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La vie au primaire

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Préparez-vous pour le billet le plus plate et le plus ennuyant que j'ai publié sur ce blogue depuis sa fondation.

J'avais une rencontre du personnel cette semaine. 

Il n'y a rien de pire qu'une rencontre de maîtresses d'école de primaire. Rien. C'est de la pure torture. Je ne m'y ferai jamais. 

Comme d'habitude, elles ont débattu d'inanités pendant deux heures.

L'amour des règles de ces femmes est ahurissant. Il faut le voir pour le croire. Elles chient des règles pour légiférer à propos de chaque geste que les enfants font ou pourraient peut-être éventuellement faire. Du délire.

Pendant 15 minutes, elles ont discuté de bottes et de souliers. Devrait-on laisser les enfants mettre leurs souliers devant leur casier? Non, ils sont trop tassés et quelqu'un pourrait se faire pousser et tomber! Devrait-on leur demander de prendre leurs souliers et d'aller les mettre ailleurs? Non, le plancher est mouillé, ils auraient les chaussettes trempées. Devrait-on leur demander de les enfiler rapidement et d'aller les attacher plus loin? Mais non, s'il fallait qu'un enfant marche sur ses lacets et tombe! Ils pourraient peut-être attacher leurs souliers dans le corridor qui mène aux casiers? Non, car certains s'assoient par terre et les autres risquent de s'enfarger! Interdisons-leur de s'asseoir! Ils n'ont qu'à s'accroupir! Excellente idée! S'est ensuivi une discussion à propos des endroits où il sera permis d'attacher ses souliers. Je vous l'épargne.

Le nouveau règlement du jour est donc, si j'ai bien compris: "Interdiction d'attacher ses souliers au casier, l'élève doit plutôt les enfiler et aller les attacher plus loin dans le corridor mais sans s'asseoir, ou encore dans le gymnase s'il veut absolument s'asseoir. Les élèves qui n'attachent pas leurs souliers avant d'arriver en classe seront punis."

Et vous devriez voir le zèle avec lequel elles appliquent leur nouveau règlement! Jouissance du pouvoir, vous dites? On est en plein orgasme! Je ne comprendrai jamais comment des gens peuvent jubiler dans un tel climat d'oppression. Vous avez vu Das Experiment?

A suivi une fascinante conversation à propos des ordinateurs portables. Encore une fois, la conversation a été interminable et a disséqué chaque aspect possiblement imaginable à propos de ces ordinateurs, de qui doit ou ne doit pas les brancher dans le chariot, comment ils doivent être branchés, comment ils ne doivent pas l'être, quel fil doit être utilisé avec quel ordinateur, etc. Une enseignante a demandé à la directrice si on pouvait empêcher les suppléantes de les utiliser. Non, a-t-elle répliqué à mon plus grand bonheur: "Les ordinateurs ne vous appartiennent pas, ils appartiennent à la commission scolaire. Les suppléantes travaillent pour la CS et elles ont donc le droit de les utiliser. Il faut cesser de penser que le matériel de l'école vous appartient." Je jubilais, mais mon bonheur fut de courte durée. S'est suivie une pluie de doléances à propos du fait que les suppléantes s'y prenaient mal pour serrer et rebrancher les ordinateurs (ce qui, semble-t-il, constitue un péché très grave). Face à ces protestations, la directrice a modifié sa position pour: "Lorsqu'on est absent, il faut éviter de planifier une période d'informatique à moins que ce soit dans le cadre d'un projet important. Et si on le fait, il faut demander à une enseignante d'aller superviser la suppléante pour que les ordinateurs soient bien branchés."

Apparemment, le principe initial du "tout employé de la CS a le droit d'utiliser le matériel de la CS" ne s'applique plus vraiment 10 minutes plus tard.

Et encore là, je ne vous parle pas de la consigne de la directrice selon laquelle l'accueil des élèves est important et le fait de créer des liens avec eux est un facteur de réussite, MAIS que lorsqu'ils arrivent à l'école le matin, ce doit être le silence complet. C'est logique en esti son affaire! Elle veut qu'on soit accueillant et qu'on crée des liens, mais la première chose qu'elle veut qu'on dise aux élèves à leur arrivée c'est: "Tais-toi!" 

