Extraits de ce fascinant article de Frédéric Bastien:
Depuis que le gouvernement conservateur a annoncé qu’il porterait en appel la décision de la Cour fédérale permettant le port du niqab au moment des cérémonies de citoyenneté, Justin Trudeau accuse Stephen Harper de jouer le jeu de la division et de la peur.
En examinant l’affaire de près, pourtant, on peut retourner cette accusation contre son auteur.
D’abord, le chef libéral a comparé la politique du gouvernement fédéral à celle que le Canada pratiquait face aux Juifs européens avant et pendant la Deuxième Guerre mondiale, alors que des dizaines de milliers d’entre eux tentaient de fuir la persécution du régime nazi.
Les réfugiés juifs ont heurté un mur lorsqu’ils ont voulu s’installer au Canada, qui les a refusés. Cette sombre page de notre histoire a été très bien documentée dans un livre au titre évocateur, None is Too Many (aucun, c’est encore trop) — une expression que Justin Trudeau a reprise à son compte dans ses accusations.
«Nous devrions tous frémir à l’évocation de la même logique qui a abouti à la politique d’immigration “aucun Juif, c’est encore trop” dans les années 1930 et 1940, et qui est reprise aujourd’hui pour susciter la peur envers les musulmans du monde moderne», a déclaré Justin Trudeau lors d’un discours qu’il a donné à l’Institut d’études canadiennes de McGill.
La comparaison s’inscrit parmi les manœuvres d’intimidation intellectuelle auxquelles nous ont habitués les partisans du multiculturalisme. Ceux et celles qui osent s’élever contre cette idéologie sont aussitôt taxés de racisme.
Cette tactique vise à museler toute opposition. Elle s’appuie aussi sur de multiples campagnes prônant la tolérance, l’ouverture à l’autre, la célébration de la diversité, et ainsi de suite. Le tout crée un faux sentiment de consensus et, outre le péché de xénophobie, ceux qui le contestent sont accusés de «diviser» la société.
Ensuite, évoquant la Charte des droits et libertés, Justin Trudeau a affirmé que porter le niqab est un droit. En cela, il s’inscrit dans la même ligne que son père. Et commet les mêmes erreurs.
Au moment du rapatriement de la Constitution, Trudeau père vantait son projet de Charte. Celle-ci allait donner les mêmes droits à tous les Canadiens, reconnaissait notre héritage dit «multiculturel» et devait ultimement unir le pays autour de libertés communes.
Ce libéralisme, défendu aujourd’hui par Trudeau fils dans l’affaire du niqab, illustre pourtant très bien à quel point le Canada est devenu un pays désincarné et sans valeurs communes. Tout le monde devrait pouvoir faire presque tout ce qu’il veut — sauf pour des cas très restreints de sécurité —, du moment que cela puisse être défendu sous l’angle des libertés fondamentales.
Pourtant, une société n’est pas qu’un agrégat d’individus, une somme anonyme de détenteurs de droits chapeautés par une administration désincarnée. En Occident, la conscience nationale façonne des communautés qui se sont constituées en États-nations. Ceux-ci sont porteurs de sens, de symboles et d’une culture commune qui permettent à la population d’adhérer aux institutions politiques et aux règles qui les régissent, même quand ils ne partagent pas les orientations du parti au pouvoir.
Par opposition, plusieurs pays arabes ou musulmans sont divisés en sectes ou en tribus. La ségrégation sexuelle y est souvent forte. Ils ont de la difficulté à séparer le religieux du politique, et leurs habitants peinent à s’identifier à l’État. Leur cohésion en est d’autant plus difficile.
Au nom de la tolérance, c’est ce genre de modèle que Justin Trudeau nous invite à accepter chez nous. Chacun pourra recréer dans son coin ses particularismes, même quand l’égalité des sexes est bafouée. En prônant de telles idées, ce sont les libéraux qui sèment les germes de la division.
Depuis que le gouvernement conservateur a annoncé qu’il porterait en appel la décision de la Cour fédérale permettant le port du niqab au moment des cérémonies de citoyenneté, Justin Trudeau accuse Stephen Harper de jouer le jeu de la division et de la peur.
En examinant l’affaire de près, pourtant, on peut retourner cette accusation contre son auteur.
D’abord, le chef libéral a comparé la politique du gouvernement fédéral à celle que le Canada pratiquait face aux Juifs européens avant et pendant la Deuxième Guerre mondiale, alors que des dizaines de milliers d’entre eux tentaient de fuir la persécution du régime nazi.
Les réfugiés juifs ont heurté un mur lorsqu’ils ont voulu s’installer au Canada, qui les a refusés. Cette sombre page de notre histoire a été très bien documentée dans un livre au titre évocateur, None is Too Many (aucun, c’est encore trop) — une expression que Justin Trudeau a reprise à son compte dans ses accusations.
«Nous devrions tous frémir à l’évocation de la même logique qui a abouti à la politique d’immigration “aucun Juif, c’est encore trop” dans les années 1930 et 1940, et qui est reprise aujourd’hui pour susciter la peur envers les musulmans du monde moderne», a déclaré Justin Trudeau lors d’un discours qu’il a donné à l’Institut d’études canadiennes de McGill.
La comparaison s’inscrit parmi les manœuvres d’intimidation intellectuelle auxquelles nous ont habitués les partisans du multiculturalisme. Ceux et celles qui osent s’élever contre cette idéologie sont aussitôt taxés de racisme.
Cette tactique vise à museler toute opposition. Elle s’appuie aussi sur de multiples campagnes prônant la tolérance, l’ouverture à l’autre, la célébration de la diversité, et ainsi de suite. Le tout crée un faux sentiment de consensus et, outre le péché de xénophobie, ceux qui le contestent sont accusés de «diviser» la société.
Ensuite, évoquant la Charte des droits et libertés, Justin Trudeau a affirmé que porter le niqab est un droit. En cela, il s’inscrit dans la même ligne que son père. Et commet les mêmes erreurs.
Au moment du rapatriement de la Constitution, Trudeau père vantait son projet de Charte. Celle-ci allait donner les mêmes droits à tous les Canadiens, reconnaissait notre héritage dit «multiculturel» et devait ultimement unir le pays autour de libertés communes.
Ce libéralisme, défendu aujourd’hui par Trudeau fils dans l’affaire du niqab, illustre pourtant très bien à quel point le Canada est devenu un pays désincarné et sans valeurs communes. Tout le monde devrait pouvoir faire presque tout ce qu’il veut — sauf pour des cas très restreints de sécurité —, du moment que cela puisse être défendu sous l’angle des libertés fondamentales.
Pourtant, une société n’est pas qu’un agrégat d’individus, une somme anonyme de détenteurs de droits chapeautés par une administration désincarnée. En Occident, la conscience nationale façonne des communautés qui se sont constituées en États-nations. Ceux-ci sont porteurs de sens, de symboles et d’une culture commune qui permettent à la population d’adhérer aux institutions politiques et aux règles qui les régissent, même quand ils ne partagent pas les orientations du parti au pouvoir.
Par opposition, plusieurs pays arabes ou musulmans sont divisés en sectes ou en tribus. La ségrégation sexuelle y est souvent forte. Ils ont de la difficulté à séparer le religieux du politique, et leurs habitants peinent à s’identifier à l’État. Leur cohésion en est d’autant plus difficile.
Au nom de la tolérance, c’est ce genre de modèle que Justin Trudeau nous invite à accepter chez nous. Chacun pourra recréer dans son coin ses particularismes, même quand l’égalité des sexes est bafouée. En prônant de telles idées, ce sont les libéraux qui sèment les germes de la division.