Cette BD est la suite de celle-ci.
L'un des aspects les plus intéressants des comic-books américains est également une vraie malédiction.
Je parle de la continuité.
Ce qu'il y a de bien avec cette dernière, c'est qu'au fil des mois et des années, les auteurs tissent peu à peu un gargantuesque univers peuplé d'un très grand nombre de personnages fascinants et complexes. Les persos et les relations qui existent entre eux évoluent également, ce qui représente une richesse extraordinaire pour le lecteur curieux.
Le problème avec la continuité, c'est qu'aucun changement majeur ne peut être permanent. Tu peux faire crever un personnage par exemple, mais tôt ou tard, dans la plupart des cas, il doit revenir à la vie parce que ses fans en redemandent. Tu peux détruire New York, mais il faudra reconstruire la ville avant longtemps. Dans le cas qui nous intéresse, tu peux même faire sauter la Terre! Mais tu dois ensuite trouver un moyen de rétablir le statu quo parce qu'il faut bien continuer à publier les aventures de Spider-Man le mois suivant.
Cette histoire est un bon exemple de cette malédiction. Le comic précédent nous a servi une histoire épique, remplie de rebondissements ahurissants qui sont venus complètement éclater le statu quo. Les personnages ont été irrémédiablement changés. Certains sont morts héroïquement, d'autres ont subi des blessures terribles et la planète toute entière a été anéantie. Et maintenant, il faut reconstruire tout ça et retourner à la case départ.
L'histoire commence plusieurs années après la fin de la précédente. Les mutants sont maintenant établis sur leur propre planète qu'ils ont baptisée Planet X. Ils ont construit une civilisation idyllique et technologiquement très avancée. Pour bien protéger ce paradis, un barrage à tachyons a été mis en place pour empêcher à tout voyageur temporel de se pointer. Entrent alors en scène Havok et Wasp, deux des rares survivants de l'histoire précédente, qui sont maintenant un couple et les parents d'une adorable petite fille. Ils entreprennent d'attaquer le barrage à tachyons et réussissent à le neutraliser, malgré tous les efforts de Magneto et de son unité d'intervention d'élite, X-Force.
Une fois le barrage détruit, Kang fait son entrée accompagné des personnages à l'éthique douteuse qu'il a recruté à travers le temps, dont le Docteur Doom de l'an 2099, la Venom de Earth X, Stryfe, Ahab et le Iron Man de l'an 2020. Seul véritable héros qui s'est allié à Kang, Thor est là, rongé par la honte d'avoir été incapable de sauver la Terre et bien déterminé à corriger son échec. La cohabitation entre tout ce beau monde ne se fait pas sans heurts et Havok est particulièrement méfiant des véritables intentions de Kang. Pour lui forcer la main, ce dernier kidnappe sa fille et promet de la rendre à ses parents une fois la Terre restaurée.
Les forces de Kang affrontent donc les mutants et en sont victorieux. Pour des raisons qui m'apparaissent floues, il leur est impossible de reculer dans le temps avec leurs corps, c'est donc leur conscience qui est projetée à travers les années jusque dans leurs corps tels qu'ils étaient peu avant la destruction de la Terre. Thor, Havok, Sunfire, Wolverine et Wasp seront donc les seuls à conserver le souvenir de ce qui s'est passé. Une fois de retour dans notre présent, ils s'empressent de modifier le cour des événements afin de sauver la planète. Rogue absorbe les pouvoirs de tous les héros présents et se lance à l'assaut du Celestial.
Évidemment, le plan ne se déroule pas exactement comme prévu et ils découvrent rapidement qu'ils ont tous été manipulés par Kang qui souhaitait s'emparer des pouvoirs du Celestial et devenir le conquérant de l'univers. Les héros arriveront in extremis à mettre fin aux aspirations de Kang, mais le prix sera très élevé. En effet, Havok et Wasp ne retrouvent pas leur petite fille qu'ils croient morte. Il y a fort à parier qu'elle refera surface à un moment donné. Rogue, quant à elle, réussit à rendre leurs pouvoirs aux héros... sauf pour Wonder Man qui semble avoir été complètement absorbé et dont les pensées envahissent celles de Rogue.
Ce n'est pas une histoire désagréable, bien au contraire. Mais cela reste tout de même une source de frustration puisque tout ce qui s'y passe a pour objectif d'effacer ce qui s'est passé avant. C'est un peu un anti-climax. Les dessins sont toutefois très réussis et le récit n'est pas dénué de rebondissements intéressants.
Autre détail con, je sais, mais lorsque Iron Man rencontre le Iron Man de 2020, il l'appelle Arno. Or, comment peut-il savoir cela puisqu'ils ne se sont, à ma connaissance, jamais rencontrés auparavant? Quand on établit une continuité complexe, il faut faire attention pour ne pas se contredire, c'est la moindre des choses.