Je vire fou dans ces réunions. S'il me restait des cheveux, je les arracherais. C'est pas des farces, je sens mon cerveau qui se ratatine dans ma boîte crânienne!

À un moment donné, j'ai pris la parole pour donner mon opinion à propos d'une proposition qui visait clairement à limiter mon accès aux ordinateurs portables (l'enseignante qui a mis la proposition de l'avant ne m'a pas nommé, mais c'est tout comme). Parce que oui, je l'avoue, j'ai osé utiliser le matériel informatique dans le cadre de mes cours. Je sais, c'est impardonnable.

Tout le long de mon intervention qui visait à offrir des arguments en faveur de la sauvegarde du système actuel qui est peu contraignant et qui fonctionne très bien, cette enseignante rigolait. Comme une fillette. Ça m'a beaucoup irrité. Alors j'ai laissé glisser un "esti" dans une phrase: "Ce serait vraiment pénible si, à chaque jour, il fallait faire la tournée de toutes les esti de classes de l'école pour demander aux gens s'ils ont l'intention de prendre la période d'informatique qui leur est réservée." La directrice m'a alors rabroué en disant: "Hé! Pas besoin de sacrer!"

Je n'en croyais pas mes oreilles. Il n'y a aucun enfant dans la pièce, on est un groupe d'adultes qui discutent. Je n'ai pas sacré pour insulter ou menacer qui que ce soit, mais simplement pour mettre l'emphase sur un point. Et elle me rabroue comme un enfant? J'ai 42 ans crisse! Je ne suis pas un p'tit-cul à qui on fait la leçon! Et qui est-elle pour venir me dire que c'est pas bien de sacrer? Elle est ma directrice, bordel, pas mon éducatrice! Qu'est-ce que c'est que cette infantilisation des gens? D'ailleurs, pour donner l'exemple du bon-parler, on repassera parce que quelques minutes plus tard, elle a affirmé qu'il ne fallait jamais faire Je-ne-sais-plus-trop-quoi parce que s'il arrive malheur, et je la cite très exactement: "on va être dans la marde." OK, alors si je comprends bien, il ne faut jamais dire "esti" mais c'est correct de parler de "la marde"? Et c'est acceptable de rigoler pendant qu'un collègue parle, mais il ne faut surtout pas sacrer? Apparemment, dans une école primaire où les gens sont des mutants mi-adultes et mi-enfants, ceci est parfaitement logique.

Ces réunions sont de véritables tortures... 

Et dans toutes les écoles primaires où j'ai travaillé, c'est toujours la même crisse d'affaire. C'est le festival des conneries insipides à chaque câlisse de fois. Les grandes questions de fond ne soulèvent aucune passion. Les grands enjeux n'invitent que le silence. Mais soulevez des sujets complètement dénués d'importance comme l'endroit et le moment où les enfants mettent leurs souliers, et là c'est l'hécatombe. Et ça se termine toujours avec de nouveaux règlements toujours plus restrictifs et coercitifs. C'est toujours ça la solution.

C'est tellement petit une école primaire. La plupart des gens qui y travaillent sont tellement petits. Aucune envergure. Des esti de matantes qui sont incapables de réfléchir et qui chient des règles, des règles, des règles toujours plus de règles. Toutes les raisons sont bonnes pour tout interdire. Interdiction de parler, de courir, d'attacher ses souliers, d'aller pisser, de glisser, de grimper, de sourire, d'être différent... interdiction d'être heureux, bâtard! Tous les gestes du quotidien doivent être codifiés, standardisés et contrôlés. Les élèves doivent être encadrés et se montrer soumis et obéissants jusque dans leurs moindres gestes et quiconque ose être un peu différent est publiquement rabroué, pour ne pas dire humilié. Une école primaire, c'est la Corée du Nord.

Je suis tellement écoeuré, tabarnak...

Écoeuré, écoeuré, écoeuré, écoeuré...




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