Imaginez mon intérêt lorsque je suis tombé sur ce roman qui réunit deux de mes sujets de prédilection: l'histoire du Québec et Jack l'éventreur!
Le roman nous plonge dans le Montréal de l'été 1891 et raconte l'histoire de Joseph Laflamme, un journaliste un peu paumé qui écrit occasionnellement pour le journal Le Canadien. Il se retrouvera bientôt mêlé à une série de meurtres sordides commis contre des prostitués montréalaises et qui ne sont pas sans rappeler les attaques sauvages du Ripper survenues à Londres trois ans plus tôt.
Il s'agit d'une lecture généralement agréable, bien que mon intérêt se soit graduellement évaporé avec les chapitres. Je crois que dans ce cas-ci, mes connaissances ont eu un effet délétère mon enthousiasme. Si j'en avais su moins sur l'histoire et sur cet assassin en particulier, j'aurais sans doute eu plus de plaisir à le lire.
Il faut dire que, dès le début du prologue, j'ai subi ma première déception. Gagnon nous y décrit le meurtre de Mary Jane Kelly de la perspective de Jack et, malheureusement, sa description n'est pas toujours fidèle à la réalité. Par exemple, il dit qu'une fois sa sale besogne achevée, Jack "traversa le couloir sombre en silence, descendit jusqu'au rez-de-chaussée et sortit sans croiser âme qui vive." Or, la chambre que louait Kelly était située au rez-de-chaussée et dès qu'on en franchissait la porte, on se retrouvait dehors, à quelques mètres de la rue. Évidemment, ça peut paraître complètement insignifiant comme détail, mais on y devine tout de même un manque d'attention au détail qui est malheureux et qui m'a fait regarder d'un oeil plus critique tout le reste du bouquin.
Pourtant, les premiers chapitres étaient plutôt agréables à lire. Gagnon écrit assez bien et son personnage est intéressant et éminemment sympathique. Ma seule critique à cet égard serait de remettre en question les comportements et les moeurs des personnages qui habitent son livre. Il m'a semblé qu'ils se comportaient parfois davantage comme des modernes que comme des contemporains de la reine Victoria, mais je ne suis pas spécialiste de cette période non plus, alors je peux me tromper. Une chose est toutefois sûre, le bilinguisme de la plupart de ses personnages anglophones, même ceux qui sont Londoniens, n'a aucune base dans la réalité. Je comprends que ce bilinguisme a sans doute aidé à la fluidité du récit, mais en revanche, c'est un choix qui vient, encore une fois, enlever de la crédibilité.
À mesure que le récit progresse, on sombre dans une théorie du complot très semblable à celle concoctée par Alan Moore dans From Hell, à la différence que Gagnon y ajoute des Orangistes et postule l'homosexualité de Jack. Cette dernière est, encore une fois, peu crédible. C'est un fait bien connu que les tueurs en série s'attaquent habituellement au sexe pour lequel ils ressentent de l'attirance. Mais bon...
La fin du roman est également un énorme anti-climax où pendant des pages et des pages, il ne se passe strictement rien à part une interminable suite de révélations qui viennent tout expliquer, tuer tout le mystère et finir d'éteindre complètement mon intérêt. J'ai même sauté des pages.
Bref, pas un mauvais roman en soi, mais disons que dans ce cas-ci, pour mieux l'apprécier, "ignorance is bliss" comme disent les Anglais! Parce que plus on en sait sur cette époque et ces événements, moins on embarque dans l'histoire...