Si vous avez lu mes billets dernièrement, vous savez que je me retrouve à nouveau dans la mire de collègues qui ont décidé de me faire du tort. C'est la troisième école dans laquelle je travaille et je suis de nouveau là, impuissant, à voir une bande de maudites maîtresses d'école développer cette habituelle animosité à mon égard, multiplier les plaintes à la direction, colporter des médisances à propos de moi et salir ma réputation. Le même esti de cirque habituel qui se répète inlassablement.
Sauf que cette fois-ci, il y a quelque chose de différent. J'ai une taupe.
Ces derniers mois, je me suis lié d'amitié avec ma collègue immédiate de quatrième année, une jeune enseignante hyper-sympathique que nous appellerons Juliette. Comme moi, elle est nouvelle à cette école. Nous sommes arrivés en même temps. Je lui ai raconté ce qui se passe et sa réaction a été immédiate et sans équivoque: c'est de la pure mesquinerie. Elle me fait preuve d'un appui qui ne cesse de m'étonner, tant je ne suis pas habitué à ça.
Pour elle, la situation est claire: "Elles ne t'ont jamais donné une chance", "Elles sont incapables d'accepter qu'il est possible de travailler différemment d'elles", "Ce sont des folles", "Pas surprenant qu'il y ait si peu de gars qui enseignent au primaire", "Elles te traitent comme ça parce que tu es un homme", etc.
Ses jugements sont encore plus sévères que les miens. Parce qu'à l'usure, à force de me faire traiter comme étron depuis des années, je ne peux pas m'empêcher de me demander si tout ça n'est pas de ma faute, finalement, si je ne cherche pas le trouble sans m'en rendre compte...
Mais pour Juliette, qui est un témoin privilégié et qui est aux premières loges depuis le début, c'est de la foutaise. À son avis, je n'ai absolument rien fait pour provoquer cette animosité grandissante.
Évidemment, moi je l'écoute avec une espèce d'énorme sourire dans la face. Je croyais vraiment que j'étais en train de perdre la carte, là. T'sais, quand tu te retrouves toujours dans des situations semblables et que tu deviens inlassablement la bête noire de tes collègues, c'est à devenir fou.
L'opinion de Juliette est particulièrement intéressante parce qu'elle a entendu de nombreux commentaires qui ont été formulés à mon égard par mes merveilleuses nouvelles collègues. Et ce qu'elles me reprochent, c'est juste de la connerie. Je n'enseigne pas comme elles et ça les fatigue. Ma classe est trop bruyante. Les casiers de mes élèves sont en désordre. Je suis trop différent. L'une d'elle m'a vu mettre les pieds sur mon bureau, choquant! Je dîne toujours dans ma classe. Juste des esti de niaiseries comme ça, exactement ce à quoi on pourrait s'attendre d'une bande de petites pétasses superficielles qui ont conservé intacts tous leurs plus méprisables attributs d'adolescentes mesquines et bitches.
Des petites charognes.
Cette semaine, j'ai dîné avec Juliette deux fois. La première fois, c'était purement pour travailler. Comme on s'entend si bien et qu'elle veut m'aider à contrer les futures allégations malveillantes, on a décidé de collaborer plus étroitement et de s'arrimer davantage avec nos tests et nos activités. De cette façon, la prochaine fois que le directeur me reprochera de ne pas être un joueur d'équipe, j'aurai un argument de taille pour me défendre.
La deuxième fois, c'était aujourd'hui, et là c'était juste pour jaser. Elle m'a raconté que, la dernière fois que je suis sorti de sa classe après notre petit meeting d'arrimage, elle a été approchée par une des pétasses qui lui a demandé, en parlant de moi: "Est-ce qu'il va bien?" Elle lui a répondu que j'allais plus ou moins bien, espérant que l'autre connasse réalise que leurs manigances m'affectaient. Mais la tarte aurait répondu un truc du genre: "Pas facile de travailler avec quelqu'un qui ne va pas bien." Selon elle, il ne s'agissait pas du tout de sollicitude, bien au contraire. Elle dit que ce qu'elle sous-entendait, c'est que je ne suis pas bien psychologiquement et que je ne devrais pas être autorisé à enseigner.
Ben oui. Après seulement quatre mois, voilà que mes collègues m'ont pris en grippe au point de jouer à me psychanalyser, à remettre en question ma santé mentale et ma capacité de faire ma job. Leurs preuves sont, comme d'habitude, inexistantes. Mais elles se crêpent le chignon l'une et l'autre et l'escalade se poursuit. C'est comme ça que ça marche.
Hallucinant.
Pis comme le directeur est une espèce de petit nabot libidineux qui leur reluque le cul lorsqu'elles ont le dos tourné et qui est incapable de leur dire non quand elles viennent lui faire des beaux yeux et se brasser les boules dans son bureau, elles l'ont complètement dans leurs poches. Prometteur...
Alors qu'est-ce qu'un gars peut faire? Ne pas s'occuper de ces petites chiennes, les laisser le salir à souhait dans son dos, se concentrer sur sa job et sur les élèves qui sont mis sous sa tutelle et décrisser de cette école au plus vite? Regardez où ça m'a mené la dernière fois!
Ou encore, me virer de bord et commencer à jouer à leur petit jeu, descendre à leur niveau, commencer à leur chercher des bibittes et aller me plaindre à la direction. Le simple fait d'évoquer cette possibilité me soulève le coeur. Et comme je suis dépourvu de seins, ça ne marcherait pas de toute façon.
Peut-être que, cette fois-ci, avec ma taupe qui entend et voit ce qui se passe et qui semble déterminée à me soutenir et à prendre ma défense si la situation continue à dégénérer, le résultat final sera différent.
Ma vie professionnelle, qui semble déterminée à être une étude scientifique approfondie des bas-fonds gluants et glauques où aiment se prélasser tant de membres féminins de notre espèce, se poursuit...