nombreux), le service de garde quotidien, plus les frais de toutes sortes. Dans mon quartier, à Rosemont, les parents ont dû se cotiser l’an dernier pour acheter de l’équipement sportif, dont des cordes à danser, parce que l’école n’avait plus d’argent.

Vous comprendrez, Monsieur le Premier Ministre, que je sursaute chaque fois que je vous entends dire que les services aux élèves ne sont pas touchés.

(...) Le corps professoral et les parents aiment beaucoup l’école publique, mais il y a une limite à ce qu’ils pourront faire pour contrecarrer le désengagement de l’État dans sa mission première.

(...) je m’explique mal qu’un érudit de votre trempe accepte d’affaiblir un système scolaire public déjà mal en point au nom du dogme de l’équilibre budgétaire. Tout ça pour quoi ? Pour offrir de modestes baisses d’impôts aux Québécois quelque part en 2017, 2018, juste à temps pour les prochaines élections ?

Je vous soumets bien humblement, Monsieur le Premier Ministre, que ce jeu n’en vaut pas la chandelle.




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